Par Laurent Quevilly-Mainberte

A Pascaline Mauger
Ma bisaïeule.


Prenez n'importe quel bac, vous y trouverez toujours un Mauger. Voici bien des années, c'eût été un dicton, tant ils ont fourni de bras à nos embarcations. Histoire d'une dynastie de marins...


Contrairement à mes autres ascendants marins, la lignée des Mauger a échappé aux batailles navales de la Révolution. Mais elle nous conduit tout droit jusqu'aux Poilus de 14. Avec leurs héros, leurs déserteurs mais aussi leurs victimes. Voyez le monument aux morts d'Yainville : leur nom est gravé a jamais dans la pierre...

Pierre Mauger Ier du nom...


Né à Saint-Pierre-de-Manneville en 1789, prénommé Jean et Pierre, fils d'un propriétaire terrien, c'est ce Pierre Mauger qui créa dans notre région une dynastie de marins. Mais il y avait une branche cousine qui, elle aussi, fut pourvoyeuse en navigateurs. Ces deux lignées ont pour ancêtre commun Guillaume Mauger, né vers 1650 et époux de Jeanne Desvaux à Saint-Pierre-de-Manneville

Pierre Mauger, mon ancêtre direct, est un homme grand pour son époque, 1,83 m, les yeux bleus et les cheveux blonds, le front découvert, un nez fort et la bouche moyenne, le visage ovale et un menton rond.

Pierre a 21 ans quand le tout premier vapeur remonte la Seine et sème sinon l'effroi au moins la stupéfaction sur les rives de la Seine. C'est une révolution. Nous sommes en mars 1816.
     
Pierre Mauger 1789-1862
&1813 Armande Elisabeth Bérenger 1789-1860     
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Pierre Mauger 1816-1873
&1839 Désirée Phrasie Louiset 1820-1899            |      
      Adelaïde Pascaline Mauger 1846-1927
&1866 Pierre Delphin Chéron 1838-1908            |      
      Julia Chéron 1872-1919
&1896 Emile Mainberte 1872-1917      
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      Andréa Mainberte 1912-1958
&1937 Raphaël Quevilly 1906-1994      
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      Laurent Quevilly 1951  


    
 Dès lors les tenants de la vieille marine en bois auront une certaine méfiance à l'égard de ce nouveau mode de propulsion et de ces coques en métal. Elle s'exprime encore le 1er dimanche de mai 1840 à La Bouille où deux incident sont dénombrés.
A 7h du matin, un jeune-homme conduit un batelet quand arrive l'Union. Le capitaine Boquet a le temps de stopper les machines. A 14h, le marin d'une gribane traverse la Seine quand son embarcation est broyée par la roue de l'Emma. Aussitôt plusieurs barques vont vers lui et Piquefeu, un ouvrier du port, parvient à sauver le désespéré. Le Journal de Rouen s'empresse de préciser qu'aucune faute n'incombe aux capitaines des vapeurs.

A compter de 1850, Pierre Mauger est patron du navire l'Espérance,
du port de un tonneau lancé à Dieppedalle en 1832 pour pratiquer la pêche fraîche. Occasionnellement, il se fait matelot sur d'autres navires que le sien : le Pierre en 1856 et 59, le Vainqueur en 57. Son dernier débarquement de l'Espérance eut lieu le 10 juin 1861 à Sahurs. Il devait mourir le 26 mai 1862 à Elbeuf.

Son épouse, Catherine Chefdeville, lui avait donné une dizaine d'enfants dont certains embrasseront le métier de marin :

1) Jude Adolphe Mauger, né en 1833 à Saint-Pierre-de-Manneville, pêcheur. En 1850, il est matelot sur le Jean-Pierre à la pêche. En 1853, il dit renoncer à la navigation pour être cultivateur mais réembarque aussitôt sur L'Espérance de son père. Porté novice au syndicat de Sahurs en 1856.

2) Antoine Tranquille Mauger, né en 1820 à Bardouville où il resta demeurer, batelier au commerce. Il mesurait 1,65 m, châtain, les yeux noirs.  Il a servi deux ans dans l'artillerie.
Il s'est marié en 1849 à Guerbaville avec Rosalie Julien. En septembre 1848, le commissaire général du Havre l'autorise à commander le Parfait. C'est un sloop de 40 tonneaux construit en 1828 à Dieppedalle et appartenant d'abord à une société anonyme puis à Mauger lui-même. Il a Pierre Joseph Mansel pour mousse.
A partir de 1854, il est patron de la Marie-Anne, sloop de 48 tonneaux construit en 1822 à Auray et portant un équipage de trois hommes.
En 1883, il arme à la pêche fraîche à bord de La Rosette, un tonneau, construit à Rouen en 1872. Matelots : Emile Lécuyer remplacé par Frétel, de Lillebonne, en 1884. En 1885 apparaît Louis Lecomte, de Guerbaville.
Le 2 avril 1886, toujours patron de la Rosette, mais on la présente comme un bateau non ponté de un tonneau construit à La Mailleraye en 1884. Matelot : Cyrille Fretel. Les deux hommes désarment en octobre 86. Réarment du 7 avril 1887 au 30 octobre à La Mailleraye. Dernier embarquement : 22 avril au 1er octobre 88.
Antoine Tranquille est mort en 1891 à l'hospice de Caudebec. Il eut :

