En 1994, au festival de Douarnenez, j'interviewais René Vautier, le réalisateur d'Avoir vingt ans dans les Aurès. Dès le lendemain, j'étais cloué au pilori d'un journal d'extrême-droite. Récidive...

Vautier







 
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Au festival de Douarnenez, le documentaire de Vautier, "L'autre détail", suscita en toute logique la réaction de nostalgiques de l'Algérie française. Ce fut le coup d'envoi d'un long feuilleton judiciaire qui allait se focaliser autour de Avoir 20 ans dans les Aurès, le film majeur de René Vautier projeté lui aussi en 94 à Douarnenez après de longues années de censure. Le synopsis ? En avril 61, un commando formé d'appelés bretons affronte un groupe de l'ALN et fait un prisonnier algérien, Youssef.
Incarné par Alexandre Arcady, Noël, soldat français blessé lors de l'accrochage, est instituteur dans le civil. Il se rappelle alors les événements vécus avec ses camarades au cours des derniers mois : leur opposition à la guerre les a conduits dans un camp d'insoumis ; il se remémore la façon dont leur chef, campé par Philippe Léotard, a su les transformer. Ces antimilitaristes sont devenus d'insatiables chasseurs de Fellaghas. Tous, sauf lui, Noël, qui finit par s'enfuir avec Youssef. Tous deux tomberont sous les balles françaises...
On notera au passage que, fils d'un légionnaire hongrois et d'une juive algérienne, Alexandre Arcady interprète le rôle principal de ce film. Arcady qui, rapatrié, aura les succès que l'on sait avec Le coup de Sirocco, film imbibé de la nostalgie des Pieds noirs à l'égard du pays perdu et qui révèle un jeune acteur, Patrick Bruel, aux côtés de Roger Hanin. Puis ce sera Le Grand pardon et le Grand carnaval avec le même Hanin, Pied noir de renom...

En 1997, le film de Vautier créera encore la polémique au festival de Tourcoing. De nouveau présenté au festival de Douarnenez en 2007, il est violemment contesté par une tenante de l'Algérie française. Débute alors une série de procès entre Vautier et ses détracteurs et il ne nous appartient pas d'en juger. Bien qu'il soit une fiction et non un documentaire, "Avoir 20 ans dans les Aurès" cristallise, symbolise même tout le conflit entre deux visions de la guerre d'Algérie qui, aujourd'hui, n'ont pas fini de s'affronter. Mon papier de 94 :



Vautier

















Le film a été restauré en 2021 par la Cinémathèque française avec le concours de celle de Bretagne et du Conseil régional. Il est alors programmé à la Mostra de Venise et débute une nouvelle carrière avec le 60e anniversaire des accords d'Evian.


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