A la rentrée de 1946 nous arrive un personnage : Henri Marcilloux. Surnommé "Bouboule" par ses élèves, le personnage, contesté par certains, va marquer des générations d'élèves. Et sera maire d'Yainville.
L'homme est né le 12
octobre 1910 à
Saint-Marti-Sepert, en Corrèze. Mais c'est à
l'école normale de Rouen qu'il
effectuera ses études d'instituteur. Son premier poste est
pour Petit-Quevilly.
Le voilà bientôt directeur de l'école
encore mixte de Yainville. Il assure dans
le même temps les fonctions de secrétaire de
mairie auprès de Gaston Passerel. Son épouse
siège quant à elle au conseil notamment aux
côtés de mon père. |
Excursion en 1951 en compagnie de Mme Colignon.
Fils de batelier, Gérard Fontaine a débuté sa scolarité à Saint-Pierre-de-Varengeville. A la rentrée de 1953, il sera pris en charge cette fois par sa famille de Yainville. Trois ans. Alors animateur du musée du Patrimoine des Ecoles à Amfreville-la-Mi-Voie, il nous avait confié ses souvenirs. Epiques...
Chrétienne accomplie, elle a réussi à faire de moi un enfant de chœur zélé pas forcément convaincu de l’importance de sa tâche mais appliqué dans son exécution. De plus, nous avions un curé super, pas vraiment Don Camillo, car sa stature empêchait toute confusion avec Fernandel, il avait une allure qui forçait le sourire mais interdisait toute raillerie.
Je suis d’une génération d’individus qui, même s’ils ne partageaient aucune de leurs idées, respectaient le maire, le curé, le garde-champêtre, l’instituteur et en général tous les adultes. Donc notre curé se déplaçait sur une antique pétrolette qui refusait obstinément de démarrer à la pédale et nous le poussions dans la descente en inhalant une bonne dose de Solexine. Après avoir effectué un demi-tour savant, il remontait la côte dans un envol de soutane, poursuivi par un panache de fumée nauséabonde, tel une corneille géante qui aurait eu le feu au cul.
Dans notre village, l’instituteur, franc laïc d’une grande tolérance était copain avec le curé et nous laissait volontiers du temps pour vaquer à nos occupations religieuses à la condition expresse : que notre travail n’en souffre pas. |
"Mes copains de l'époque s'appelaient
Pierre Combes,
Jacques Cotelle, Rémy Morisse, Jacques Bellet (son
frère Alain est plus
âgé), les frères Bruneau, Decaux,
Carpentier, les cousins Bideaux,
Charles et Alfred ????? et j'en oublie.
Les filles étaient Françoise Bougon, Martine Jégout, Chantal Kubista et sa cousine Maryvonne Lebon et d'autres dont les noms m'échappent. J'allais me baigner en Seine( et en douce) à côté de la centrale avec Alain Jung... |
Je peux dire que j’ai passé là trois années de bonheur total. A l’école, sous le regard de Monsieur M, je bossais comme un chef. J’aimais Monsieur M, je ne sais pas, comme un oncle peut-être mais avec le recul inhérent à sa fonction, directeur d’école. Nous étions curieux l’un de l’autre, moi de son accent et de ses connaissances, lui de la vie à bord. Des heures à papoter. Dehors je m’éclatais. Trois ans à jouer au foot, fabriquer des cabanes dans la forêt et me foutre sur la gueule avec à peu près tous les mômes qui étaient sensiblement de mon âge et même plus vieux. Et après ça, pas de rancune, franchement copains sauf avec quelques parents qui me trouvaient un peu trop ‘’remuant’’.
Mon oncle, qui avait hélas un penchant fort prononcé pour la dive bouteille , rentrait bien souvent le soir rond comme une bille, ronflait jusqu'au retour de sa femme et, se faisant engueuler, mangeait sa soupe et partait se coucher. C’était un homme d’une grande gentillesse qui ne s’intéressait qu’à mes résultats scolaires, et ceux-ci étant bons, même excellents, il me fichait une paix royale. Je me présentais avec un ballon sous le bras en lui disant : « Je vais au stade » et hop le tour était joué. On me voyait partout et chacun me mettait bien sûr pas mal de conneries sur le dos. C’est vrai que j’en ai loupées très peu mais bon, faut quand même pas exagérer.
Décembre
54
Bon ! On fait quoi ? Un tournoi ? D’accord ! On va encore se faire engueuler par l’instit’ car à chaque fois que l’on joue à çà on se ramasse des gamelles magistrales et on rentre crades comme des peignes. Allez Pierrot, grimpe ! Je suis un petit trapu et c’est souvent moi qui fait le cheval et avec mon p’tit pote Pierrot on fait une belle équipe. Il est mauvais comme la gale et à ce jeu-là, rien ni personne ne nous résiste.
« Attends, y a l’autre abruti qui m’a balancé un caillou dans ma botte en dérapant dans la gravelle, bouge pas mon lapin, j’enlève çà » !
« Dac, j’me cramponne » !
« Merde ! Quel con ! » Y’en a un qui vient de nous faire tourner alors que je suis debout sur une patte. Je tombe, nous tombons, Pierrot par dessus moi, me demandez pas comment et çà fait’ crac’ !
« Toi, tu vas te faire engueuler par ta mère, y a un truc qui a percé ton pantalon ».