Auguste Mauger. Né à Guerbaville en 1850, Tranquille est son second prénom, on le retrouve comme mousse de son père le 23 septembre 1861 à bord de la Marie-Anne jusqu'au 27 juillet 1865. En 1882, il pratique la pêche fraîche à bord des Amis, navire de un tonneau construit à Rouen en 1880. Il a pour matelot Edouard Dauphin, de Guerbaville. Aspirant pilote, soupirant de Marie Thuillier, il l'épousa en 1883 à Guerbaville.
En 1892, pilote retraité, il pratique la pêche fraîche à bord de L'Yvonne, navire d'un tonneau construit à La Bouille en 1888. Il a Louis Lecomte pour matelot. Figure sur les listes électorales de La Mailleraye en 1903 et 1913 comme pilote retraité et résidant au bourg.

Jules Achille Mauger. Né à Guerbaville en 1857. Bland, les yeus bruns, 1,71 m, il fut libéré de la Royale le 13 octobre 84 avec le grade de QM2 après 7 ans de service . Après quoi, il est matelot et très vite patron au Havre sur des navires de pilotage: Henriette et Marie, Deux-Sœurs; Maître Pierre, Charles-Héloöse... On le nomma aspirant pilote en décembre 87 et il fut dès lors inscrit dans le quartier du Havre. Il habitait 39 rue des Drapiers.

Léonce Marie Joseph Mauger. Né à Guerbaville en 1862. Il navigua 44 mois au commerce comme mousse et 13 comme novice. Au conseil de révision de Caudebec, il fut réformé pour déformation du coude gauche suite à un traumatisme datant de 19 ans. On le porta aussitôt Hors service. Il est décédé au Landin le 7 septembre 1895.

3) Pierre Mauger, qui suit, second du nom, né le 1er mai 1816 à Bardouville avec les prénom de Jean et Pierre...

Pierre Mauger II



Lorsqu'il se marie, en 1839, à Quevillon, avec Euphrasie Louiset, née de père inconnu et dite aussi Désirée Phrasie, Pierre fils est alors charretier chez un oncle. En 1846, mon ancêtre exerçait le métier de cultivateur, à Saint-Pierre de Manneville quand naquit mon arrière-grand-mère, Adélaïde Mauger. Mais, très vite, on retrouve Pierre sur l'eau. Et il fut autorisé à commander en vertu d'une décision ministérielle en date du 25 avril 1850.
En 1854, il commande le Parfait, sloop construit à Dieppe en 1828 du port de 24 tonneaux et appartenant à Hardel. Il navigue au bornage de Rouen à Caudebec.
En 1854, il échappe à une levée est reste maintenu dans ses foyers par décisions du commissaire général du Havre. En 1856, il passe au syndicat de Sahurs. De 1858 à
1865, il aura toujours une fils comme mousse à bord du Parfait. Car lui aussi a une dizaine d'enfants qui suivent ses traces.

En 1858, alors qu'il réside à Jumièges, l'une de ses filles, Désirée Adoline, se retrouve enceinte. Elle à 17 ans. Un soir de décembre, assistée du docteur Victor Condor, Désirée accoucha d'une fille que l'on prénomma Adolphine Pascaline, dite aussi Adolphia. Le nom du père est très facile à deviner : c'est Adolphe Pascal Cavoret, 31 ans, fils du maire de Duclair et lui-même médecin. Mais pour l'heure, la petite Adolphine n'est pas reconnue et va garder le nom de Mauger. Ce n'est que douze ans plus tard que le Dr Cavoret fils épousa enfin Désirée Adoline. Celle-ci était alors femme de confiance à Elbeuf. Les parents des époux n'assistèrent pas à leurs noces. Mais il y avait des invités de choix. Comme Georges Denise, le patron de l'hôtel de la Poste,.



En 1860, Pierre Mauger II est toujours patron du Parfait avec Pierre Arthur pour novice et Louis Albert pour mousse. Ils naviguent toujours de Rouen à Caudebec, débarquent à La Mailleraye.
Le recensement de 1861 montre que la femme de Pierre, Euphrasie, rebaptisée à tort Langlois, est épicière à Heurteauville. Sous leur toit vivent Albert, Jules, Adelmen et Gustave, fils âgés de 3 à 13 ans et la petite Adolphia, deux ans, qui attend toujours d'être reconnue par son médecin de père...

Le 12 janvier 1865, on commenta avec effroi la catastrophe de l'Impératrice survenue à Guerbaville. Louis Albert est le mousse de son père en 1865.

