Longtemps,
très longtemps, Yainville et Le Trait ne
formèrent qu'une seule et même paroisse.
Même si les deux territoires étaient distincts sur
le plan civil. Au Trait, en l'an 1150, furent
édifiées les chapelles Saint-Nicolas et de
Saint-Martin. Simon, Comte d'Évreux et son épouse
Mathilde étaient alors les seigneurs de ces lieux. Ils
firent don de ces chapelles aux moines de l'abbaye et ces deux
édifices devinrent les annexes de l'église
d'Yainville. Une hiérarchie que les religieux allaient faire
respecter avec un esprit sourcilleux. Les moines furent ainsi patrons
de la chapelle Saint Nicolas et les seigneurs du Trait patrons de la
chapelle Saint Martin. Mais celle-ci disparut du paysage assez
rapidement.
Datée
de 1884, cette reproduction du Christ de Linni est due aux pinceaux
d'Arthur Barnouvin.
En ces temps-là, le curé de Yainville est donc flanqué d'un chapelain qui dit simplement la messe dominicale au Trait. Pour le reste, le centre de la paroisse, c'est l'église Saint André.
Une successions de procès
En
1240, l’abbé Guillaume va faire
obéissance à l’archevêque de
Rouen. On se plaignit que son archidiacre avait entrepris la visite des
trois églises de la péninsule et exigé
de leurs curés un droit de procuration dont ils avaient
toujours été exempts. Pierre de Colmieux soutint
avec force que ces pasteurs n’avaient d’autre
supérieurs que l’abbé de
Jumièges , le pape ou
l’archevêque en certains cas. Une sentence de
septembre 1240 exempta les trois curés du droit de
gîte de l’archidiacre mais Jumièges lui
devrait vingt sols, Yainville 12, et le Mesnil 8 à chaque
visite. Bien que l'abbé demeura le seigneur-patron de la
paroisse, les curés de la péninsule furent
dès lors soumis à l'autorité de
l'archevêque de Rouen et l'archidiacre vint
désormais procéder
régulièrement à la visite canonique.
En 1251, on trouve mention de Henrico, rectore S. Andrae de Yainville.
En 1317, Jean de Melun, nouvel homme fort du Trait et sa femme Jeanne de Tancarville, disputent aux moines de Jumièges le patronage de la chapelle du Trait, annexe de l'église d'Yainville. Ils doivent se plier devant les documents fournis.
1434 : le curé d'Yainville est Robert de Caux

14 novembre 1485. Acte de visite du vicaire général de l’archevêque en la paroisse d’Yainville duquel il résulte que les paroissiens dudit lieu reconnaissent que toutes les grosses dîmes appartiennent aux religieux de Jumièges.
Le 23 novembre 1512, l’abbaye accorde à Saint-Nicolas du Trait des fonts baptismaux et un cimetière. Les curés y font résidence. Désormais, les pouillés de l’archevêché indiquent le nom du Trait-Yainville. Renversement de tendance. A cette occasion, le comte de Laval, alors seigneur du Trait, reconnaît par écrit que cette chapelle appartient bien aux religieux de Jumièges. Il renonce donc à toute prétention sur ce lieu. Le fermier du passage y sculpte, en 1536, un curieux banc de bois.
Une confrérie
28
novembre 1513 approbation des statuts de la confrérie de
Notre Dame et de Saint-André, instituée ou
fondée dans l'église Saint-André de
Yainville du doyenné de Saint-Georges. 30 s. On perd
ensuite la trace de cette confrérie.
En
1522, Guillaume de Miremont est curé de Yainville. Il baille
pour sept ans l'église de Tractus-Yanvilla
à Guillaume Le Roy, prêtre de cette chapelle.
L'an
1544, le cardinal de Ferrare, abbé commendataire, abandonna
aux moines les 6 livres tournois de pension annuelle qu'il percevait
sur l'église de Yainville et celle du Trait.
La
cure de Yainville était alors passible de redevances envers
l'abbaye qui, en contrepartie, reversait une pension annuelle au
curé. Quand ils payaient. Vers 1596, le bailli de Rouen
condamna l'abbé a verser au curé de Yainville un
arriéré de 80 livres.
