Par Laurent QUEVILLY
En 1846, Yainville a retrouvé un curé. Et l'on peut-dire qu'il est tombé du ciel, celui-là ! Car il a fallu batailler ferme pour rouvrir l'église et récupérer le legs laissé par le premier maire de la commune. Voici l'histoire tout aussi mouvementée du nouveau presbytère.

A la Révolution, le presbytère d'Yainville tombait en ruines. La bonne du curé, Marie-Catherine Delafenestre, en avait fait l'acquisition en 1819 et l'avait légué à la commune lorsqu'elle vint à mourir en 1843. Les héritiers Delafenestre avaient aussitôt intenté un procès contre la municipalité pour récupérer la bâtisse.

Alors, où l'abbé Bathélémy Lefebvre logea-t-il lorsqu'il fut nommé à la Noël de 1846. Sa mère était propriétaire du palais abbatial de Jumièges et il est à penser qu'il doit sa nomination ici à cette proximité.

A 39 ans, Lefebvre, finit par renoncer à son ministère et l'abbé Houlière nous vint d'Harfleur en 1851. On lui affecta la maison d'un particulier, M. Grain, maison qu'il qualifiera dans l'un de ses poèmes de "taudis" et de  "misérable masure". Mais on lui trouva bientôt un logement neuf...


Voici ce que nous apprend une délibération du conseil municipal en date du 16 avril 1867. Il est 5 h du soir quand nos élus se retrouvent autour de Jean-Augustin Lafosse fils, le maire. Il y a là Jacques Thuillier, l'adjoint, Jean-Baptiste Prunier, Jean-Louis Lafosse, Pierre-Louis Beaufils, Auguste Grain, Pierre-Antoine Sécard, Joseph Jeanne, Mamert Pinguet et Thomas Grain. Le compte est bon, Lafosse prend la parole :
"Sur sa demande, M. Le Mire, négociant et président de la chambre de commerce de Rouen, consent à vendre à la commune pour lui faire un presbytère une propriété située à proximité de l'église composée d'une solide et jolie maison d'habitation avec un petit jardin devant occupée par Monsieur Houlière plus une portion de verger y attenant faisant partie du corps de ferme exploité par le sieur Auguste Grain, le tout d'une superficie d'environ 17 ares 80 centiares.

Cette propriété paraissant convenable et pouvant être, à l'aide de quelques augmentations peu dispendieuses, appropriée au logement du desservant, je propose au conseil municipal d'en faire l'acquisition moyennant le prix de 4.000 F fixé par Monsieur Le Mire."

Le conseil fut unanime pour approuver cette acquisition jugée avantageuse et stipuler avec le vendeur l'époque du paiement, le taux d'intérêt, l'entrée en jouissance et toutes autres conditions d'achat puis faire dresser immédiatement après par un homme compétent les plans et devis des travaux supplémentaires, portant sur la construction d'un étage et qui devront être exécutés promptement et par voie d'économie.

La famille Le Mire

Pourquoi diable Armand Le Mire possédait-il une propriété à Yainville ? Officier de la Légion d'Honneur, l'homme est né à Rouen en 1793. Il suivit les traces de son père en devenant dirigeant de la maison Jean-Baptiste Le Mire & Fils, négociant, armateur et constructeur de navires. Il fut membre de la chambre de commerce de 1832 à 1837, vice président en 1847, président de 1848 à 1868. Il fut aussi président du tribunal de commerce de Rouen, conseiller municipal, membre de la commission des hospices et président du conseil d'arrondissement. Le Mire est mort en 1869. L'année suivante, on régla l'achat de la propriété à ses héritiers après un emprunt contracté auprès de M. Manoury, de Duclair.


Jean-Baptiste Le Mire, fils aîné d'Armand

L'abbé Houlière s'en va

Le 26 avril 1867, une promesse de vente fut signée. Elle confirme la présence de l'abbé Houlière dans la petite maison d'Armand Le Mire.

1) l'entrée en jouissance de la commune d'Yainville est fixée au jour de Saint Jean prochain pour tout ce que tient le sieur Houlière et au jour de Saint Michel 1869 pour la partie de verger occupée par le sieur Grain sauf à M. le maire à s'entendre avec celui-ci pour prendre plus tôt la possession de ce terrain...

L'abbé Houlière ne connaîtra pas le nouveau presbytère. Il fut nommé à Moulineaux et Yainville attendit un nouveau curé, l'abbé Cottin.

 Le plan d'Yainville
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Ce plan dressé à l'époque pour les besoins du projet est intéressant.
Le futur presbytère figure en vert, encadré par les fermes d'Auguste Grain et Pierre Levreux fils.
Dans la rue face à l'église semble figurer la première mairie-école d'Yainville édifiée à l'emplacement de l'ancien presbytère. Mais la municipalité n'a aucun crédit sur le dos et la date de sa construction est à préciser.
Le café de l'église n'est pas encore édifié.

Le Mire s'impatiente


Le projet prit du retard si bien que le 6 novembre 1868, Armand Le Mire écrivit à Baroche, ministre de la Justice et des Cultes.

