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Yainville compte deux manoirs. Celui de l'église, vieille dépendance de l'abbaye de Jumièges. Et puis celui que Guitry rendra célèbre sous le nom des Zoaques. Historique de propriété... |
François Lesain
La famille Lesain a
donné deux maires à Yainville.
Le premier,
François, résidait dès avant la
Révolution
au manoir situé derrière l'église. De
vastes terrains couraient de là jusqu'à
Jumièges. Parmi les parcelles recensées en 1766:
la Broche-Carbonnière, la
Broche-de-la-Carrière. François de Beaurepaire a
recensé aussi un lieu-dit la Broche-aux-Religieux sur
Yainville. La Broche, un nom courant dans nos régions pour
désigner un endroit boisé.
A
la Révolution, François Lesain devint
propriétaire
du domaine qu'il exploitait. A sa mort sans descendance, en 1826, il
fit de son cousin, Charles Lesain, l'héritier de la
ferme-manoir
d'Yainville.
Charles Lesain, fut
élu
en 1839. Il se distingua en s'opposant à la restauration de
l'église.
Une tradition familiale veut que l'un de mes aïeux, Louis Levreux, fut vers 1840 le régisseur du domaine qui deviendrait plus tard celui de Sacha Guitry. Il y aurait vécu avec sa femme, Clarisse Gruley. A vérifier....
Charles Lesain mourut en 1863.
Les héritiers de Charles Lesain
Rosalie
Lesain, fille
de Charles, hérita d'une maison d'habitation et d'une
exploitation agricole entre le manoir d'Yainville et la Seine. En 1864, elle
reçoit les parcelles 228-230-231-232.
En 1872 elle vend à
Sabatier.
François Victor
Lesain hérita de son père la ferme manoir
d'Yainville. Avec sa femme, Zoé Louvet, il la revendit ainsi
que plusieurs pièces de
terres, au Parisien Jacques Henri Dupasseur en 1887. Soit 47 hectares
pour 73.000 F, avec "acceptation
de délégation par les créanciers des
vendeurs". Le 24 février 1888, Dupasseur
baille la ferme-manoir à Emile Carpentier, de
Jumièges.
Victor Lesain, en 1864, a reçu la parcelle n° 233
(la Broche)
ainsi qu'un terrain ou sera
le droit de passage. En
1887 il la vend aussi à Dupasseur.

Sabatier était l'époux de Pauline Alexandrine Dossier, propriétaire, demeurant à Chalons-sur-Marne, 112 rue Saint-Jacques, et dont il va divorcer.

Elu conseiller général du canton de Duclair, Achile Poulain-Grandchamp rachète la Broche à Sabatier en 1877. Il est négociant et armateur, possède une maison à Jumièges, face à l'abbaye mais aussi à Rouen, 25 rue Lenôtre. C'est là qu'il décède, le 25 juin 1890. Il est alors maire de Jumièges. Son testament olographe déposé chez Peschard, notaire à Jumièges, fait de son beau-frère, Emile Leblanc, l'héritier de la Broche.

Emile Leblanc
Emile Leblanc. Né en 1799, c'est le père de Maurice et Georgette Leblanc, la cantatrice qui sétablira un temps à l'abbaye de Saint-Wandrille. Il est négociant et armateur et réside 4 rue du Baillage à Rouen. Leblanc se dépare aussitôt de son héritage.
Le 22 juin 1891, à 14h, réprésenté par Alfred Verte, de Reims, Emile Leblanc met en vente par adjudication les biens dont il a hérité. Le principal est consititué du domaine de Jumièges. Il s'agit d'un château, dit le château de Jumièges, au centre du bourg, "une jolie maison de maître de construction récente aménagée avec tout le confort moderne, beau parc, maison de jardinier, écurie etc."
Sont également mises en vente plusieurs pièces de terre courant jusqu'à Yainville. Parmi les acquéreurs : Pauline Alexandrine Dossier, divorcée de Sosthène Sabatier.
Le 8 juillet 1891, Leblanc vend La Broche à Maurice Ray, un peintre parisien. Le contrat est reçu par Me Hervieu, de Duclair, et Me Peschard, de Jumièges.
Il est possible que Maurice Leblanc ait écrit à la Broche. En 1892 fut publiée une de ses nouvelles, Le haï, dont l'action se déroule à Yainville. Mais, enfant, il passait ses vacances d'été à Jumièges, chez son oncle Grandchamp, et connaissait parfaitement la presqu'île.