L'an
1598, l'église Saint-André était une
annexe de
celle de Saint-Valentin, à Jumièges. A ce titre,
elle
était redevable envers les moines de 20 livres tournois,
quatre
chapons et un porc. Vicaire perpétuel de Yainville, le
curé Roger Le Clerc décide ne plus rien reverser
aux
religieux. Le Clerc se prétend possesseur des grosses
dîmes, fruits et excroissances en provenance du
dîmage de
la paroisse de Yainville. Il perd son procès. Mais, par
décret du 3 août 1599, les moines consentent
à lui
verser une somme d'argent pour les dimes. Sa pension annuelle fut
portée à 60 livres.
Nicolas Lecauf et Robert Le Roy sont les autres prêtres connus de ce lointain XVIe siècle.
Le 9 juillet 1647, le parlement de Rouen ordonne que Maître Michel Delarue, vicaire perpétuel de Saint-André de Yainville et de la chapelle du Trait jouisse seul et pleinement des dîmes du Trait. Les moines intentent un procès et, le 30 septembre 1649, ramènent Delarue à la portion congrue, 200 livres pas an, à charge pour ce dernier d’abandonner aux religieux tout le revenu qu’il possède en la paroisse d’Yainville et du Trait.
Ils exigent aussi que Delarue porte le titre de curé de Yainville-Le Trait et non pas Le Trait-Yainville.
19 février 1652. Transaction par laquelle les religieux de Jumièges consentent que ledit de La Rue jouisse des grosses et menues dîmes dans l’étendue du Trait, à la réserve du trait de dîme nommé Gravenchon.
Une querelle de clocherToutes
confirment que les églises de Yainville et du Trait comptent
parmi les restitutions et donations faites à l'abbaye.
D'autres documents appuient encore cela, comme nous le verrons plus
loin. Les paroissiens d'Yainville et leurs trésoriers
avaient aussi obtenu une sentence selon laquelle le curé de
Saint-André, aussi chapelain de Saint-Nicolas, se devait de
dire la messe et le service divin à Yainville les jours de
Pâques, Pentecôte, Toussaint et fête du
patron et d'enjoindre les paroissiens du Trait à y assister.
Bref, un arrêt du parlement de Toulouse donne raison aux
religieux en 1656. Mais du Fay s'entête.
Certes, il ne peut que renoncer au droit de présentation. Mais il revendique des droits honorifiques en qualité de seigneur châtelain et haut justicier du Trait. Pour cela, le hobereau se livre à un grossier subterfuge. Il prétend que la chapelle de Saint-Nicolas n'est autre que celle de Saint-Martin, alors disparue. Les documents attestent ainsi qu'il en est la patron en tant que lointain successeur du Comte d'Évreux, son fondateur. Dans ses aveux, du Fay se qualifie sans scrupule de patron honoraire de Saint-Nicolas. A la chapelle, il fait remplacer l'image de ce saint par celle de saint Martin, appose des inscriptions revendicatives, grave ses armoiries... jusque sur la queue du coq, là-haut, sur le clocher! Il fait même peindre une litre funéraire tout le long du mur, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'église. Bref, il agit comme aujourd'hui un malfrat maquillerait une voiture volée. Alertés, les religieux font dresser procès-verbal et condamner du Fay en 1661. Voici un factum de ce procès traduit du vieux français.
L'église vue par John Sell Cotman au XIXe. Proportions fantaisistes, absence de ferme-manoir...
"Il
est constant au procès que lesdits religieux de
Jumièges sont patrons, présentateurs,
curés primitifs et décimateurs de la paroisse
d'Yainville et de l'église de S. Nicolas du Trait, son
secours et annexe. Cela paraît
- Par
la charte de Richard Duc de Normandie, de l'année 1027, par
laquelle il se voit que le dit Richard a donné, remis et
restitué entre autres biens à ladite abbaye de
Jumièges le lieu d'Yainville et du Trait, com omnibus
appenditus et juribus dont lesdits religieux jouissent encore
à présent.