"A la date du 21 août 1867 par un simple sus seing privé à Monsieur le maire de la commune de Yainville, un petit bâtiment sis en cette même commune et qui était destiné à faire presbytère pour la paroisse.
L'acte de vente devait être réalisé devant notaire dans un bref délai et voilà plus d'un an que cette vente a été faite et elle n'est pas encore régularisée. Monsieur le maire me dit que ce retard vient de ce qu'il n'a pas encore reçu les autorisations nécessaires.
Il paraît que les pièces de cette affaire sont maintenant dans les bureaux de votre ministère.
Je viens donc vous prier, Monsieur le ministre, de vouloir bien renvoyer ces pièces le plus tôt possible à la préfecture de Rouen.
Le bâtiment vendu n'est pas occupé et il aurait besoin de quelques réparations urgentes qu'il serait indispensable de faire avant l'hiver. J'ose donc espérer, Monsieur le ministre, que vous voudrez bien mettre Monsieur le maire d'Yainville à même de prendre possession dans un bref délai de la propriété à lui vendue."

Yainville cherche des fonds


Jumièges l'avait prédit au temps où cette commune s'opposait au rétablissement de l'église d'Yainville, arguant qu'elle n'aurait pas les moyens d'entretenir un prêtre et un presbytère. Eh bien, on en est là.
Le mardi 7 avril 1868, à 2h et demi de l'après-midi, le conseil délibère en compagnie des plus gros propriétaires sur l'imposition extraordinaire et l'emprunt urgent nécessaires à l'acquisition et aux travaux du nouveau presbytère.
Le tout s'élève à 11.930 F si l'on exclut un éventuel rabais sur les travaux, les aides éventuelles de l'Etat, du Département et même de la fabrique, voire une souscription si besoin.

Les deux casquettes de Victor Lesain

Agriculteur, le fils de Charles Lesain, ce maire d'Yainville qui s'opposa tant à la réouverture de l'église d'Yainville et garda si longtemps par devers lui le legs qu'avait fait son cousin à cet effet, le fils de Charles Lesain, dis-je, avait une double casquette. En témoigne cette demande qu'il formule au préfet le 31 juilet 1871.
"Le soussigné Victor Lesain, directeur de la société anonyme des voitures de Jumièges à Rouen, a l'honneur de solliciter de votre bienveillance l'autorisation de faire circuler de Jumièges à Duclair une voiture omnibus à six places qu'il destine à ce service."

Sept des propriétaires les plus imposés ont répondu à la convocation du conseil. Il s'agit de Victor Lesain, le fils de l'ancien maire qui refusait de son vivant la réouverture de l'église, François Mabon, un homme qui défendait les mêmes position, Alphonse Grain, qui sera assassiné en 1896, Jean-Laurent Delépine, Waninge Boullard, Pierre Levreux fils et Charles Victorin Gruley. On note deux absents parmi nos privilégiés : Sosthène Sabatier et Prosper Massif.

Les arguments du maire concernant l'imposition extraordinaire ? "La commune fait usage chaque année des centimes spéciaux pour les dépenses obligatoires de l'instruction primaire, les chemins vicinaux, le salaire du garde-champêtre et même pour le loyer d'une maison servant jusqu'alors de logement au curé desservant, centimes qu'elle doit s'imposer en vertu des lois spéciales avant d'établir de nouveaux impôts." Cela dit, ajoute Lafosse, la commune ne peut se dispenser de recourir à l'emprunt qui seul, avec les aides sollicitées, lui permettra de réaliser l'acquisition définitive du presbytère et les travaux. La fourchette de l'emprunt va de 3.000 à 4.690 F au taux maximum de 5% sur 15 ans. Sur la même période courra une l'imposition exceptionnelle permettant de faire face aux remboursements. Bref, passons vite sur les détails du montage financier. Passons plutôt au vote.

Le conseil est unanime. Mais sur les sept propriétaires convoqués, quatre refusent tout net de signer la délibération : Lesain et Mabon, bien sûr, mais aussi Delépine et Gruley.

L'expertise de Monsieur Sabatier



Le conseil avait décidé de recourir à un "homme compétent" pour évaluer les travaux à réaliser.
Le 1er août 1868, ce fut Pierre-Alphonse Sabatier, qui se chargea de l'affaire. Ancien arpenteur de travaux publics, ce propriétaire demeurait au Trait. C'est l'un des frères Sabatier, cette famille d'origine auvergnate impliquée dans les travaux de la Basse-Seine et qui exploitait des carrières à Yainville.

"Sur la réquisition et à la demande de Monsieur Lafosse, maire de la commune d'Yainville, me suis transporté en ce lieu, sur une propriété appartenant à Monsieur Le Mire et que la dite commune se propose d'acquérir pour en faire un presbytère à l'effet de procéder à l'expertise et à l'estimation de cette propriété dont j'ai d'abord fait le plan visuel de la manière suivante.