Un truc qui a percé ? J’ai rien dans mes poches. C’est quoi çà ? Merde, ça saigne. Un gosse se met à hurler, l’instit’ rapplique, regarde et devient blanc, mais plus blanc que blanc. Et moi, tout con mais même pas mal. J’vous jure, je ne sentais rien. Désespérez pas, c’est venu après et quand c’est venu, c’est venu. Aie, aie, aie quelle horreur. Vous vous rendez compte, le fémur était brisé en sifflet, avait percé les chairs, la peau et l’étoffe du pantalon. Les pompiers sont arrivés, pas tout de suite, m’ont installé dans leur fourgon mais sans mettre d’attelle à cause de mon fémur qui prenait l’air. Et on a attendu ma mère..."
Ainsi s'achèvent les souvenirs scolaires de Gérard Fontaine à Yainville. Sur une douloureuse opération.
Un certain M. StrivenMais revenons à cette année 1953, on hésite encore avant de porter son choix sur le terrain d'un nouveau groupe scolaire. Les travaux sont lancés.
A
la même époque un instituteur un peu particulier
fait un court séjour à
l'école d'Yainville. Alfred Sirven est né en 1927
d'un père imprimeur et d'une mère d'origine
kirghize. Il interrompt ses études pour
s’engager fin 44 dans les Forces
françaises de l'intérieur. En juin
1951, alors qu’il vient d’épouser Janine
Verrié, il devient soldat du
bataillon français de l'Onu pendant la guerre de
Corée. Le 24 avril
1952, alors qu’il est en permission, il attaque une banque
à Tōkyō pour
l’amour d’une Japonaise. Il devient alors le
premier auteur d'un
hold-up de l'histoire du Japon. Un tribunal militaire le condamne
à un
an de prison. Rapatrié il enseigne à Yainville
durant l'année scolaire
53-54 et réside rue de la République
près de chez Francis Pourhomme. Il
finit alors ses études de droit et divorce.
La suite, on la connaît :
Sirven est connu
pour avoir établi un gigantesque réseau de
corruption et pour avoir
détourné d’immenses sommes
d’argent alors qu’il était
numéro deux d’Elf-Aquitaine.
Souvenirs de Pierre Combe
Je me souviens des bancs en bois avec un trou en haut à droite pour l'encrier en porcelaine dans lequel on trempait son porte-plume dans l'encre violette, notre index était tout marqué; il y avait souvent des accidents et on rentrait a la maison le tablier tout taché.
Avec Jacques Cotelle nous étions enfants de choeur et, avant le début de la messe, M. le curé nous demandait d'aller acheter une bouteille de vin blanc chez Mme Greux. Pour le vin de messe.
Je me souviens de sa 4cv que l'on poussait pour la démarrer.
Le curé organisait tous les ans une kermesse dans un vieux château en ruine situé dans la plaine entre Yainville et Jumiéges. A cette occasion mon pére s'occupait du tournoi de foot.
Pour fabriquer l'huile, l'usine recevait des arachides dans des bateaux en provenance de Dakar. Un jour, le commandant a offert un singe a une personne du service entretien. Pendant plus de 15 ans, cette guenon, appelée " Fifille ", a cohabité avec le personnel de l'entreprise.
Depuis son origine, l'école d'Yainville n'avait qu'une classe unique. En 1956, elle en compte trois quand, en octobre, s'ouvre une quatrième.
1957, c'est l'inauguration officielle du nouveau groupe scolaire de trois classes et deux logements auxquels sera adjointe une section enfantine. Arrivée depuis peu du Maine-et-Loire, c'est Josette Claudet qui va assurer la direction de cette école-là, dite école des filles. Même si les petites sections restent mixtes.
Au premier plan, l'école des garçons. Dans la cour, à l'arrière, on aperçoit encore un petit débarras. Au second plan est l'école des filles. A gauche: la piste où nous allons faire du sport. Et puis la salle des fêtes où l'on va une fois par an à la visite médicale. La cuti nous fait peur et puis ça sent l'éther et le pipi...
Dans ces années 50, la
photographie
scolaire a évolué. On posait jusque là
en rang sur des bancs. Puis les clichés furent
pris dans la classe. On fit aussi des portraits individuels si
les parents y
consentaient.
Michel Thiollent: « Pour l'année scolaire 1956/57, on portait encore la blouse grise. Le nom de l'élève était brodé en rouge sur la poche. Une toile peinte en vert-gris avec des fleurs jaunes, apportée par le photographe, servait de fond au portrait. Pour la pose, on devait tenir dans les mains un gros livre. » (document: Michel Thiollent). Hors du nid, un livre de lecture obligatoire. Parenthèse de Michel Thiollent. Lire: |
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Jean-Claude
Meseray raconte...
M. Marcilloux m'a bien souvent
tiré les oreilles. Il avait aussi pour habitude de
sanctionner ses mauvais élèves en
pinçant la joue avec son pouce et son index. Redoutable
efficacité.
Mes sœurs et moi
avons quitté Yainville en 56. J'ai souvenir d'un Quevilly
Jean-claude.
A l'époque, le centre de Yainville était
animé par les fils Grain, Ferdinand Boquet, Baronchelli. Mes
souvenirs d'école sont
faits de Christian Marotte, Claudine Lecorre, Marie-Claude Pichon,
Chantal Kubista. Nous allions jouer chez les Mustad.
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