- Par
un acte de désistement fait en l'année 1317, par
Jean de Melun, Vicomte dudit lieu et Jeanne de Tancarville, sa femme,
par lequel il se voit qu'ayant formé opposition aux droits
de patronage qui appartenaient auxdits religieux de Jumièges
en ladite église de S. Nicolas du Trait après
avoir vu leurs titres, ils se désistèrent de
ladite opposition et renoncèrent auxdits droits,
reconnaissant n'en avoir aucun.
- Par
un acte notarié donné en l'année 1431
par tous les habitants de Sainte-Marguerite et autres lieux
circonvoisins de ladite paroisse d'Yainville et du Trait sur quelques
"differens meus" touchant ledit secours de S. Nicolas par lequel il est
accepté et reconnu que les villages d'Yainville et du Trait
ne sont qu'une même paroisse, s'estant toujours
pratiqué que ceux qui prenaient naissance au Trait
étaient baptisés à Yainville et y
recevaient les sacrements, ladite église ne lui servant que
de secours.
- Par
les aveux rendus au Roy par lesdits religieux de Jumièges de
tous leurs biens, seigneuries, églises et
prieurés, entre lesquels la baronnie de Jumièges
et les patronages de ladite paroisse d'Yainville et de Saint Nicolas du
Trait son secours sont expressément
dénommés et compris.
Et
finalement par des présentations continuelles que lesdits
religieux de Jumièges ont faites de toute
ancienneté à ladite paroisse d'Yainville et de S.
Nicolas son annexe lorsque ces églises sont venues
à vaquer.
Au
préjudice de quoi, ledit sieur Comte de Maulevrier ayant
voulu usurper depuis quelques années le patronage de ladite
église de Saint Nicolas du Trait qui, vraisemblablement a
été construite et bâtie par lesdits
religieux de Jumièges pour servir de secours à
Yainville, ou du moins s'en dire le patron honoraire. Voici de quelle
manière il a voulu colorer son entreprise et usurpation.
Premièrement, il a attaqué les habitants dudit
lieu du Trait et, sous prétexte de cette qualité
de patron qu'il s'était attribuée, a voulu les
obliger à de nouvelles reconnaissances, mais ayant
plaidé au parlement de Toulouse, par arrêt
contradictoire dudit parlement du 27 septembre 1656,
défenses lui ont été faites de se dire
ni qualifier patron dudit lieu du Trait".
En 1662, Du Fay repart à la charge. Cette fois, il conteste le droit de pêche des moines dans les eaux longeant le Trait. Pour lui, ces droits s'arrêtent à Yainville, au Nouveau Monde, limite de la seigneurie de Jumièges. Les moines n'eurent aucun mal à lui exhiber des parchemins montrant que leurs droits de pêche s'étendaient même bien au-delà du Trait, à Bliquetuit. Du Fay se plia encore une fois, faisant simplement reconnaître aux moines qu'ils n'avaient nul droit sur ses terres. Ce qui était vérité de La Palisse. Finalement, les moines finirent par reconnaître des droits honorifiques à du Fay. Simplement, il devrait placer à ses frais les armes de l'abbaye en un lieu convenable. Et puis reconnaître et faire reconnaître aux Traitons que l'église principale était bien celle de Yainville.
La révolte des curésEn 1682,
le curé d'Yainville est Maître
Rémy Boche. Avec ses confrères, il contesta le
droit des moines, curés primitifs de la péninsule
et de Duclair, à venir officier le jour de la fête
patronale. Une sentence du bailli de Rouen confirma en 1687 le droit
des bénédictins. On confirma aussi celui de
percevoir une rente de 20 livres sur les fruits de la cure, outre les
deux tiers des offrandes reçues aux fêtes de
Pâques, Noël et de la Purification de la Vierge.
1684 : un plan terrier de
Yainville, tracé par Pierre de La Vigne, montre bien
l’église avec une croix et un arbre dans son
cimetière. En face, parcelle 140, se trouve un autre
cimetière dit aux Anglais. Parcelle 139 se situe le
presbytère. A l’arrière de
l’église : la ferme-manoir et cinq
bâtiments d’exploitation.
D'après une déclaration du 14 février
1687, Jean Poisson, IIe ou IIIe du nom, donna les revenus de la
chapelle N.-D. de Gédeville (Eure), à la chapelle
de Saint-André d'Yainville, dont il était
lui-même titulaire.