J'ai constaté que la dite propriété consiste :

1) en nature de verger et jardin, en un terrain ayant de façade sur le chemin de Duclair à Jumièges 35 mètres sur une profondeur de 50 mètres, ce qui donne une superficie totale de 17 ares, 50 centiares, prise même un plus grand verger dont le surplus appartient aujourd'hui au sieur Levreux.

2) en un bâtiment à usage d'habitation, de construction nouvelle, en briques et moellon, couvert en ardoises, éclairé par trois fenêtres, lequel bâtiment à usage d'habitation.
Au bout est un verger, vers la rue, et devant lequel il existe un jardin.
3) en un petit bâtiment à divers usages, séparé, se trouvant au bout nord de la maison,

que cette maison a de façade onze mètres quarante centimètres pour une profondeur de six mètres quarante centimètres et se compose d'une cave sous terre sur laquelle il existe une cuisine, cabinet, salle à manger, chambres et vestibule, on accède à cette maison par un perron en pierre de taille.
Que le petit bâtiment, aussi de construction nouvelle, est construit en bois et tenage, couvert en paille, a de façade quatre mètres vingt centimètres pour une profondeur de un mètre cinquante centimètres,
que la partie en verger qui est la plus étendue est plantée d'un grand nombre de jeunes arbres fruitiers.
Et que cette propriété est bornée dans son ensemble d'un bout à l'est le chemin de Duclair à Jumièges, d'autre bout et d'un coté au sud M. Levreux, d'autre côté M. Thomas Grain, duquel côté il existe une haie faisant clôture,
ensuite et après avoir examiné et visité la propriété dont il s'agit dans tous ses détails et les dépendances, je l'ai estimée a la somme de 4.000 francs.
Ce que j'ai signé à Yainville et en double les jours, mois et an susdits.
A. Sabatier.

Le sénateur-préfet avait maintenant toutes les pièces entre les mains, la délibération du conseil, le plan, le PV d'expertise, la promesse de vente du 26 avril 1867. L'enquête enfin n'avait soulevé aucune opposition. Alors, le 22 décembre 1868, elle adopta un arrêté autorisant la commune à mener son projet.

Les réticences du ministère



A Paris, le ministère des Cultes jugea le projet trop onéreux et préconisa des économies le 29 mars 1869. Ce ministère avait accordé une aide de 4.000 F payable en trois annuités mais les ressources de la commune restaient insuffisantes pour couvrir la dépense envisagée. "Il importe donc de chercher à la réduire au moyen de quelques simplifications. Il serait convenable de recommander à l'architecte notamment la suppressions des croûpes du comble qu'on remplacerait avec avantage par des pignons où pourraient être percés des jours pour éclairer le grenier, ce qui permettrait de supprimer également les lucarnes devenues inutiles.

Il serait en outre nécessaire d'inviter l'architecte à faire un sérieux examen de l'état des anciens murs auxquels projet donne une surélévation presque égale à la hauteur actuelle.
Toutefois, la sommes de 1.000 F, montant de la première annuité du secours ne sera mise à la disposition de la commune que sur le production d'un certificat constatant qu'elle est en mesure d'en faire régulièrement emploi."

A Rouen, l'architecte départemental revit la copie est parvint à réduire de 500 F le montant du devis. La préfecture dans le même temps décida d'une aide de 1.400F. Mais il restait un déficit de 1.030F à couvrir. "Pour le combler, il suffirait que le conseil municipal et les plus imposés élevassent de 3.000 à 4.000F l'emprunt voté le 7 avril 1868. D'un autre côté, pour éviter de solliciter un décret impérial et hâter la solution de cette affaire, il conviendrait de ramener à 12 années au maximum la durée d'amortissement  du dit emprunt. Dans ce cas, le pourrais vous autoriser immédiatement à le réaliser et la commune y trouverait avantage."

Le 11 mai 1869, neuf élus et quatre contribuables d'Yainville votèrent donc un nouvel emprunt conforme aux souhaits de l'administration ainsi qu'une imposition exceptionnelle pour les 12 années à venir. Parmi les ressources de la commune, on notait l'aliénation par la fabrique de l'église de 75 F de rente 3% sur l'Etat. Cette fois, Victor Lesain approuva cette délibération en compagnie de Grain, Levreux et Boullard, propriétaire et rentier à Duclair. En revanche, nombre de contribuables ne répondirent pas à la convocation : Mabon, Massif, du Houlme, Delépine, Pierre Caron de Guerbaville, Satabier...

Adjugé !


Le 4 juillet 1869, à 1 h de l'après-midi, le maire procède à l'adjudication des travaux dans la salle de la mairie. Il est flanqué de Thuillier et Beaufils, conseillers municipaux, du percepteur, de l'architecte Guesviller.

