Le Matin, 18 octobre 1931. Yainville. — Un chef d'équipe. M. Charmelot, 59 ans. est écrasé par la chute d'une gaine en ciment armé de 14 tonnes, dont il commandait la mise en place.
1932 : construction de la savonnerie.
C'est vers 1932, tout au bord de la Seine, que Marie Chéron, Hjoerdis sa fille, épouse de Pierre Macchi, ont édifié un nouveau café du Passage, parallèle à l'ancien qui devint la maison d'habitation des Vian. Cet ancien café, c'était celui de mes grands-parents. C'est là que ma mère est née.
Pierre Macchi était d'origine italienne. C'est un nom qui signifie éclair ou encore flèche. Effectivement, ce fut un chasseur invétéré. Il laissa après lui des scènes humoristiques de chasse que je contemplais longuement. Elles ont contribué à me pousser vers le dessin. Un grand ami du couple sera Charles-Gabriel Bai, entrepreneur de maçonnerie à La Mailleraye. Il était né le 10 mai 1908, de père italien, à Hayange, dans la Moselle. Son épouse s'appelait Inès Del Sole, née le 2 janvier 1909 à Bardello.
De l'autre côté de la rue menant à la centrale était la maison des Montangié. Dans l'ancienne maison de Pierre Chéron vivaient les Bacon. Bernard Chéron, le passeur, succéda à son père. L'hôtel Carré sera habité par plusieurs ménages, les Kubista, les Decaux, Buan, le gardien de l'usine, les Saudrais, Madeline Gosse, veuve Da Pozzo... Il y avait aussi la maison Oursel, le café Reniéville où s'installera Georges Piot, Traiton, manichiniste à la centrale. L'ancien relais de chevaux Bénard a qui succède son gendre, Thiollent.
La plage d'Yainville
La jeunesse de Yainville crée un club de plage, à moins de 200 mètres du bac. Ci-dessous, sur cette photo de 1933, ces Yainvillais affectent leur signe de ralliement : l'index levé. Ils auront le même geste le 14 juillet 1945, pour le bal de la Libération. Mon père est à droite. Il vient tout juste de s'établir à Yainville.
1934 : Le 1er janvier, Dufay, natif de Pont-Audemer, devient garde champêtre en remplacement de Délogé, décédé.
Nous sommes le lundi 6 août 1934. Il est deux heures dix de l'après-midi. Jacqueline Chéron, 9 ans, va cueillir du maquer à lapins près de l'usine de Marc, son cousin. Soudain, une voix lui crie: "Cours! Cours vite!.."Une déflagration vient de retentir dans le magasin de bouteilles d'acétylène et d'oxygène. Jacqueline court. Marc n'aura pas la même chance.
1935 : en mai, Albert Brunet est le mieux élu avec 84 voix devant Gustave Chéron, 74, Augustin Bidaux, 72, Jean Lévêque et Albert Lecanu, 70, Pierre Le Dozé et Dominique Piot, 69, Georges Riot, 59, Louis Colignon, 57 et Alphonse Grain 55.
7 août. M. Maurier, d'Yainville, remporte le 9e rallye automobile de Ste-Honorine-des-Perthes.
Pendant les grandes vacances, un sieur Buquet place son fils Georges, 9 ans, chez Pierre X, cultivateur à Yainville. Le 16 août, devant s'absenter,Pierre X confie la garde de l'enfant à son père qui réside dans la ferme voisine. Dans le but d'amuser le petit, X attèle un âne et une petite cariole et prend les guides à côté du jeune Buquet. Hélas, le bourri prend peur, s'emballe et la folle course se termine par un capotage spectaculaire sur un chemin d'Yainville. Le vieux se relève indemne. Mais le bambin est grièvement blessé au coude gauche. Il s'en suivra un procès que perdirent les Yainvillais.
Louer une maison communale...
Le 1er février 1936, le conseil décida de mettre en adjudication la petite maison communale située près de la mairie. Elle vient d'être libérée par un certain Dieudegard. Ce logement est mitoyen à celui de Rachel Lefrançois, née en 1879 à Trouville. Son prénom sera donné à l'ensemble de ces bâtiments communaux connus donc sous le "nom de maison Rachel".
Le 1er mars, Le maire, assité de MM Piot et Bidaux et du receveur de Duclair, M. de Mayville, mettent la maison aux enchères. Montant : 10 F. Raphaël Quevilly en offre immédiatement 400, Mme Conchis 450, Lecanut 490. Raphaël renchérit à 500 F. Deux autres feux sont allumés sans nouvelle enchère. Raphaël Quevilly est locataire. Son bail prendra effet le 1er avril.
Mars toujours. Le Dr Louis Philippe, du Havre, perd le contrôle de son véhicule, percute un pylône, fait un tête-à-queue et s'engage à califouchon sur l'accotement de la route de la gare.

La Sainte-Madeleine de 1936. Mais il y a débat sur la date....
Faits divers...
2 mai 1936. A Yainville, M. Gedini Henrio, âgé de 37 ans, sujet italien, ouvrier peintre, domicilié à Paris, 8, rue Claude-Tillier, effectuait des travaux quand il tomba d'une échelle d'une hauteur de six mètres. Le crâne fracturé, il succombe peu après.