En 1500, on notait déjà qu'un Jean Poisson, chapelain de la chapelle du Trait, seigneur en partie de Gelleville (Gedeville), abandonna les dîmes de son fief de Gelleville, pour un tiers au curé du Grand-Bosbénard et pour les deux autres tiers à l'abbaye du Bec.
L'église d'Yainville est le lieu de rassemblement pour les affaires de la commune. Le 26 septembre 1700, les paroissiens de Saint-André de Yainville s'assemblent au son de la cloche après la messe pour élire les collecteurs de l'année 1701. Celui de l'année présente et ses consorts désignent Me Nicolas Lefort pour maître collecteur et porte bourse et pour second Jean Yet, père, pour troisième François Brunet. Présent, Duval, prêtre de la paroisse assiste aux signatures.
16 juillet 1708. Arrêté de compte de M Cauvin, vicaire perpétuel de la paroisse d’Yainville et du Trait pour les dîmes du Trait et pour le trait de Gravenchon
Fait divers tragiqueLe 23 mars 1717 eut lieu un fait divers à Yainville qui fit cinq morts. A 9h du soir, une maison prend feu. On retrouvera les restes calcinés de Barbe Vivien, veuve Dubois, 60 ans, Antoine Marette, 16 ans, Jeanne, 8 ans, Jean, 6 ans, Magdeleine, 3 ans. Ils furent inhumés le 25 mars.
En
1729, Jean Thierry est chapelain de l'une des portions de la chapelle
Notre-Dame de Gelleville.
Au
XVIIIe se succèdent à la cure du Trait-Yainville,
Antoine du Hanoy, Jean-Baptiste Cauvin, Pouchin en 1738, Lecarbonnier,
Herbet en 1752, Pierre-Théodore Mouchard en 1754, Le
Pointeur, Le Chanoine en 1789... Revenons sur quelques
événements.
Pouchin, prêtre de la paroisse en 1738, est accusé de commettre des erreurs dans son ministère. Il argue de son inexpérience.
1742, 1746. Mémoire concernant les dîmes du Trait d’Yainville.
En
1752, le curé Etienne Herbot est en procès avec
les moines. Ces derniers sont condamnés à lui
consentir les grosses et menues dîmes de la paroisse,
à l'exception du trait de dîme nommé
Gravençon.
En 1754, le sieur Pierre
Théodore Mouchard est curé quand intervient cette
transaction. Lui et ses successeurs jouiront seuls à
l'avenir de toutes les dîmes du Trait mais aussi du trait de
dîme de Gravenchon et du clos de Saint-Martin. Nul ne sait
où se situe ce Gravenchon. En revanche, le clos Saint-Martin
était à proximité du futur
hôtel du Clos Fleury. Les religieux de Jumièges,
eux, "jouiront
seuls de toutes les dîmes d'Yainville, mêmes des
novales, des dîmes de fruits, laines et autres
dîmes domestiques que le sieur curé percevoit au
lieu d'Yainville; pour le dédommagement desquelles
dîmes de laines, fruits et autres dîmes
domestiques, les religieux, outre la compensation faite du Trait de
Gravenchon à lui cédé, lui paieront
annuellement et à ses successeurs une pension de cent livres
aux termes de Noël et de Saint-Jean-Baptiste, à
condition que le dit sieur curé et ses successeurs
continueront, comme ils y sont obligés, de faire desservir,
à leurs frais et sans aucune contribution de la part des
religieux, les églises d'Yainville et du Trait pour la
célébration du service divin et administration
des sacrements, et qu'il demeurera chargé des
réparations du manoir presbytéral d'Yainville,
après qu'il aura été mis en
état."
Quand
éclate la Révolution, c'est l'abbé Le
Chanoine qui tient l'église de Yainville. Il
perçoit de la part des religieux de Jumièges une
pension annuelle n'excédant guère les 300 livres.
Le clergé gémétique prêta de
bonne grâce serment à la nouvelle constitution
civile. Le Chanoine participa à la
cérémonie qui se déroula à
l'église Saint-Valentin.
A partir du 10
décembre 1792 et jusqu'en brumaire de l'an IV, autrement dit
1795, Le Chanoine tient les registres d'état civil de
Yainville en qualité d'officier municipal. Il est mort
octogénaire chez nous et a été
inhumé à Jumièges.
