Nos jeunes filles
 

 Belles, si belles,
 Gracieuses, souriantes, fières.
 La taille fine encerclée d’une ceinture, ou libre.
 La jupe droite soulignant les hanches,
 Ou, bouffante au vent marin.
 Le chemisier caressant le sein mignon.
 Les jambes légères, lisses,
 Les pieds jolis,
 Glissant en ballerines,
 Résonnant en claquettes,
 Ondulant en talons.
 Les cheveux noirs ou blonds,
 Longs, effleurant les épaules,
 Rehaussant en chignon,
 L’arrondi du visage,
 En queue de cheval relevés.
 Rythmant, coquins, la démarche,
 Elles avançaient,
 Douces, nonchalantes, ou pressées,
 Leurs yeux sombres ou azurés,
 D’un regard aux longs cils,
 Allumaient le feu au cœur,
 Des garçons rencontrés.
 
Yvette PASCUAL.



Yvette et les sœurs Algarra, 0ran, square Faidherbe, 1962.


Quatre poèmes sur "Là-Bas"

Nos jeunes filles | Notre langue | L'oubli | 5 juillet 1962


BONUS

Les fidèles

Ils étaient de là-bas,
Avec amour et nostalgie
Haut et fort
Ils revendiquent l’identité.
Cette appartenance
Cet amour fusionnel
Au quartier, à l’immeuble,
A la rue…
A tout ce qui était eux.
Leurs jeux d’enfants,
Leurs rires d’adolescents
Et leurs amours aussi.
La vie de leurs  parents,
De leurs voisins,
De leurs amis…
Jamais ils ne pourront
Courber la tête
Baisser les bras
S’avouer vaincus.
Par force, ils sont partis
Ils ne le voulaient pas
Mais ils ne pouvaient plus
Vivre encore chez eux.
Le cœur coupé en deux,
Ils sont là maintenant,
Devenus à leur tour
Parents et grands parents.
Porteurs de cette flamme
Avec fidélité tenace,
Afin que ne s’éteigne,
La douce lumière,
La tendre fragilité,
Qui brûlent encore en eux.
Jusqu’à leur dernier souffle
Comme vestales veillant
Ils entretiendront
Ce feu sacré empreint
De leur passé commun
La terre de leurs ancêtres
Algérie.

Yvette PASCUAL.
2006.