Le 23 août 1937, Bai, l'entrepreneur en bâtiment de la Mailleraye, vient du bac d'Yainville quand il coup la route à un camion Primagaz descendant la côte Béchère. Ce dernier sert à droite et l'arrière du camion heurte un jeune homme sur le bas côté de la route avec deux amis. Le véhicule continue sa route et se renverse sur le bord du ravin où un pylone l'arrête. On relève Roger Biard, 18 ans, coiffeur à Duclair. Le Dr Châtel ordonne son transfert à l'Hôtel-Dieu.
Nous arrivons au Front populaire. Alors qu'elle habite rue Jeanne-d'Arc, à Saint-Mandé, Andréa Mainberte revient au pays passer quelques jours chez Marie Chéron, dans le café de sa mère, sa maison natale. C'est là qu'elle rencontre Raphaël Quevilly. L'homme travaille à la centrale électrique depuis 1929.
1937 : première équipe de foot. Elle est composée de Daniel Decaux, Paul Vasse, Bernard Edde, René Colignon, André Dites, Albert Vasse, Fernand Ponty, Roland Hamel, Stéphane Kubista, Jacques Bréard et Francis Decaux.
Née à Yainville d'une vieille famille jumiégeoise, Andréa Mainberte et Raphaël Quevilly se marient le 30 octobre 1937 à Saint-Mandé. Elle a 25 ans. Il en a 31. Entré à la centrale en 1929, il vient tout juste d'être titularisé et a rencontré cette jolie blonde au café du Passage. C'est sa maison natale et l'établissement est tenu à présent par Marie Chéron. Andréa, couturière place Vendôme, revient épisodiquement au pays. On la voit à Boscherville en août 1936 puis en Bretagne, années des fameurs premiers congés pays. Elle revient à Yainville en juin 37 pour la communion de Jacqueline Macchi. André, qui fréquente un boucher de la Villette, va laisser tomber ce joli parti, conquise par le Normand. Le 29 octobre, Raph monte seul au volant de son Amilcar. Le mariage à l'ieu le 30 octobre à 11h45 devant Marcel Kopp, adjoint de Saint-Mandé. Les témoins sont Emile Mainberte et Marius Hangard. Puis c'est le mariage religieux en l'église Notre-Dame. Toute la famille d'Andréa est là. Pas celle de Raphaël. Mais il a reçu quelques messages. On se rendit au studio Blondeau, 146 avenue Daumesnil, pour la photo. L'une des deux mariés, l'autre de l'épouse avec sa demoiselle d'honneur, créatrice de la robe. Puis c'est le restaurant du Zoo avec un copieux menu signé par les invités, le City-Hôtel de M. Valette. Andréa est la seule du clan Mainberte si soudé à quitter Paris. Elle retrouve son Yainville natal quinze ans après l'avoir quitté.
A la Saint-Sylvestre, le nouveau couple réveillonna au 90 de la Chausée-de-l'Etang, à Saint-Mandé, chez Emile Mainberte. Il y a là aussi Thérèse et son compagnon, Rémi Constant, un couple d'amis...
Le 25 janvier 1938, à 20h30, il y eut une aurore boréale à Yainville. Le phénomène se renouvellera en mai. Ce qui n'inspire rien de rassurant à Andréa.
Entre temps, en mars 38 : Raymond Raulin, ouvrier des chantiers, revient de Duclair à moto, derrière lui, un collègue, René Désanaux, pensionnaire au Clos Fleuri. Les deux hommes reviennent du gymnase Guymener. Face à la gare d'Yainville, Raulin entreprend de doubler un camion, croisé par deux cyclistes duclairois, Virvaux et Dubuc. Virvaux est accroché, tombe à terre, la moto heurte l'aile du camion et ses deux passagers chutent aussi. On conduit les blessés chez le Dr Chatel puis à Rouen. Raulin est gravement blessé à la tête, Désanaux à la face. Seul Virvaux peut regagner son domicile, blessé au genoux.
Le 9 mai 38, Raphaël accomplit une période militaire de huit jours au sein du 3e Génie en forêt de Mormal. Le 21, on baptise à Yainville Christian Hangard, déjà âgé de 7 ans. Andréa est sa marraine. La fête de famille se déroule à la maison Rachel où l'on tire force photos. Les Quevilly raccompagnent les Hangard rue Renault, à Saint-Mandé. Le dimanche suivant, c'est la communion de Jacqueline Perruchet, filleule d'Andréa, à Maisons-Alfort.
Le 13 juin, un autocar parti de Duclair et transportant de nombreux voyageurs arrive à Yainville lorsqu’il veut doubler une voiture. Une automobile arrivant en sens inverse obligea le conducteur du car à braquer sur droite. Le car se renversa dans le fossé. Il y a une quinzaine de blessés et des contusionnés.