Le maire précise bien que les travaux devraient être achevés pour la fin août 1869 sous peine de 10 F par jour de retard. Une seule soumission fut déposée sur le bureau. Celle d'Hyppolite Senard, entrepreneur à Jumièges.
Hippolyte SENARD

Il fut nommé chef du corps des sapeurs pompiers de Jumièges le 4 avril 1860 et révoqué par décret en août 1882.
 Des affiches avaient été pourtant placardées 21 jours dans toutes les communes alentours. Un seul candidat ! Il n'y eut donc pas de concurrence, ce qui aurait suscité des tarifs plus serrés. Cependant, le lendemain de sa désignation, Senard consentit à un rabais de 3%. Voilà qui permettra de construire la citerne ajournée.

Bientôt, en refaisant ses calculs, le maire d'Yainville comprit qu'il aurait bien du mal à honorer jusqu'au bout l'emprunt pourtant approuvé en haut lieu. La préfecture dut promettre un nouveau secours pour couvrir le déficit prévisible en fin d'exercice. Et puis, il fallut un nouveau décret de Napoléon pour autoriser la fabrique à vendre, au cours de la bourse, 75F de rente 3% sur l'Etat pour aider à la construction du presbytère. C'est le legs de François Lesain qui, bien sûr, permettait cette opération.

L'agacement du nouveau curé


Les travaux commencèrent. Michel Cornu, marchand de plants et treillageur à Duclair planta 84 mètres de haie vive en épine soutenue par un solide treillage neuf en bois de sapin rouge de 1,60 m de haut, avec pieux en chêne, un  bon fil de fer pour attacher. Un décret impérial du 24 novembre 1869  autorisa la fabrique d'Yainville à aliéner une rente de 75 fr et à en employer le produit à l'acquisition, conjointement avec la commune, d'un immeuble destiné à servir de presbytère.
Manifestement, l'abbé Cottin qui avait succédé à Houlière ne supporta pas d'attendre le nouveau presbytère et demanda son changement. Il fut remplacé par un homme auquel les Yainvillais semblent avoir voué un profond respect.

Le vénérable abbé Enault



On avait passé beaucoup de temps chez le notaire pour arrêter les modalités d'achat du site, du paiement des travaux, du remboursement de l'emprunt. Ce qui nous mena très vite au 22 juin 1871. Ce jour-là, à 2 h de l'après-midi, le conseil se réunit avec un nouveau secrétaire de séance choisi parmi les élus : Emile Silvestre, le patron des carrières de Claquevent
(notre photo). Les débats vont brosser un portrait plus que flatteur du nouveau curé...

Lafosse donne lecture d'un compte-rendu daté de la veille et présenté à l'ouverture de la séance par l'abbé, Enault, nouveau curé de la paroisse. "Il résulte que ce digne prêtre prouve clairement que, pour et depuis son arrivée à Yainville, il a fait à la commune une avance de fonds de 415 F, au moins tant pour son emménagement dans l'ancien presbytère en diverses reprises que pour son entrée dans le nouveau plusieurs fois retardée. Sans compter les frais et débours accessoires que ses nombreux voyages et déplacements à ce sujet lui ont occasionnés pendant cette situation provisoire. Que néanmoins ce bon curé propose aujourd'hui à la dite commune l'entier abandonnement de cette somme, relativement importante, et même de tous ses faux-frais jusqu'à ce jour, pourvu qu'en retour celle-ci consente à lui faire construire d'urgence, immédiatement à côté de la citerne du presbytère a ses propres dépenses et par voie d'économie une buanderie dont le devis préparé ne s'élève qu'à 385, non compris la chaudière et le fourneau, mais dont se charge encore M. le curé et qu'elle veuille bien contribuer en outre, pour 50F seulement en nature ou en argent dans la construction d'un mur en brique et bloc devant la façade du presbytère sur une longueur de 24m et une hauteur de 2,20m, fondations comprises.

Ce vénérable ecclésiastique disposant déjà lui-même en y ajoutant aussi 50F de ses propres deniers d'un don suffisant d'une personne anonyme mais qui destine ce don exclusivement pour faire face au surplus de la dépense de ce mur s'élevant à 355 F environ.
En conséquence, M. le maire invite le conseil municipal à délibérer mûrement sur cette proposition qui lui paraît avantageuse pour une commune qui ne possède absolument rien.

L'abbé Enault avait été nommé à la Noël de 1864 vicaire de Gruchet-le-Valasse.
On lit de le bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, 1880 : "Mai. Hypericum hircinum L. est naturalisé à Duclair sur les berges de la Seine vers Yainville, M. l'abbé Enault, curé de cette paroisse, m'en a apporté des échantillons nombreux."
Le conseil, considérant que l'exposé de l'honorable M. l'abbé Enault n'est point exagéré mais fort juste et bien fondé, que d'ailleurs sa demande est d'autant plus acceptable qu'il y a certainement grand intérêt pour la commune d'Yainville, qui est très pauvre, à profiter surtout du don notable fait à M. le curé, quoique spécialement affecté à l'élévation du mur dont il s'agit, mais considérant aussi que la dite commune elle-même n'a pour longtemps encore que de très lourdes dettes à acquitter, avant de pouvoir s'imposer de nouveaux sacrifices pécuniaires, que le sait très bien son excellent pasteur...

