Andrès
Grégorio Uros, né
à
Sidi-Bel-Abbès en un lieu sans doute idylique pour s'appeler
le Mamelon des Palmiers. Il vit le jour le 29 novembre 1899, de
José Uros, journalier et Isabel Paudo. Ce couple, avant
d'émigrer en Algérie, s'était
formé
à Bacarès, Alméria, le 19 mai 1898. Les cheveux châtain clair, ouvrant des
yeux verts sur le monde, Andrès
fut mobilisé en 1918. Affligé d'une cataracte
traumatique
à l'œil gauche, il fut bientôt
versé aux
services auxiliaires mais, jugé "apte à tous les
fronts",
Andrès fit donc campagne contre l'Allemagne avant
d'être
affecté plus de deux ans au Maroc. En février 1921, on
le renvoya dans ses
foyers, à Arbal. En 40, c'est à sa
demande qu'il rejoint de nouveau l'armée
française. On le
retrouve alors au sein du prestigieux 2e
régiment de Spahis, ces fiers cavaliers dont la cape
rouge se détachait, hiératique, sur des paysages
dorés de soleil.
Démobilisé le 25
septembre
suivant, il se retira 4, avenue du Dr-Strass, faubourg Gambetta.
Andrès fut d'abord maçon
puis tonnelier. Il épousa le 27 mai 1922 à
Saïda :
Incarnación Pinilla, née
à
Boukhanéfis (Oran) le 25 mai 1892
de Ramon Pinilla-Bartholomé, journalier et Maria Antonia
Ximénès qui accouchait à 43 ans.
Parvenue à l'âge de 40 ans,
Incarnación
dut
être hospitalisée en France
et décéda à Niort le 15
juillet 1932.
2)
Les parents
José
Pascual-Fernandez, né le 26
février
1914 à Melilla (enclave espagnole au Maroc relevant de la
province de Malaga), décédé
à Biscarosse en
2012 à 97 ans.
A l'autre bout de sa longue vie, José était
encore
nourrisson quand ses parents émigrèrent du Maroc
espagnol en Algérie
française.
A
24 ans, alors qu'il
était forgeron et demeurait chez ses parents, rue
Charcot, il épousa le 19 mars 1938 :
Renée
Marie Uros-Pinilla, née
à
Sidi-Bel-Abbès (Oran), rue Biancourt, le 20
février 1912 et déclarée en mairie par
sa mère, Incanación
Pinilla. Veuf,
Andrès Uros était
présent au mariage de sa fille. Les parents du
marié
aussi, José Pascual père exerçant
alors le
métier de sandalier.
3)
Les enfants
Joseph,
né le 5 janvier 1936, Renée,
le 17 février 1937, tous deux nés rue Charcot
à Oran. Puis rue Arloing viendront Liliane,
le 15
novembre 1938. Roger,
le 20 octobre 1940, Yvette
le 10 juin 1944, Jeanine,
le 16 mai 1947, Paul,
le 13 juin 1949 et enfin Christiane
le 26 avril 1952.
José
et Renée Pascual, unis pour le meilleur et pour... la paella
!
Ici, un dimanche à Canastel, au bord de la mer.
Mais il est temps de
céder la parole à Yvette qui nous conduit
à l'école oranaise...
Ali-Chekkal
Avant
d’évoquer le lycée, je me souviens de
ma scolarité à
Montplaisant. Pas des voisines de classe dont je n’ai pas
gardé
le souvenir précis, mais de l’ambiance, des jeux
dans la cour, de
l’attente de la maîtresse, en rang chahuteur devant
la porte
fermée de la classe….
J’ai en
mémoire une maîtresse que je
crois avoir eue en dernière année. Elle
était gentille et vraiment
belle. Une allure calme quand elle se déplaçait,
une attitude
empreinte de douceur avec les élèves que nous
étions, Elle avait
des cheveux châtains qu’elle torsadait en un
chignon souple, posé
sur le début du cou. Je l’aimais et elle me le
rendait bien, c’est
vraiment cette impression que j’en ai gardée. Je
ne sais pas si
elle existe encore, tant d’années sont
passées, mais où qu’elle
soit, ici ou ailleurs… je lui adresse une pensée
émue.
Yvette,
petite à Gambetta, 4e en haut à
gauche (entre les
garçons). Jeanine, ma sœur, 2e rang en bas, 2e
à côté de
la fillette au ruban blanc. (Cliquer pour agrandir)