En 1866, à Jumièges, Pierre Mauger maria sa fille Adélaïde avec un marin du cru : Pierre-Delphin Chéron, un homme qui avait fait sa campagne d'Italie. Il sera passeur du bac d'Yainville et après lui ses fils et petit-fils.
Après la mort de Pierre Mauger, survenue au Passage de Jumièges le 5 septembre 1873,  sa veuve exploita encore le bac de Jumièges en compagnie de ses fils. Elle était cabaretière.
Octobre 1881, Alphonse Richer, fermier du passage, est déchu de ses fonctions : il ne tient pas de rôle d’équipage et ne paie pas ses termes. Le 21 octobre a donc lieu une nouvelle adjudication. Deux candidats se présentent : Onésime Persil, du Landin, et la veuve Pierre Mauger avec ses fils fils, Louis et Gustave. Le passage est adjugé le 23 décembre à la veuve pour un caution de 500 francs et 560 francs de bail par an. Les Mauger habitent tout près de la cale rive droite.
Janvier 1884 la veuve se plaint que son passage a beaucoup perdu et demande une diminution de son bail. Effectivement, entre 1882 et 1883, le produit du passage est passé de 2197 à 1369 francs. Cet diminution est attribuée à la mise en service du bac de Yainville. Dans le même temps, il y a eu sous-production des fruits dans la presqu’île et le produit de leur mise à bord des bateaux à vapeur est passé de 863 à 152 francs.
NAUFRAGE...

Février 1880 : le  sloop  Les Amis,  du Havre, capitaine Mauger, allant de La Mailleraye au Havre, avec un chargement de cotrets s'est échoué dans la  soirée du 18 courant, en face de la  pointe de  la Roque. A  la marée baissante, le bateau a chaviré et son chargement est parti à la dérive le  long de la côte. Le  sloop a été ensuite poussé la quille en l'air sur l'endiguement Nord où il s'est brisé. L'équipage, qui se composait de trois personnes, s'est  sauvé dans  le canot. Le sloop Les Amis était de 49 tonneaux ; il  avait été construit à la Mailleraye en 1841 et il appartenait à  M. Mauger,  frère du  capitaine.

Les frais, eux, sont restés les mêmes, dont le salaire de deux hommes, 840 francs par an, et leur nourriture, 1095 francs. L’ingénieur accepte ces remarques et réduit le fermage à 200 francs. En 1886, le bac est adjugé cette fois à Onésime Persil.
 
Les fils marins de Pierre II


1) Pierre Arthur Mauger (1843-1888). Châtain, les yeux gris. Mousse avec son père à bord du Parfait en 1858, il demeura successivement à Jumièges et fut batelier à Yainville. A 20 ans, en 1863, il est novice sur le Marie-Anne. Mais, le 17 août 1863, il est levé à Rouen et dirigé sur Cherbourg. Là, il est admis le 25 août à la 1ère compagnie d'inscrits. Il passe le 27 septembre à la division de Toulon et embarque le 1er octobre sur le Montebello. C'est un vieux navire-école en fin de course construit en 1810. On y forme les canonniers. Quand Pierre-Arthur y embarque, une catastrophe a eu lieu quelques mois plus tôt. L'explosion d'une culasse de canon a fait quatre morts et quatorze blessés.
Le 1er juin 1864, il débarque du Montebello avec le brevet de canonnier de 2e classe. Toujours à Toulon, il embarque le 17 juillet à bord du Bucéphale
Le 5 mai 1865, on l'envoie en congé renouvelable à quart de solde.

Dès le 19 mai 65, il est patron sur la Marie-Caroline basée à La Mailleraye. En 1867, il habite au Landin. Mais on le dit libéré de la Royale le 25 août 1869 après six ans de service.
En 1877, Pierre Arthur commande L'Albert Alphonsine, construit en 1870 à La Mailleraye, du port de 28 Tx, pour le compte des carrières Sabatier à Yainville.
En 1880, il est second patron sur une gribane des carrières Silvestre, Le Charles-Alexandre, 19,90 tonneaux, lancée la même année à La Mailleraye et commandée par Persil. L'année suivante, Pierre-Arthur en prend le commandement jusqu'au 10 janvier 1887. Il réarme le 11 avec Louis Crestey de Saint-Vaast. Le navire désarme le 15 janvier 1888 à Rouen. Pierre Arthur est présent au désarmement. Pourtant, à 3h du matin, il meurt ce même 15 janvier 1888, chez lui, à Yainville, à l'âge de 43 ans. Son frère Louis déclare le décès en compagnie de l'instituteur, Hébert. 
Les chantiers navals...

1876 fut l'année où au port de La Mailleraye, commune de Guerbaville, on procéda à l'adjudication de la contruction de quatre appontements en charpente permettant le stationnement de vapeurs d'une longueur supérieure à 50 m, d'un perré et d'une cale d'embarquement.
A 65 km de la mer, proche
de la forêt de Brotonne, ce port est
connu de longue date pour le chargement de bois et la construction navale. Charles de Moy, vice-amiral de France, réservait souvent la construction de navires aux chantiers de La Mailleraye, dont il portait aussi le nom, pour le compte du roi François Ier.  Au XIXe siècle, on y contruit encore de grosse unités, comme le Lamartine en 1846, 900 tonneaux, destiné à la pêche à la baleine... Duquesne considérait jadis que le seuil de la Mailleraye interdisait le passage de navires de plus de 500 tonneaux. Les travaux du XIXe siècle allait faire sauter le verrou. Les chantiers se trouvaient presque en face de ceux qui verront le jour au Trait, en 1917.
Quand il perdit sa première femme, Désorée Mabarbe; e, 1876, il ne fut pas long à se consoler en mettant enceinte une journalière, Victoire Egret, veuve elle aussi. Le jour de son remariage, il est dit habiter Berville, quant à sa mère, elle est cafetière à Jumièges.
Ses enfants furent manifestement élevés par leur grand-mère, Désirée Phrasie Louiset, mon ancêtre directe. Marié avec Désirée Labarbe, décédée en 1876, remarié l'année suivante à Yainville avec Victoire Egret, Pierre Arthur Mauger laissa derrière lui des fils qui allaient devenir marins :