Décide à l'unanimité reconnaître effectivement l'urgence réelle de l'établissement immédiat de la buanderie et du mur de clôture signalés par M. le desservant, dit que, quant au mur, la commune ne pouvant mieux faire, s'engage à fournir jusqu'à concurrence de 50F l'équivalent en charriages diverses et fournitures de Bloa (?) offerts gratuitement savoir les premiers par M. le maire lui-même et quelques cultivateurs de la paroisse, ses amis, l'autre par M. Silvestre fils, entrepreneur et conseiller municipal et que, quant à la construction de la buanderie, près de la citerne, par voie d'économie, outre que la générosité de ces Messieurs y prendra encore part sans doute en raison que M. le curé s'oblige libéralement par surcroît aux frais de la chaudière et du fourneau, la dépense totale de 385 F sera prise sur fonds de toute nature affectés aux paiement des travaux du presbytère (s'il y a lieu) ou sur les premiers fonds libres dont la commune pourra disposer. Seulement si besoin est, M. le curé avancera provisoirement encore sur ces fonds les sommes nécessaires pour la prompte exécution des travaux précités selon sa disposition librement exprimée et acceptée avec reconnaissance...

La réception des travaux


Le 6 novembre 1872, la buanderie et le mur étaient achevés depuis maintenant un an avec toute la solidité désirable et le curé demanda alors le remboursement de ses 385 F. Sous la plume de Silvestre, le conseil y consentit sans l'ombre d'une hésitation :

"L'an 1873, le 22 janvier, nous soussigné architecte de la commune d'Yainville, nous sommes transportés à Yainville pour examiner et vérifier les travaux d'appropriation d'un nouveau presbytère exécutés par le sieur Hippolyte Senard, entrepreneur.
Nous avons reconnu que ces travaux satisfont aux conditions du devis et se trouvent en bon état d'entretien.

"En conséquence, vu l'article onze du cahier de charges, vu le procès-verbal de réception provisoire en date du 30 août 1870, nous déclarons qu'il y a lieu d'accorder la réception définitive des dits travaux mais sous les réserves stipulées par l'article sept du dit cahier de charges pour des enduits réparés en mauvaise saison et qui pourraient ne pas résister à la gelée pendant l'hiver courant.

"Dressé à Yainville les jour, mois et an que dessus.
E Guesviller



Yainville attaque Senard



Deux conseillers étaient morts. Et c'est sans Jean-Louis Lafosse père et Louis Dubosc que le conseil se retrouva le jeudi 13 juillet 1873 à 3h de l'après-midi.
Lafosse donna lecture du dossier complet des travaux de Senard et invita le conseil à approuver la réception des travaux et le paiement ultérieur du solde restant dû à l'entrepreneur.
"Le conseil municipal, écrit Silvestre, après mûres discussions et un examen attentif du dossier qui lui est soumis..." Eh bien que fait-il, le conseil, il conteste ! Oui, il conteste le solde restant dû. Senard. Pourquoi ? Le presbytère devait être livré fin septembre 1869. Il ne l'a été que fin mai 1870. Huit mois de retard dont les trois dernier ont été consacrés à la construction de la citerne ajournée par la commune elle-même, elle le reconnaît. Mais reste cinq mois. Ce qui vaut une retenue de 1.500F. Et puis il y a aussi cette affaire :
"Considérant que du fait de l'entrepreneur Senard qui a occasionné le départ de l'ancien curé Cottin qui, lui-même prétendait absolument habiter à St-Michel 1869 le nouveau presbytère, la commune s''est alors trouvée dans la nécessité de payer 500F, tant pour une année de plus de loyer de l'ancien presbytère, que pour l'arrivée et les deux déménagements de son nouveau curé desservant, M. l'abbé Enault.

Senard défend son honneur 


10 mars 1873, Senard d'indigne auprès du préfet :
"J'ai l'honneur de répondre à la lettre que vous avez adressée à Monsieur le maire de Yainville le 4 mars courant, relativement aux travaux du presbytère de cette commune.
Cette lettre ne m'a été communiquée que samedi soir, 8 courant, vers 7 heures.

Pierre Lizot, né au Havre, préfet de la Seine-Inférieure de 1871 à 1876. Il sera sénateur monarchiste...