1er juillet 38, vers 13 h. 45, une automobile conduite par M. Sauvalle, ingénieur aux chantiers du Trait, descend la côte Béchère, quand la voiture prend feu à l'arrière. Sauvalle saute de son auto arrêtée devant chez Marcel Prunier, employé de la centrale. M. Montagne, chef à la Société Electrolytique, épuise en vain un extincteur qu'il va déposer en bordure de talus. Heureusement. Car une explosion le projette à terre, arrachant sur plus de 3 métres la toiture de la maison Prunier, brisant vitres et portes et provoquant un début d'incendie attisé par le vent. La moto-pompe des pompiers de Duclair rapplique mais des sauveteurs bénévoles ont eu raison du feu.
Ce mois de juillet 38, les Quevilly partent quinze jours en vacances à Ploubalay. Un endroit liée à René Peyrot, beau-frère de Raph et que notre famille fréquentera souvent. Le couple arpente la région : Dinard, le Cap-Fréhel, les Ehbiens... Le 31 août, c'est la Sainte-Madeleine au café du Passage.
Le 3 août 1938, M. Bidaux, d'Yainville, est nommé officier d'académie.
En vue de faciliter l'entraînement au tir, le Cercle Guynemer vient de créer à Yainville, Un stand permettant le tir a 50 mètres, au fusil mod. 74. L'organisation des séances, confiée à une commission compétente, assurera toute Sécurité. Lee séances auront lieu le samedi matin, de 9 heures à 10 heures et le dimanche, de 9 heures à 11 heures, Elles seront réservées aux mernbres du Cercie Guynemer, de l'école des sous-officiers de reserve, de la Société des sports et loisirs de Yainville et aux élèves de la préparation militaire.
En septembre 1938, on apprit la mort de la cousine Simone Chandelier. Tuberculose osseuse. Amputation. Et elle mourut à Orsay avec le sourire...

L'hiver fut très régoureux et la Seine charria des glaçons.
1939 : 347 habitants. Mise en service d'un nouveau bac. En 1939, on verra encore de beaux exemples d'intégration à Yainville. La famille Kubista, originaire de Tchécoslovaquie, est naturalisée française. De même que Guido Vian, bûcheron né à San-Quirino en Italie le 17 novembre 1907, époux d'Elisabeth Kubista, née le 28 octobre 1915 à Verekne, Tchécoslovaquie, parents de Liliane Marie Angèle, née le 9 février 1936 à Yainville.
Mars 39. On reproche à deux Portugais, Jose da Sylva et Emmanuel de Barros, de ne pas avoir fait viser leur carte d'identité en quittant Yainville qu'ils n'ont en fait pas quitté légalement. Ils sont partis travailler comme bûcherons à Boscherville, au Trait, à Clères mais reviennent le samedi. Aux autorité, l'un d''eux rétorque : "J'habite toujours Yainville puisque je m'y fais raser touts les dimanches par le même coiffeur." Acquittés ! |
LA MORT D'UN ENFANT
Un samedi soir, Claude-René Lefebvre, 3 ans et demi, fils de Marcel Lefebvre, pontier à la centrale, se promène avec sa mère, route d'Yainville a Jumièges. Soudain, il laisse sa maman, la devance, traverse la route. La moto d'Henri Gascoin ne peut l'éviter. Fracture du crâne. Le Dr Roussel ordonne le transfert. L'enfant meurt. Gacoin 30 ans, chauffeur à la Havraise, n'est pas assuré. |
Le 16 avril, le député André Marie vient inaugurer la nouvelle mairie-école d'Yainville. Le préfet Roger Verlomme est là. Raphaël Quevilly aussi parmi les conseillers de Lévêque et de l'adjoint Riaux. Le soir, un film de Pagnol sera projeté dans la salle du premier étage. Elle accueille régulièrement un cinéma itinérant et l'on y vient avec sa chaise.
Les Quevilly eurent des nouvelles de Paris. Le 21 mai, Hubert et Solange Mainberte communiaient à Maisons-Alfort, le 8 juin, Raymonde et Max Mainberte à Saint-Mandé.
En juillet 39, moyennant une petite redevance à M. Thiollent. on peut camper sur un terrain de 15 ares en bordure de Seine et alimenté en eau potable.
Mais le climat n'est plus guère au camping. Le 23 août, c'est le pacte germano-soviétique. S'en suit la dissolution du PC, l'arrestation de ses dirigeants. Des mesures d'évacuation vers la province sont prononcées pour les enfants d'Ile-de-France. Voilà Solange, Raymonde, Hubert Mainberte et Christian Hangard recueillis à Yainville par les Quevilly et Louise Colignon. Un jour, Solange, avec sa jeune tante Andréa, monte à bord de la barque de Pierrre Chéron qui habite sur la rive d'Heurteauville et chez qui on se rend. Au mitan du fleuve, un cargo soulève des vagues manaçantes. Solange en gardera la frayeur de sa vie. Ma mère aussi sans doute.
Et c'est la guerre !2 septembre 39. Mobilisation.
Le Journal de Rouen,
Délibérations du conseil d'Yainville numériées par Edith Lebourgeois
Les Quevilly, réalisation audiovisuelle de Jean-Claude Quevilly.
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