Du premier lit de Pierre Arthur :

Joseph Mauger. (1873-?). Natif d'Heurteauville, ses deux autres prénoms sont Victrice (Victorien) Célestin. Il exerçait la profession de carrier lorsqu'il fut dispensé de service, en 1893, étant fils aîné d'orphelins. En 1894, il fut cependant incorporé comme sapeur démineur et fit un service de moins d'un an au 1er Génie.
En 1897, il est matelot sur le Passager d'Yainville sous les ordres d'Emile Persil, fils du passeur de Jumièges.
On le retrouve comme matelot sur la Marie-Augustine en 1899. En juillet de cette année-là, il dir une période d'exercice au dépôt de Cherbourg.
Il fut rayé de l'inscription maritime en 1902 et dispensé de période étant sergent de ville à Rouen. Il habitait alors 48, rue de la Motte. Il regagna ensuite Heurteauville. En 1909, il effectue une période au 3e régiment du Génie stationné à Arras. En 1913, il est batelier et domicilié à Port-Jumièges. Mobilisé le 3 août 14, il ne rejoint pas son corps, étant affecté aux voies navigables. Mais il gagne son régiment le 13. On le renvoie le 22. Puis ont le rappelle le 6 décembre. Il fut déclaré déserteur le 6 septembre 1917. On ne sait ce qu'il est devenu...

- Etienne Pierre Albert Mauger. (1876-1900). Natif d'Yainville, il fut dispensé de service, étant alors inscrit maritime. Il demeurait à Jumièges quand il débarquait du cotret à bord d'un bateau sur le quai neuf de Duclair. Quand il tomba accidentellement à la Seine et coula à pic. Nous étions le samedi 17 décembre 1900. Son corps fut retrouvé le lundi. Albert était célibataire.

Signalons aussi cette fille de Pierre Arthur...

- Césarine Célestine Mauger, née en 1867 au Landin. En 1889, elle épouse Emile Prosper Persil, marin, fils de Pierre Onésime Ferréol Persil, marin. C'est sa grand-mère, également mon ancêtre directe, Désirée Phrasie Louiset, débitante à Heurteauville, qui donna le consentement devant le truculent Sever Boutard. Les Persil seront des figures du bac de Jumièges. Emile figure sur nombre de cartes postales. Notamment sur le bac construit à Dieppedalle en 1892 et toujours en service durant la Grande-Guerre. Il fut passeur jusqu'en 1925 et son fils Daniel lui succéda jusqu'en 1940.

Du second lit de Pierre Arthur :


- Victor Mauger. (1877-?) Son premier prénom est Ernest. Onze ans à la mort de son père. Natif d'Yainville, matelot sur le Passager d'Yainville en 1895 sous les ordres de son oncle Louis Albert Sénateur, matelot sur le bac de Jumièges en 1896 et 1897 sous les ordres de Prosper Bénard. Levé le 11 novembre 1897, matelot de 3e classe, il fut renvoyé du dépôt de Cherbourg ddans ses foyers le 11 novembre 1898 ayant déjà un frère sous les drapeaux.
En 1899, navigue sur la Marie Augustine. Il semble ne pas naviguer quelque temps.

31 août 1901, un fils Persil, 11 ans, tombe dans la Seine à Port-Jumièges. Henriette Adacar, 12 ans appelle aux secours. Un Mauger, dont le prénom n'est pas précisé, tira l'enfant de l'eau par les mains qui, seules, dépassaient de la surface. On peut penser qu'il s'agit d'Ernest Victor.

Victor retrouve le bac de Jumièges le 25 août 1902. L'Armée le dispense de ses périodes d'exsercices.

Porté sur la liste électorale d'Heurteauville en 1903 en qualité de batelier. Quitte le bac de Jumièges le 23 septembre 1905 et reste à terre. Il réembarque le 20 avril 1909 comme patron du Parfait, du Georges André, puis à nouveau du Parfait.
Demeurait toujours à Heurteauville en janvier 1913, plus précisément à Port-Jumièges en compagnie de son demi-frère Joseph qui est lui aussi batelier. Mais le 6 janvier de cette année-là, Victor fut rayé des matricules, étant resté trois ans sans naviguer.
Mobilisé le 13 août 1914 au sein du 21e RIT. Passe au 32e d'artillerie de campagne le 1er mai 1919 puis au 43e. Trois ans dans une unité combattante. Démobilisé, il retrouve Heurteauville avec la médaille de la Victoire épinglée sur sa poitrine.