La classe des Moyens...
|

....
et des plus grandes
|
Seul petit document de
scolarité
à Montplaisant.
|
Ensuite
la deuxième phase que j’ai aimée dans
cette scolarité chaotique à l’image des
événements, c’était
Ali-Chekkal.
Je
ne crois pas que beaucoup de copines pouvaient se targuer
d’habiter
aussi près du lycée.
EGA
et Ali-Chekkal étaient mitoyens par un mur qui les
séparait. Et
malgré cette proximité,
j’étais assez souvent une des dernières
arrivées, j’attendais la sonnerie et je devais
accélérer le pas,
voire courir, le long du mur avant d’atteindre la porte
d’entrée.
|
J’avais
de l’allure avec mon petit cartable ou alors mes affaires
sous le
bras. Je pouvais me le permettre, je n’avais pas loin
à aller. Ma
mère était folle lorsqu’elle me voyait,
j’ouvrais grand le
placard de la chambre des filles où mes affaires scolaires
étaient
rangées pour chercher à toute vitesse le livre
qu’il fallait en
regardant d’un œil le cahier de texte et encore
quand je ne
revenais pas sur mes pas pour encore chercher un truc
oublié…C’était
exactement ça par moment !
|
2
février 1957. Le
lycée
Ali-Chekkal. Au loin, Santa-Cruz...
|
J’avais
de très bonnes capacités, mais un peu cossarde
parce j’aimais
trop la rue et donc je faisais tout au dernier moment.
|
 |
Combien
de soirs j’ai squatté les toilettes pour
réviser une compo et pour
ne pas gêner le sommeil des grands, ou alors dans la cuisine,
porte
fermée. Pour
excuse, je dois dire qu’il faisait toujours trop beau, et
quand je
me mettais à travailler, j’entendais, de ma
chambre, les autres en
bas dans la cour, qui jouaient ou discutaient, et donc je ne pouvais
pas résister, je laissais livre ou cahier, et je descendais
quatre à
quatre les escaliers pour les rejoindre.

En
4e, année 58-59, Yvette est en haut, première
à gauche. Collection
Renée et Christiane Cerda, reproduite sur le site Oran des
années 50.
Ont été identifiées 1 Marie
Thérèse Fournier, 2 Mimouna Hassan, 3 Annie
Soriano, 4 Simone Dahan, 5 Adjila Benamar, 6 Josette Pasyor, 7
Claudette Juan, 8 Alberte Boiy, 9 Marie-Anne Lacombe, 10 Denise
Judicielli, 11 Marie-Louise Genet, 12 Daniele Lebrun, 13
Michèle Havas,
14 Christiane Cerda, 15 Simone Garcia, 16 Renée
Brun, 17 Hélène Hassan,
18 Yasmina Bouazouza, 19 Fatima Aoudjh, 20 Marie-Antoinette
Goreta, 21
Marise Darmon, 22 Nicole Bourgeois, 23 Charlette Plantalat, 24 Miaza
Primodesta, 25 Daniele Oustri, 26 Annie Ruvira, 27 Fanny Lasri, 28
Marie-Paule Palombo, 29 Hélène Frida, 30 Yvette
Pascual, 31 Anne-Marie
Lubrano, 32 Marie-Claude Benaouda, 33 G Sananes, 34 Charbitre, 35
Michèle Braemi, 36 Paule Monot, 37 Colette Baseunana, 38
Marie-Noëlle
Bryn.
Pour
parler des livres, rien n’a changé, on ne les
consultait pas des
masses, tout comme nos jeunes actuels, dont les livres restent neufs,
faute d’avoir été souvent
feuilletés.
Dans
ce lycée, avec les filles de mon âge, nous avons
vécu une première
adolescence heureuse, vraiment heureuse.
Ce
grand établissement était moderne comme on ne
peut l’imaginer.
Tout y était conçu, pour une réussite
exemplaire.
J’adorais
le dessin, la bio, la musique, la couture et encore plus, par-dessus
ça, le sport avec sa salle où on se
déshabillait en discutant et
se marrant, c’était la
récré… et le prof devait nous brusquer
en nous ramenant à l’ordre d’un coup de
sifflet strident !
Je
m’éclatais en sport, j’étais
vraiment douée. Je faisais de
tout, j’étais engagée dans
l’athlétisme…la course, le
lancé
de poids, le grimpé de corde, le saut ! J’aimais
tout. En sport
collectif je faisais du handball. J’ai d’ailleurs
une anecdote
quant à ce sport. On passait la visite médicale
au Lycée, et le
docteur m’avait dit, tu es trop maigre, il faut trop courir
dans ce
sport…j’ai vraiment ça en
mémoire, je ne sais plus du coup si
j’en avais été
empêchée de faire du hand.
Certaines
matières enseignées me plaisaient aussi, le
français, la poésie,
et encore l’histoire géo…quand je les
travaillais !
En
première langue j’avais l’anglais, je
m’en sortais assez bien,
à condition d’apprendre évidemment. En
4ème quand il a fallu
choisir une deuxième langue, mon cher Père a
voulu que je prenne
l’arabe. J’avais beau lui dire que
l’espagnol serait
préférable, puisque je le parlais,
j’avais essayer de défendre
mon point de vue, sans le convaincre…Non, et je me souviens
de ces
mots «
l’arabe te sera plus utile.. » tu
parles ! Donc va pour
l’arabe.
«
Et donc on apprenait l'arabe...» |
|
Mais,
s’il y a deux matières pour lesquelles,
malheureusement, je
n’étais pas douée, ce sont les maths et
ensuite l’arabe.
Les
maths je les travaillais, je demandais de l’aide, mais sans
vrai
succès et l’arabe, je
l’écrivais super bien, pour ça pas de
problème mais le reste, ouf, dur, assez dur…En
extérieur, chez
eux, certaines copines le parlaient un peu, moi vraiment pas du tout.
A l’EGA je ne me souviens pas avoir entendu des copains
discutant,
même un peu, en arabe. |
Et
donc, comme toute chose qui marque, là aussi je me souviens
très
bien du prof d’arabe. Elle semblait
âgée, je me rappelle d’une
petite bonne femme, maigrichonne, portant un chignon sur la nuque et
habillée d’une jupe plissée,
qu’elle remontait tout le temps
!!!! Ah aussi un pull posé sur ses épaules, une
voix à fort accent
et une façon de tenir ses mains serrées ou doigts
croisés.
Et
donc cette 4e où on apprenait l’arabe
était en majorité
composée d’élèves
musulmanes. On s’entendait bien, et surtout
on dansait, quelquefois, pendant les interclasses. C’est
là que
j’ai, un peu, appris à taper le rythme sur les
tables et à bouger
comme elles. Quel bonheur !