Privés un temps de leur paroisse, les Traitons du nouveau régime allèrent à la messe de Duclair. Les Yainvillais furent également privés de la leur lors de la réorganisation générale du culte catholique. Les ans VII et VIII, tous les mariages eurent lieu à Duclair, chef lieu de canton. Mais pour les Yainvillais, les inhumations, les messes vont désormais se célébrer à Jumièges.
Depuis 1789, les églises apparaissent comme une charge trop lourde pour les populations. Quand on ne les laisse pas tomber en ruines, on en vend pour en faire des magasins, des ateliers, des granges. Et ce fut le cas pour notre église. Voici ce que disait déjà la municipalité du presbytère en 1795 :
" La maison presbytérale est très mauvaise et menacée d'une ruine prochaine, la couverture est si mauvaise que la pluie pénétrant de toute part doit accélérer la ruine de cette maison."
Comment fut sauvée l'église
L'église sert donc maintenant de grange et depuis la Révolution nombre d'édifices similaires menacent ruine. En supprimant une centaine de communes en Seine-Inférieure, les ordonnances de 1822 et 1823 aggravent le processus. Ici on détruit, là, on vend. De 1810 à 1830, soixante édifices ont été gommés du paysage départemental. Soixante! Babel, un livre publié peu après 1840 décrit Saint-André de Yainville dans un état lamentable, peuplée d’instruments aratoires. La fabrique de Jumièges la destine à une destruction imminente...
La tour est soutenue ici par des étais. Nous sommes dans les années 1920 puisque le monument aux morts est érigé.Un miracle. C'est un
miracle si l'église d'Yainville est toujours debout. On le
doit aux dispositions testamentaires de son premier maire mais aussi
à la volonté farouche des habitants contre l'avis
même de leur premier magistrat. En 1851, un nouveau
curé entra enfin au presbtytère.
Les communiants de 1958. Bellet,
Jean-Claude Boquet, Jean-Pierre Lecanu, Michel Thiollent,
Gérard Bruneau... (collection Thiollent). |
Ce qui décide 25 de ses confrères à explorer notre région.

Il en réalise également une gravure et cette anecdote est sans cesse citée quand il s'agit de protéger l'église par de nouveaux travaux. Bref, si elle doit beaucoup à Rondeau, elle doit aussi à Lower.
On vient
d'achever l'entière restauration de l'église
d'Yainville, qui date du onzième siècle. C'est
dans cette église qu'il y a aujourd'hui près de
huit cents ans, la bénédiction fut
donnée par l'archevêque de Rouen aux compagnons de
Guillaume le Conquérant partant pour la conquête
de l'Angleterre. Journal des
Débats, 9 decembre 1858
|
1860:
l'abbé Cochet visite encore Saint-André et
rapporte: "la petite église de Yainville est toujours dans le bon état où l'administration départementale l'a mise en 1844 sous le patronage et la direction de la commission des Antiquités." |
Avril 1865. L'abbé Houlière, curé d'Yainville, est nommé à la cure de Moulineaux. Une église qui, elle aussi, a été sauvée de la destruction.
1867: l'église est classée monument historique de 3e catégorie.
En 1876, le curé de Yainville dessert la chapelle du Bout-du-Vent à Heurteauville. Là-bas, le presbytère est désert depuis six ans. Alors, cette commune doit verser une indemnité au prêtre qui "vient biner dans cette paroisse".
Une décoration fantaisiste
Nouvelles réparations
Septembre 1909 : Sont attribués à la commune de Yainville (Seine-Inférieure) à défaut de bureau de bienfaisance, les biens ayant appartenu à la fabrique de l'église de Yainville et actuellement placés sous séquestre, la présente attribution faite sous la double condition par la commune :
1° d'affecter tous les revenus ou produits desdits biens au service des secours de bienfaisance
2° d'exécuter les charges maintenues par la liste ci-dessus visée. (Journal officiel du 9 septembre 1909. Cette mesure concerne de nombreuses autres communes dépourvues de bureau de bienfaisance.)