Victor Mauger, a 51 ans, assure le passage  entre Heurteauville et Le Vieux-Trait. Le mercredi 15 février 1928, deux jeunes ouvriers des ACSM, habitant Pavilly, débarquent rive gauche : Fernand Hurel et Albert Bonvoisin. Hurel trouve le prix du passage, 2 F, plutôt excessif. Il demande le cahier de réclamations. Mauger refuse et donne pour toute réponse une gifle à son interlocuteur. L'autre réplique par un coup de poing. L'affaire en serait restée là si Mauger n'avait pas été conter sa mésaventure à la gendarmerie...
Le 6 décembre 1929, Victor Maugé est "encore" ivre, affirme notre bien pensante presse locale. Si bien que le passage entre le Vieux-Trait et Heurteauville est assuré ce jour là par Alexandre Levreux, que Mauger paye pour le seconder. Vers 17 h, Mauger monte en barque mais perd les avirons. Le voilà à la dérive. Seul. Ainsi passa-t-il la nuit, bercé par son embarcation. Edmond Beaudoin, chef d'équipe aux Pont-et-Chaussées, signale aux gendarmes la disparition du passeur. Mais celui-ci est parvenu à regagner son domicile au petit matin. Interrogé, il jura de sa plus grande sobriété la veille. Seulement, il collection les plaintes contre lui concernant la qualité de ses prestations. Un procès-verbal est dressé.

- Henri Georges Mauger. (1886-1917) Deux ans à la mort de son père. Sapeur démineur au 1er puis 6e régiment du génie du 8 octobre 1907 au 25 septembre 1909. Mobilisé le 3 août 14 au 3e génie. Passe au 1er RG le 1er avril 1916, au 9e RG le 20 mai, au 1er RG le 1er octobre, Décédé le 3 juin 1917 à l'hôpital Bégni, à Saint-Mandé, des suites d'une maladie contractée en service. Un secours fut accordé à sa veuve à Anfreville-la-Mi-Voie. Figure sur le monument aux morts d'Yainville.

2) Louis
Albert Sénateur Mauger (1848-1913). Les cheveux noirs, yeux sombres, nez court, menton rond, visage ovale.
Le 28 avril 1858, mousse sur le Parfait puis novice en 1864. En juin 1870, il est déclaré impropre au service après 28 jours d'armée.
En 1879, il est patron du bac de Jumièges, du port de 12 Tx, construit en 1872 à La Mailleraye et appartenant aux Ponts & Chaussées. Après une brève parenthèse, avec son frère Gustave Alfred pour matelot, il est à nouveau sur le bac de Jumièges de 1881 à 1886, année où le 19 janvier, les deux frères Mauger cèdent la place aux Persil père et fils.
Devient patron du Suzanne puis matelot sur le sloop Virgile. Passe en 90 sur le Clémentine jusqu'en août 91. On le retrouve en février 1895, patron du Passager d'Yainville, propriétaire : Noël Petit. Matelots : Pierre Julien, né à Jumièges, Emile Persil, fils du passeur de Jumièges, Victor Ernest Mauger. Il quitte le bord en novembre 95, semble rester à terre et réembarque sur le bac de Jumièges en juillet 1902 et ce, jusqu'à sa mort survenue le 22 août 1913. Entre temps, il aura été décoré de la Médaille d'honneur des marins du commerce le 13 juillet 1908.

3) Ernest Mauger (1851-1899).
Tranquille est son second prénom. 1,75 m.  En 1860, il est mousse sur l'Espérance. Il renonce à la navigation en 1864 devant le syndic de La Mailleraye mais repart comme mousse en 1865 sur le Marie-Caroline de son frère Pierre Arthur.
En 1872, est déclaré impropre au service pour une atrophie de la main gauche.
En 1881, patron de la gribane Charles-Alexandre aux carrières d'Yainville. A cette époque, les navires sont régulièrement inspectés par les sieurs Vattier et Caron qui examinent les voiles, câbles, grelins ancres etc. et délivrent une autorisation pour entreprendre un nouveau voyage, "ayant cloche, cor et fanal..."
Il se marie en 1883 à Constance Hérissé.
Matelot sur le bac de Jumièges en 1884 sous les ordres de son frère Louis Albert Sénateur. En 1885, à Jumièges, il est témoin du mariage de sa nièce, Pascaline Adolphine Cavoret, avec le sieur Linant. Le maire de Duclair, le Dr Cavoret, est à ses côtés.
Le 12 juin 1886, embarque sur L'Emile 3, sloop de Silvestre construit en 1870 à La Mailleraye, du port de 36, 40 tonneaux. Débarque le 24 novembre. En juillet, veuf, il se remarie avec une Dorléans.
Le 25 novembre 1886, embarque sur la Suzanne, bachot appartenant à Silvestre, 53,19 tonneaux, construit à Duclair en 1886. Désarme le 25 novembre 1887 à Rouen.
Le 26 novembre 1887, il réembarque sur le Suzanne et débarque le 15 janvier pour céder le commandement à son frère Gustave accompagné de Louis Albert pour matelot.
En 1888, Ernest commande la gribane Charles-Alexandreaux carrières d'Yainville. Il a son frère Louis Arsène pour matelot. En janvier 1889, les trois frères Mauger sont à bord. Ernest habite alors au Trait.
Toujours en 1889, Ernest est l'un des deux patrons d
u sloop, Le Virgile, construit en 1857 à Saint-Valery-en-Caux. 56 tonneaux. Navigue aux carrières Sabatier. Son frère Louis Albert est matelot. On les retrouve sur le même en 1890.
En février 1891, aux carrières d'Yainville, Ernest commande L'Emile 1, navire de 15 Tx construit en 1873 à La Mailleraye. Habitant alors le Trait, le 15 septembre 1891, il inscrit pour son usage personnel L'Emile, bachot de un tonneau construit en 1888 à La Bouille. Il l'armera encore en circulation en 1892 avant de le faire démolir.