Permettez-moi, Monsieur le préfet, de vous donner les explications que vous demandez dans votre lettre du 4 mars courant.
"Le 25 juillet 1869, j'ai entrepris les travaux de réédification du presbytère de Yainville. Par suite de modifications et changements faits et ordonnés par M. l'architecte, ces travaux n'ont commencé qu'à une époque bien plus tardive que celle indiquée au cahier des charges et même du procès-verbal d'adjudication qui a été modifié. Or, l'exécution n'a pu se faire que sous et d'après les ordres de Monsieur l'architecte. En ce moment, et depuis longtemps, j'ai réclamé le montant de ce qui m'est resté dû par la commune d'Yainville.
On objecte du retard, mais d'où serait-il provenu, Serait-ce de mon fait, qu'est-ce qui le constate ?
Monsieur l'architecte sous les ordres duquel j'ai agi s'il en avait été ainsi m'eut fait faire une mise en demeure si je n'avais pas exécuté les travaux qu'il dirigeait. Mais cela eut été impossible puisqu'il est survenu souvent des modifications qui nécessitaient forcément du retard. D'ailleurs, les faits que j'ai l'honneur d'adresser à Monsieur le préfet sont à la connaissance de Monsieur Guesviller, architecte à Rouen, qui conduisait ces travaux et en a fait la réception définitive.
Depuis bien longtemps, je désire être soldé de ce qui m'est dû par la commune d'Yainvlle. Jusqu'à présent, mes démarches ont été vaines et même sans solution.
Afin qu'il y ait un terme à cela, je m'adresse à Monsieur le préfet pour le prier de faire terminer cette affaire au plus tôt."

Séance houleuse au conseil



Le préfet presse la municipalité d'en finir avec ce différend et, le jeudi 27 mars 1873, la séance promet d'être tendue au conseil d'Yainville. Senard est là. Sa lettre au préfet est sur le bureau. On lui donne la parole mais au lieu de repousser énergiquement la responsabilité des cinq mois de retard, il y répond par des propos évasifs. Voilà qui conforte nos élus, car ces cinq mois ont bien été constatés par l'architecte. On lui demande de formuler par écrit ou verbalement de nouvelles observations. Il refuse et maintient avec une volonté absolue celle qu'il a déjà faites. On insiste : qu'il produise un mémoire détaille expliquant ce retard. Il refuse. Alors la commune s'en remettra à l'architecte pour trancher. "La commune n'entend n'exiger que ses droits et soutenir avec honneur ses propres intérêts", estiment les conseiller. Le principal tort attribué à Senard ? "dans ce conflit regrettable pour l'une comme l'autre, c'est assurément la négligence notoire et trop réelle de n'avoir toujours occupé à ces travaux qu'un trop petit nombre d'ouvrier à la fois (quand il s'en trouvait plusieurs) et à de trop grands intervalles, à cause sans doute d'entreprises beaucoup plus importantes qu'il avait à terminer à Jumièges même cette année-là, particulièrement celles de Mme Veuve Eric Cointet et de Monsieur Grandchamp s'élevant ensmble à 100.000F au moins et qu'on peut lui prouver au besoin.

Au surplus, considérant qu'il n'y a pas lieu pour le conseil de transiger "amiablement" à cet égard avec le dit entrepreneur puisqu'il refuse péremptoirement toute proposition d'arrangement et repousse opiniâtrement toute responsabilité de ses retard.
Par ces motifs, le conseil municipal est d'avis, à l'unanimité

1) de blâmer sévèrement comme provocatrice, calomnieuse et insultante l'assertion de Monsieur Senard, entrepreneur, contre la lettre de M. le maire à M. le préfet du 9 mars dernier sus-énoncée et justifiée au conseil par la nouvelle déclaration du garde-champêtre d'Yainville, comme il est dit ci-dessus, mais ce sans acrimonie, sans récrimination ni rancune.

2) de maintenir entièrement et appuyer même derechef sa dite première délibération du 13 février dernier en toute sa teneur concernant la réception et le solde des dits travaux.

3) S'en rapprocher, du reste, à la loyauté et à l'impartialité qui l'honorent de M. Guesviller, architecte pour les changements faits dans le cours des mêmes travaux et pour trancher sagement et prudemment les parts de retards dont il s'agit.

4) et enfin que M. le préfet ou le conseil de préfecture appelle et entende donc préalablement avec sollicitude, avec intérêt MM Guesviller et Senard conjointement s'il y a la possibilité et se prononce ensuite le plus tôt possible avec une bienveillance partagée sur ces différends ainsi qu'il est stipulé à l'art. 16 du cahier de charges "Les contestations qui pourraient s'élever soit en interprétation du devis et du cahier de charges soit sur l'exécution des travaux seront jugées par le conseil de préfecture conformément à la loi du 28 pluviôse an VIII comme travaux publics. L'entrepreneur et sa caution seront soumis aux décisions de ce conseil qui seront provisoirement exécutoires sauf recours au conseil d'Etat."
Mais dans cette hypothèse, cinq mois de retard sur deux accordés à l'entrepreneur ne sont-ils pas vraiment exagérés de sa part, surtout lorsqu'on les doit compter à 10 F par jour ?... A quoi servent donc les écrits enregistrés et les dispenses de caution ?...
Le conseil municipal espère et attend la réponse avec confiance !"