Classée parmi les monuments historiques, cette église, grâce aux soins vigilants, de M. Auvray, architecte officiel du ministère des Beaux-Arts, a déjà été l'objet de premières mesures conservatoires. M. Lanfry, en effet, a mis sur cintres les grands arcs supportant la tour a l'intérieur et des étais ont été posés au dehors, la restauration proprement dite va commencer sous peu.
Cette paroisse si curieuse au point de vue archéologique, fut construite sur un ancien retranchement qui cernant la presqu'île de Jumièges, défendait celle-ci contre les envahisseurs. Elle possédait également un remarquable autel roman. Bien souvent sa silhouette a été dessinée par les artistes qui ont voulu conserver l'aspect de cette église construite, assure-t-on, vers l'an 1030, grâce aux libéralités de Robert 1er, duc de Normandie.
En tout cas, par sa pureté de lignes, elle s'apparie avec les ruines voisines de la célèbre abbaye de Jumièges, dont on aperçoit les deux tours du haut de son clocher et complète avec l'église paroissiale de cette derniere commune, un ensemble des plus intéressants au point de vue de l'étude de l'architecture romane de style normand. — E. S.
Un autre article intervient le 3 octobre 1931 dans le Journal de Duclair et titre :
Cette église, qui date du XVIe siècle, a été ajoutée à une petite chapelle du XIe siècle, dépendant du domaine de l'abbaye de Jumièges et construite par les Bénédictins.
Lors des travaux de transformation de cette vieille chapelle en église, il semble ne pas avoir été tenu compte de l'aspect primitif et des murs et cloisons nouveaux ont été edifiés pour l'utilisation du nouvel édifice.
Au printemps dernier, la municipalité d'Yainville. s'inquiétait de voir sa vieille église se lésarder au point de menacer de s'effondrer ; une requête pressante auprès de M. Auvray, le distingué architecte de nos monuments, suffit à provoquer des travaux provisoires de soutènement que M. Langry vint exécuter.
C'est au cours de ces travaux que, sous un enduit de plâtre de plusieurs centimètres d'épaisseur, fut mis à jour, dans l'enceinte de la chapelle primitive, une fenêtre romane avec eurtrière, sise à environ un mètre du sol, dans la partie supérieure du même mur, des traces d'arcs romans laissant supposer d'autre ouvertures analogues.
Ces nouveaux vestiges cont être conservés dans la restauration que subit actuellement ce monument.
Il sera souhaitable également que les Beaux-Arts complètent leur œuvre de restauration en reconstitutant totalement le "Cul de four" qui surmontait à l'origine la vieille chapelle des Bénédictins, aujourd'hui remplacée par un toit conique en charpente et ardoises du plus mauvais effet.
Les témoins de l'art roman sont si rares en Normandie que cela semblerait devoir être l'occasion de redonner à la partie septentrionale de l'église d'Yainville le cachet qu'elle revêtait au XVe siècle.
Sous l'administration de Jean-Louis Claudet, homme de gauche, le maire et ses adjoints marquaient la Saint-André en assistant en fin d'année à une messe en l'honneur du saint-patron de la paroisse. On remplaça l'harmonium défaillant par un orgue électrique.
Des travaux de réfection de la toiture allaient trouver leur achèvement début 1987. Ce qui fit dire au maire : " Ce monument du XIe cœur de notre cité, sera paré de neuf pour voir vivre et mourir le présent et le futur..."
![]() |
Avant
cela, l'église fut ouverte aux visiteurs le 2 septembre 86 lors
des journées du patrimoine. Il y eut un concert d'orgue et
trompette donné par Claire Bienfait et Laurent Langin.