|
On
discutait aussi beaucoup, pendant la pose du matin ou de
l’après
midi, je ne me souviens plus à quelle heure cela avait lieu,
on
s’asseyait par terre, ou sur un bord de trottoir et on
tchatchait.
Et
à nouveau un souvenir flash d’une discussion, car
ce sont elles,
les copines musulmanes qui nous ont appris le fameux soir du mariage
chez eux et le symbole de la virginité. Vous parlez
d’une affaire
à l’époque. Chacune nous
échangions certaines petites choses, oh
! si peu ...
Eh
oui, les jeunes filles parlaient de sexualité aussi. Faute
de
pratiquer, on apprenait !!!
Yvette à Canastel.
Elle a 16 ans !...
|
On
changeait souvent de classe, les profs, eux, ne bougeaient pas. Il
fallait regarder le tableau à l’entrée,
juste à droite. Sur la
gauche, c’était les bureaux de la direction du
lycée, donc, sur ce
tableau, on cherchait nos salles, on ne disait pas classe, et ensuite
on grimpait les marches et on galopait dans les couloirs.
On
chahutait aussi un peu… Par contre, quand
c’était un jour de
compo, plus de bruit… le stress était palpable.
Ce
stress on le retrouvait en fin d’année quand on
consultait les
panneaux avec les résultats, passera, passera
pas….
En
sortant des cours, à quelques-unes on allait faire la queue
au
kiosque à bonbons, juste au tournant à gauche.
Cette dame-tronc,
oui elle était toujours assise, était gentille
comme tout. Elle
vendait de tout, réglisses, caramels, piroulis sur un petit
bois de
vives couleurs vert, rouge et jaune aussi je crois,
délicieux et que
l’on suçait… des petites boites en
forme
de dominos avec de tout
petits cachous, on en versait plusieurs dans la bouche et cela
arrachait !!! et plein d’autres choses, des
gâteaux aussi…..
Comme
je n’avais pas beaucoup de route pour revenir chez moi,
j’attendais
le car avec les copines qui devaient le prendre ou alors je faisais
un brin de conduite avec une autre avec laquelle je
m’entendais
super bien.
J’ai
vu aller avec les copines jusqu’à la place
des Victoires, ou alors
sur le front de mer pour raccompagner, après avoir
été prévenir
vite fait ma mère que j’allais me promener un
peu…

Promenade
le long
du front de mer. Surtout le soir...
Voilà
quelques petits moments vécus avant les
événements plus graves qui
ont fait que ce lycée fut occupé par
l’Armée. J'étais alors en 3e. Ma
scolarité s'arrêta là avec
l'arrivée des militaires...

Je
me souviens les avoir vus, par les fenêtres qui donnaient sur
l’EGA,
nous faire des signes avec une ou deux bestioles
naturalisées et
trouvées en salle de sciences ou bio, je ne sais plus
…
Et,
toujours pour l’anecdote, quelques jeunes troufions venaient
sur le
mur de séparation lycée/EGA, pour discuter
avec les filles.
De
même, on se faisait siffler ou envoyer quelques paroles,
quand
on
longeait le mur du lycée pour aller faire les
courses…
Près du mur de
séparation...
Comme
toutes les constructions faites avant, ce collège, devenu
lycée, a
toujours fier allure !!!
Yvette PASCUAL.

En
1982, devant le
lycée, ma sœur Jeanine et ses
deux enfants.
Pour suivre : E.G.A.
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