Yainville prend une claque


Les Yainvillais finirent par réduire de 1.500 à 500F la somme réclamée à Senard. Ce dernier ne voulut rien entendre et déposa une requête en bonne et due forme qui fut enregistrée le 6 décembre 1873 au greffe du conseil de préfecture et prit Me Blondel pour avocat. Arguments : les retards ne sont dus qu'aux nombreux changements apportés au devis primitif. Lui n'a commis aucune faute ouvrant dommages et intérêts et n'a reçu aucune mise en demeure. Ce que Senard démontre, c'est que la commune veut tout simplement se rembourser sur son dos du loyer de l'ancien presbytère. A Rouen, on entendit les conclusions de M. de Gironde, secrétaire général, commissaire du gouvernement. Et un arrêt fut prononcé : c'est Yainville qui versera 500F à Senard. Et avec intérêts ! Oui, avec des intérêts calculés depuis le 6 décembre 1873, date de la demande. La claque !
Sénard vint donc demander son dû à la mairie d'Yainville. Celle-ci traîna un peu les pieds en arguant qu'il lui fallait le PV de réception définitive resté entre les mains de la préfecture pour procéder au paiement. Ce fut la dernière cartouche de cette bataille procédurière.

La visite du cardinal-archevêque


Le dimanche 19 avril 1874, le Cardinal Henri de Bonnechose, au cours d'une tournée dans le canton de Duclair vint à deux heures de l'après-midi visiter l'église d'Yainville. Une visite relatée par la Semaine religieuse :
 " La grosse tour, formant clocher et servant aujourd'hui de Chœur, avec l'abside semi-circulaire qui le ferme, ne sont pas sans intérêt, en raison de leur haute antiquité. ils remontent au XIe siècle. Mais on y recherche vainement l'autel en pierre contemporain de l'édifice que maint archéologue a eu le bonheur d'y rencontrer." Lire le texte intégral :  



Décoration fantaisiste à l'église...


L'abbé Enault fut le seul curé à occuper ce presbytère neuf. Que retient-on de son ministère. On sait que, dès 1870, il butinait aussi la paroisse d'Heurteauville.
Le 6 août 1880, l'abbé Tougard, co auteur de la Géographie de la Seine-Inférieure, visite
"la jolie absidiole de l'église d'Yainville." L'homme a du sang jumiégeois dans les veines. Ils descend des Mainberte. Et ce sang, il ne fait qu'un tour quand il découvre que l'église a été fraîchement décorée de têtes d'anges d'une parenté fort douteuse avec ceux de Raphaël. "Ils ont dû, s'exclame-t-il, être exécutés, au plus juste prix, par quelque vitrier de la contrée." Tougard s'interroge: de tels enjolivements d'un monument historique trouveront-ils grâce devant le Comité supérieur des Beaux-Arts et même devant la Commission des Antiquités. Là, M. Drouet lancera : "J'aimerais à croire que ce travail ne s'est fait qu'après l'accomplissement de toutes les formalités administratives !" Réponse de Tougard: " La fabrique n’a certainement pas été consultée, puisque le Curé n'a connu ce projet qu'en voyant les ouvriers à la besogne..." On suppose donc que l'initiative de cette décoration de mauvais goût en revient à la municipalité. Jean-Augustin Lafosse est toujours maire à cette époque.

Nouvelles réparations


Septembre 1880. L'abbé Hénault est parti depuis un an, remplacé par Arthur Lejeune, 31 ans. Il vivra au presbytère en compagnie de son frère, sa mère et sa tante...
L'archéologue Pellay constate l'état de délabrement de la toiture de l'église. Du coup, le président de la commission des Antiquités provoque une réunion le 21 mars suivant pour exposer la demande de la commune d'Yainville de réparations urgentes pour la toiture et le clocher.  "La dépense totale s'élèverait  à la somme de 2,5oo francs. M. Pelay, au mois de septembre dernier, a reconnu l'état de délabrement de la toiture." On rappelle encore une fois que Saint-André a eu l'honneur d'une gravure en Angleterre avant de conclure: "La commission, en présence de la haute antiquité de l'église d'Yainville, classée au nombre des monuments historiques, et en raison des ressources complètement insuffisantes de la commune, décide qu'il y a lieu d'appuyer cette demande auprès de M. le Préfet." Mais on ne s'engagera que lorsque les élus yainvillais auront tout de même voté une part contributive. Ce qui fait ajourner la décision définitive. Et le 28 avril 1881, la commission accorde enfin une subvention de 2.500 F. Les travaux furent achevés en 1882. A cette époque, M. Barthélémy présenta à la commission une reproduction photographique grand format de l'église d'Yainville. 1882 ! On rêve de l'avoir sous les yeux !

  En 1884, le curé d'Yville desservit la paroisse. Puis vint l'abbé Firmiseux, puis vint l'abbé Caron qui nous quitta le 20 octobre 1889. Ce fut le dernier curé d'Yainville. Dès lors, le vicaire de Duclair, l'abbé Rivière, butina la paroisse.

  Le 8 janvier 1899, la municipalité réclamait encore un prêtre à l'évêché. La restauration de la paroisse n'aura pas duré 50 ans.