Hervé Auger s'improvisa en guide éclairé avec la
bénédiction de Bruno Penna, historien et
archéologue de la presqu'île.![]() |

![]() |
![]() |
La remontée du
coq, avril 1987, lors de la rénovation de la toiture (photo: Gilbert Fromager) |
Rénovation de la voûte et des tympans, 1999 |
J'ai vécu les mêmes choses mais au Mesnil. J'ai eu L'abbé Coupel comme curé dès mes 2 premières années de cathéchisme. Et je me suis revu au fil de ton récit. J'étais comme toi enfant de Chœur et ai vécu les mêmes instants. Le bedeau, c'était M. Vallois, la jambe droite raide, allant vers le fond de l'église sonner, les habitués aux mêmes bancs, etc. Martial Grain
Vous avez des photos représentant des détails de l'église d'Yainville ? Des souvenirs, des anecdotes ? N'hésitez pas à nous en faire part. Dans les années 50, il y eut une fête pour le baptême de la cloche et un petit livret fut édité avec des poème de Pierre Chéron. Quelqu'un a-t-il cela dans ses archives ? Les élèves de M. Charron firent un petit reportage dans le journal de l'école sur la destruction du presbytère. Idem, quelqu'un a-t-il cela dans ses vieux papiers ? Laurent
je viens de lire avec plaisir votre mémo sur l'Abbé Coupel. Cet homme remarquable m'a appris le latin dans les années 1941/1942. Je venais de Duclair à Jumièges à vélo deux fois par semaine au presbytère. C'était sa soeur qui tenait son foyer trés simple et qui m'accueillait avec un tonitruant : "Monsieur le Curé, ton élève est là ! " Je suis heureux d'avoir eu .....de ses nouvelles !! bien tardives ,grâce à votre document. Merci. Guy Cayron.
Lisant votre intervention (je parle à Laurent Quevilly), j'apprends que mes élèves auraient fait un reportage sur la destruction du presbytère. Je n'en ai aucun souvenir. J'aimerais en connaître le texte. Par ailleurs, je vous précise que vous n'avez certainement pas été mon élève. En effet, votre maman est décédée en septembre 1958. Vous avez dû partir alors. J'ai exercé à compter de la rentrée d'octobre 1958, effectivement dans la toute petite pièce située à l'arrière de la salle des fêtes. Il me semble que j'y suis resté 2 années. Nous y étions très à l'étroit. J'avais 34 élèves en 58-59. L'hiver, le froid était excessif. C'est le garde-champêtre de l'époque qui mettait en fonction le seul radiateur électrique qui s'y trouvait, à 8 heures le matin. Un matin, justement, lorsque je suis arrivé il faisait 4° dans la pièce. Il devait être 8 heures 05. J'ai pu alors obtenir un second radiateur (soufflant celui-là). Mais il faisait très froid. La température, certains jours, n'a pas dépassé 12 degrés malgré l'utilisation des deux radiateurs. Les élèves et moi-même gardions nos vêtements sur nous. Je crois qu'après 2 années, je suis arrivé - avec le CE1 - dans le préfabriqué construit dans la cour de l'école de filles. Peu de temps. Car Melle Naudoux est partie définitivement. J'ai alors pris en charge (fin octobre je crois) le CE2 - CM1 (pièce qui doit servir de bibliothèque désormais). Les effectifs de cette classe ont atteint, une année, 52 élèves. Or, il n'y avait .... que 50 places. Heureusement, M. Marcilloux m'a pris 3 élèves. Deux fillettes, orphelines de mère, placées provisoirement à Yainville, sont parties définitivement fin janvier. Un garçon est parti dans le courant de l'année (déménagement). J'ai donc achevé l'année avec 46 élèves ... et sur les "rotules". Maigre consol (suis contraint de couper. Je ne dois pas dépasser 2000 caractères) - Bernard Charon -Jumièges
Bonjour
M Charon, Je m'apelle Didier Bidaux et j'étais dans votre
classe
quand nous avons fait ce reportage sur la destruction du
presbytère, le journal devait s'appeler « Au fil
de l'eau
», j'avais gardé quelques exemplaires de ce petit
journal
que nous faisions (vous y employiez à l'époque la
méthode "Freinet"), mais je ne les retrouve plus, ils ont
dû être rangé définitivement
lors d'un
déménagement... :-(
Toute notre classe
était
venue sur place regarder les engins détruire la maison, cet
évènement était d'autant plus
important pour moi
que j'habitais juste en face le presbytère.
La classe que nous
occupions
à l'époque est toujours une classe et il doit y
avoir les
CM2. Le plus étrange est que j'ai un petit-fils qui habite
Yainville et qui jusqu'à présent n'a
occupé que
des classes dans lesquelles j'ai eu des cours, et s'il va en CM2
à Yainville, il ira probablement dans cette classe
où
j'ai dû rester 2 ans CE2 et CM1...