Il inaugure le bac à vapeur de Le Mailleraye



Ernest navigue les premiers mois de 1892. sur le bac n°1 de La Mailleraye.
Le dimanche 5 juin 1892, il  inaugure le nouveau bac à vapeur de Guerbaville-La Mailleraye. Le premier avait été lancé en 1878 chez Lefranc avec Carré pour patron. Le nouveau, construit à Rouen, est long de 22,6 mètres, sans les tabliers, large de 5,2 mètres. Du port de 45, 20 tonneaux, doté d'une machine 25 cv il a été financé par souscription et appartient à une Société anonyme présidée par le sieur Bardel.
Il s'agissait de remplacer deux barques pour piétons ainsi qu'un bachot plat à rames pour voitures et bétail. 
Régatiers...

Aux régates de Duclair, en août 1884, les Mauger se distinguent. Dans la catégorie bâteaux de service à quatre avirons, Mauger, de Yainville, arrive premier avec le Rouget-de-l'Isle. Chez les Norvégiennes de service, Mauger, d'Heurteauville, est second avec la Madelon. Cette année-là, Yvert, le robuste forgeron de Jumièges, gagna la course cycliste devant deux Caudebecquais.
L'équipage comprend quatre hommes : un patron (Ernest Mauger), un matelot (Louis Arsène Mauger), un mousse (Victor Baillemont) et un mécanicien (Louis Caron). Le préfet Hendlé vient en personne à la fête inaugurale. Les habitants ont dressé dans la grand rue quatre arc de triomphe fleuris avec les inscriptions "Vive la République", "Hommage aux invités", "Agriculture !"... Celui du quai est surmonté d'un buste de la République réalisé par le plus fervent patriote du village : Edouard Lefranc. Toutes les fenêtres sont décorées de drapeaux, de guirlandes...
Flanqué des officiels, le préfet se rend à la mairie entre des haies d'honneur. Là, Pasquier, le maire, y va de son discour de remerciements. Le préfet se félicite de l'union des deux rives puis un cortège imposant se rend au bac, escorté par la musique de Caudebec qui joue la Marseillaise et l'hymne russe. Mauger conduit les autorités et ingénieurs jusqu'à la cale de la rive droite puis au trou du Malacquis où sont en cours des travaux. Quand le bac retrouve son point de départ, la foule crie "Vive la République ! Vive M. le Préfet !" Les autorités passent encore sous les arcs tandis que de jeunes filles en blanc, ceintes d'écharpes tricolores leurs jettent des fleurs. Et c'est un banquet de 35 couverts à la mairie. Champagne. Toasts. Dans la cour, pompiers, écoliers, forestiers, douaniers font masse tandis que des fillettes offrent bouquets et compliments. Un nouveau cortège conduit son monde au bac. Parvenu rive droite, on entend encore les clameurs de la foule.

Mauger débarque le 27 mars 1893. Il cède le commandement à Charles Legendre, de Quillebeuf.
En 1894 et 1895, toujours chez Silvestre, Ernest commande La Marie-Augustine, bachot de 17 Tx construit en 1871 à La Mailleraye, matelot Alphonse Chevalier, né à Yville.
En février 1897, le bachot est propriété de Mauger. Il a pour matelots Victrice Mauger et Alphonse Lechevalier.
En 1898, deux frères Mauger sont avec André Leveillard, matelot, né à Guerbaville en 1859.
En 1899, ils sont avec Lechevalier.
En 1900, c'est la veuve Mauger qui reste propriétaire du navire pour le transport de marchandises sur la Seine. Lechevalier devient le patron. En juin 1902, "Mme Mauger, batelière à La Mailleraye, informe le public qu'à l'occasion des régates de Caudebec, elle organise un service pour transporter les voyageurs."