Maurice Ray
En 1891 Ray, marié avec la veuve Dupasseur, est proprietaire des parcelles de terre n° 228-230-231-232-233 (plan napoléonien) plus un droit de passage jusqu'à la route de jumieges. Ces parcelles de terre correspondent à l'emplacement actuel des Zoaques. Ce sont des terres agricole et un taillis (parcelle 233 la Broche-aux-Bouleaux) et l'on ne parle pas d'habitation. Ray fit vraisemblablement construire la villa nommée la Broche. Il vendait par ailleurs la ferme-manoir d'Yainville aux Denomaison.
Peintre très en vue, il demeure 16, rue de Vienne, à Paris. A la Broche, les Ray accueillent à plusieurs reprises le jeunes Roger Martin du Gard qui rédige là ses premiers écrits ainsi que sa thèse sur l'abbaye de Jumièges.

Après 20 années de résidence à Yainville, Ray se sépare de son bien le 3 juin 1911 en signant avec les Gouy chez Me Garrigues.
Les Gouy
Georges Jules Gouy, propriétaire, a épousé Joséphine Jeanne le 18 decembre 1894 à Rouen. Ils demeurent à Mesnil-Esnard, 86 bis route de Paris. Les Gouy achètent la Broche 10.000 F et finalement 15.200 sur réclamation. Une acquisition qu'ils revendent aussitôt.
Sacha Guitry et Charlotte Lysès
Sacha
Guitry signe le 13 juillet
1912 pour 25.000 F. Il verse 5.000F comptant. Puis 10.000 F le 1er
octobre. Les 10.000 F restants seront réglés le
1er
janvier 1913. Avec des intérets à 4%.
Un entrepreneur de Varengeville, Aldred Pigache, interviendra pour édifier de nouveaux bâtiments. Et un conflit dont on ignore encore la nature exacte l'opposera à Guitry qui manifestement lui doit de l'argent.
Guitry a également étendu le domaine en se portant acquéreur de terrains appartemenant au maire de l'époque, Athanase Leroy.
Après le divorce des époux Guitry, Charlotte Lysès obtient les Zoaques à compter du 25 février 1920.
Mme Bloch-LevalloisNée Degueurce, Mme Bloch-Levallois achète le domaine le 15 janvier 1922 pour 130.000 F. En son nom personnel et avec l'autorisation de son mari. Le contrat fut signé chez Me Rousée, à Jumièges.

Lazare Bloch
C'est le mari de Marthe Hanau, la scandaleuse banquière. Il aurait acquis le domaine pour 800.000F vers 1927.

Marcel Leclercq-Masurel
Industriel de Roubaix, il met 600.000F dans l'affaire en 1929.

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Clarin Mustad
Le cloutier de Duclair achète les Zoaques 900.000 F le 5 juin 1936. Le manoir sera occupé par les Allemands durant la guerre. Ce qui nous vaut la venue du général Paulus en 1940.
En 1954, les habitants sont Clarin Mustad, ingénieur et son épouse Karen. Ils ont deux enfants: Anne-Marie née en 1941 et Hans Peter, né en 45. Une gouvernante norvégienne leur est dévolue : Sigrid Lauvstad. Yvette Oliviéro fait office de cuisinière, Ginette Colleville femme de chambre, Eugène Charles jardinier. Marié, il a trois enfants qui grandissent sur place : Jean, Geneviève et Solange. A la Libération, Eugène Charles fut conseiller plusieurs années sous l'administration Passerel.
En visite officielle dans la région, le roi Olaf V fera les honneurs de la maison le 25 septembre 1962. Ce jour-là, Robert Rihal fait le service de table.

Depuis les Mustad, le manoir a changé plusieurs fois de mains. Mais désolé, ma montre s'est arrêtée sur mes jeunes années...
Avec le concours de Josiane Marchand et Paul Bonmartel.
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