Considérant que la commune d'Yainville n'a plus de prêtre depuis neuf ans,
Que Monsieur le Doyen de Duclair étant décédé récemment, Yainville ne va plus pouvoir être desservir par Monsieur le vicaire de Duclair,
Que la commune d'Heurteauville, autrefois desservie par Yainville, n'a pas de prêtr et que Yainville est le plus près d'Heurteauville,
Que la fabrique d'Yainvile a une rente de 400F qui est donnée comme supplément au prêtre de la paroisse,
Qu'Yainville a une gare de chemin de fer, une église monument historique, un presbytère avec une cour plantée et un jardin,
Que la commune est assez religieuse et récla un prêtre,
émet le vœu à l'unanimité :

1)) qu'il plaise à Mgr le cardinal archevêque de nommer un prêtre à Yainville et s'engage à faire tout son possible pour lui rendre le séjour agréable,

2) que le prêtre d'Yainville desserve Heurteauville dont la résidence est moins agréable que celle d'Yainville,

Enfin le conseil accepterait avec grand plaisir Monsieur l'abbé Rivière, vicaire de Duclair, qui bine à Yainville depuis plusieurs années et y est connu et très estimé.

Ce furent ensuite les curés de Jumièges qui vinrent assurer les offices. Bientôt, le presbytère étant inoccupé, la préfecture mit la commune au pied du mur Elle se refusa à vendre et décida de le louer en 1905. Toutefois, si jamais un curé venait à revenir, le locataire aurait quinze jours pour déguerpir.
Un fabrique subsistait toujours en 1906 et la municipalité en approuvait les comptes chaque année.

En févreier 1907, alors que le maire se fend d'un réglement sur la sonnerie des cloches, le préfet pousse la commune soit à louer, soit à vendre le presbytère. La première solution fut retenue et l'on décida d'en faire la publicité.

Le presbytère fut habité par M. et Mme Renard en 1907.
En 1914, on décida d'y planter six pommiers. En 1916, de nombreuses demandes d'achat ou de location affluaient. On décida de ne rien faire. Depuis le décès de son mari, Mme Renard n'y habitait plus et son bail fut annulé en 1916. Suivit Mme Béyer. Cependant, un clause du bail stipulait qu'elle ne devait pas sous-louer; Ce qu'elle ne respecta pas. On lui augmenta son loyer. Ne répondant pas aux courriers, elle fut remerciée en 1918.

En 1921, M. Lapeyre résila son bail. En 1924, la préfecture poussait encore la commune a vendre ses propriétés non affectées à un service public. Ce qu'elle refusa encore. La société des Corps gras occupa les lieux jusqu'en 1934.

Le 27 juin 1937, la Municipalité adopta cette délibération : "Le conseil municipal décide la création d'une école de filles à l'emplacement de l'ancien presbytère. La locataire actuelle sera avisée de cette décision afin de libérer les locaux en temps utiles (juillet 1940)". La guerre vint manifestement contrarier ce projet...

Réquisitionné par les Allemands


En attendant, on engagea encore des travaux de réfection des murs en les confiant à l'entreprise Molinari. Les derniers occupants ? Pierre Van de Perre,  son épouse Madeleine Béyer et leur fils Francis. Le couple réclama l'installation d'une pompe qui leur fut refusée dans un premier temps puis acceptée après protestation et enquête des services d'hygiène. M. Charles se chargea des travaux en garantissant de l'eau toute l'année.


Face au presbytère, l'épicerie Bidaux...

Durant l'Occupation, la maison fut réquisitionnée par les Allemands. Flamand, Pierre Van de Perre comprenait leur langue. Mais il se garda bien de le dire. Il se proposa de faire le ménage dans sa propre maison, arguant du fait que les soldats auraient pu casser quelques bibelots et précieux souvenirs de famille. Il put épier ainsi les conversations des Allemands. Les Van de Perre étaient hébergés à l'époque par la famille Rodriguez tandis qu'en face, les Bidaux, qui tenaient épicerie et café, accueillaient la famille Kubista dont la maison avait été détruite.

La mort du presbytère



Dans les années 65, en vue de la construction des immeubles, on rasa ce bâtiment qui avait tant défrayé la chronique locale et n'avait pas cent ans. A l'arrière, une vieille maison yainvillaise a subi le même sort. C'était celle de la famille Rodriguez durant la guerre. Dans les années 50, elle fit construire une maison neuve à l'emplacement de l'ancienne ferme Grain. Dans leur ancienne maison s'installa la famille Dufour. Dans les années 60, la famille de M. Louis Joseph en fut les derniers occupants.
Dans le journal de l'école, les élèves de M. Charon firent un petit reportage sur la destruction du presbytère. On aimerait en avoir copie...

  Sources

 - Archives départementales de la Seine-Maritime, dossier 7V2/102, numérisation Jean-Yves et Josiane Marchand, rédaction Laurent Quevilly.
- Didier Bidaux pour l'épilogue.
- La semaine religieuse, 25 avril 1874.
- Délibérations du conseil d'Yainville numérisées par Edith Lebourgeois, rédaction  Laurent Quevilly.

Tout scan de photo, de document, toute anecdote sur l'ancien presbytère et la maison voisine seront les bienvenus