4) Louis Arsène Mauger (1853-1923). Natif de Mauny, 1,62m, châtain clair, les yeux bleus. Incorporé dans la Royale le 6 mai 78, il en est libéré le 19 suite à des brûlures à la main gauche.
Témoignage officiel de satisfaction le 7 septembre 1876.
Marié en 1880 à Yainville avec Julienne Grain.
Cafetier et batelier à Yainville en 1881 et 1883. Le 5 juillet 1886, patron du Charles-Edouard, appartenant à Lefranc, constuit à La Mailleraye en 1886, du port de 60 tonneaux. Débarque le 4 mai 1887 à La Mailleraye. Equipage : Pierre Toutain, natif de Villequier, Antoine Troudé, Louis Couture, Ernest Landrin, Emile Poittevin... Un enfant de l'assistance est mort en nourrice à un mois chez lui en 1889.
Matelot sur la gribane Charles-Alexandre en 1888, il en prend le commandement en février 1890. Son frère, Gustave Alfred, est matelot à bord. La gribane sera vendue en 1897 au carrier Guilbert. Elle naviguait encore en 1900.
En juin 1892, alors qu'il réside à Mauny, Louis Arsène inaugure le bac à vapeur de La Mailleraye en qualité de matelot tandis que son frère Ernest en assure le commandement. Il servira sur le bac jusqu'au 31 janvier 98, alternant la fonction de patron avec celle de matelot.
En 98, on le retrouve patron d'une gribane, le Charles. Puis il commande le Parfait en 99, la Roberte-Jeanne en 1900. Il passe ensuite comme matelot sur le sloop Saint-Louis, quitte le bornage pour la pêche à bord du Louis-Albertine.
Le 28 octobre 1902, aux carrières d'Yainville, Louis Arsène est matelot sur la Marie-Augustine, patron François Vautier. Il en prend le commandement en 1903 avec trois matelots.
Porté cette année-là sur les listes électorales d'Heurteuville avec la qualité de marin. Le 9 septembre, il est classé hors service. En dix ans, Louis Arsène va multiplier les embarquements, le plus souvent comme matelot : le Lucien Madeleine, l'AB, sloop, le Saint-Pierre et Saint-Paul, le Père de famille, la Sancta Maria, le Georges André, l'Enfant de France, la Sainte-Marie, sloop.
A titre d'exemple, Il est matelot le 5 mars 1909 à bord du Saint-Pierre et Saint-Paul qui arme au Havre pour une solde mensuelle de 40 F. Débarque à La Mailleraye le 15 mai. Le capitaine est son propre fils, Louis Henri Mauger, novice : Louis Henri Sabatier, matelot : Louis Eugène Topsent.
De 1911 jusqu'à sa mort, Louis Arsène pratiquera la petite pêche sur un canot non ponté, L'Yvonne, basée à La Mailleraye où il décéda le 5 juillet 1923 peu après son dernier embarquement

Parmi ses six enfants :

- Albert André Mauger, né en 1888 à Yainville. Inscrit maritime, il fut dispensé de service. Sa fiche matricule est vide.

- Louis Henri, né en 1881 à Yainville, mousse à bord du bac à vapeur de Guerbaville en 1894, il embarque comme novice le 17 décembre 1898 à bord du mythique quatre-mâts Quevilly et passe matelot le 3 juin suivant. Louis Henri est encore attesté à bord en 1900.
Matelot sur le vapeur Ville de Valence en 1901. Il pense échapper un temps à la conscription comme aîné d'une famille de huit enfants vivants. Mais il est levé un mois plus tard. Direction Cherbourg. Dépôt puis défense fixe jusqu'au 1er octobre 1902.
Retrouve le Quevilly comme matelot le 20 octobre1902. Un an. Entre temps, il est porté sur les listes électorales d'Heurteuville en 1903 avec la qualité de marin.
Louis Henri va connaître ensuite divers embarquements : vapeur Pluton à Dieppe, trois-mâts Montebello au port de Rotterdam, à nouveau le Pluton mais à Nantes, cette fois. Nantes où il devient second le 3 juillet 1905 à bord du trois-mâts Notre-Dame-de-Toutes-Aides. Le 17 avril 1906, il est cette fois capitaine du vapeur Motricine au départ de Rouen. Le 12 juin, il obtient le brevet supérieur de maître au cabotage. On le porte sur ce fascicule.
Louis Henri s'est marié au Havre en 1907 avec Marguerite Massif.
En 1909, il est capitaine du Saint-Pierre et Saint-Paul, ayant à son bord son père pour matelot et Louis Joseph Topsent, Louis Henri Sabatier est novice.
Durant la Grande Guerre, muni d'un fascicule, il est mis à la disposition des voies navigables le 16 avril 1915. Sa mission s'acheva le 22 mars 1919.
En 1925, il est capitaine du vapeur Bonsecours. Puis il commande le Jean Edith jusqu'en 1931...

5) Gustave Mauger (1858-?). Il reçu les prénoms de Gutave Alfred A sa naissance, ses parents sont cabaretiers à Heurteauville. Incorporé dans la Royale le 6 mai 1878. En congé renouvelable  le 6 novembre 81. En 1884, il est matelot du bac de Jumièges sous les ordres de son frère Louis Albert. En 1883, il se marie avec Marie Bien à Jumièges.
8 juillet 1885 : patron des Deux Sœurs, appartenant à Bénard, 19,98 tonneaux, constuit en 1870 à La Mailleraye. Novice  : Louis Agnès, de Guerbaville. Débarque le 22 février 1886, remplacé par le Traiton Philémon Caré. (A noter qu'un Pierre Bénard est localisé à Yville et possède d'importantes unités).
Le 28 avril 1886, prend le commandement de l'Alexandre, propriétaire Lefranc, 57,75 tonneaux, lancé à La Mailleraye la même année. Débarque à La Mailleraye le 17 janvier 1887.  Seul. Il cède la barre à Agnès, de Guerbaville. On le voit ensuite sur le Suzanne, le Jean-Jacques, la gribane Charles-Alexandre en
1890 sous les ordres de son frère Louis Arsène.
En 1890, patron de La Clémentine, bachot de 58,67 tx lancé à La Mailleraye, appartenant à Lefranc. Il a pour mousse Gustave Chéron, fils du patron du bac d'Yainville. C'est son neveu et sans doute son filleul. C'est aussi mon grand-oncle.
En 1994, il est matelot sur le bac de Duclair. 9, le voilà patron du Charles, puis matelot sur le Saint-Louis. Enfin, Gustave retrouve le bac de Duclair comme matelot le 5 février 1900.



Gustave Alfred devient pilote du bac de Duclair le 4 janvier 1903 à la suite d'Alfred Cassé, natif du Landin. Le fameux bac à vapeur a été construit à Rouen en 1873 et ses machines ont une puissance de 40 cv. L'équipage était composé d'un patron, de deux mécaniciens dont un Breton de Plougasnou, Fañch Deunff, deux mousses et deux matelots, dont Alfred Lecat, de Berville. Gustave fréquente forcément le café du Quai tenu par son beau-frère Pierre Chéron et sa sœur Pascaline.

Le 13 avril 1908, toujours patron du bac de Duclair, Gustave passe chez les Hors service.

Mercredi 21 octobre 1908, cinq heures du soir. Le Dr Allard, par ailleurs conseiller municipal de Duclair, sort du bac au volant de son automobile et grimpe la cale de Berville. Un matelot pousse sur la carosserie, la voiture prend son envol vers le haut de la pente et le marin laisse la machine poursuivre sa route. Mais soudain, elle patine, fait marche arrière et plonge dans le fleuve. Allard sait nager. Il se tire de ce mauvais pas. Quant à son auto, elle fait panache et coule. Il faudra une heure aux employés du bac, aidés des témoins de l'accident, pour la sortir de l'eau.
Allard intanta un procès à la société du bac de Duclair. Pour lui, la cale n'était pas nettoyée de son limon et l'aide de l'équipage n'a pas été suffisante pour gravir la pente. En voici le jugement :

Le tribunal déclare en s'appuyant sur la déclaration des témoins :
1) Que l'état de propreté de la cale était convenable et qu'aucun reproche ne peut être adressé de ce chef à la société.
2) Que l'équipage a apporté au docteur Allard toute l'assistance à laquelle il était tenu.
Le Dr Allard est débuté purement et simplement de sa demande et condamné aux dépens.
Têtu, défendu par Me Dieusy, Allard ira en appel et sera une nouvelle fois débouté et condamné aux dépens.

Le 8 septembre 1911, à 6h du matin, il y eut un autre accident à la cale du bac, côté Duclair. Le canonnier Marie-Joseph Réthore, originaire d'Ancenis, faisait boire son cheval quand la bête glissa et disparut dans la Seine avec son cavalier. Le lieutenant Alfred Dusannier, de la batterie du 22e d'artillerie, témoin de l'accident, plongea pour mais, pris dans un remous, l'officier lutta désespérément, appela au secours et disparut à son tour. Ses camarades, après un heure d'efforts, ne purent que repécher son cadavre. Le corps de Réthore fut également retrouvé, et les deux victimes transportées à l'hospice de Duclair.

Gustave mit sac à terre le 18 septembre 1911 et céda la barre à Vautier. Il est décédé le 18 juillet 1920. Parmi ses enfants

- Adrien Louis Mauger, né le 28 décembre 1891 à Jumièges, décédé à Sotteville-lès-Rouen le 28 août 1901.

- Alfred Gaston Mauger, né le 26 décembre 1896, Duclair, marié le 26 octobre 1946 avec Alfreda Leroy, décédé à Duclair 11 juin 1973. Il était ouvrier de filature au moment de son conseil de révision en 1915 où il fut d'abord exempté mais ensuite classé bon pour un service auxiliaire en raison d'une vue défaillante. Il porta l'uniforme du 74e d'Infanterie et du 119e. Il se retira à Duclair en 1919 rue des Fontaines. En 1921, il était cloutier chez Mustad. En 1925, il habitait Varengeville.

- Robert Joseph Mauger, né le 31 août 1899 à Duclair, cloutier chez Mustad en 1921, marié à Betteville avec Henriette Clatot, décédé à Rouen le 24 mars 1953.

- Raymond Mauger, né en 1901, ouvrier cordier chez Collai, à Duclair, en 1921.

- Adrien Mauger, 2e du nom, né en 1904, manœuvre chez Pigache en 1921, marié en 24 avec Olive Blanchard. Il est décédé en 1972.

Voilà pour les fils marins de Jean-Pierre Mauger, second du nom et leur descendance. Rappelons qu'il avait eu aussi deux filles de Désirée Phrasie Louiset : Adoline qui épousa le Dr Cavoret, Adélaïde Pascaline, mon arrière-grand-mère, qui épousa Pierre-Delphin Chéron.

Jadis, les familles Mauger, Chéron, Mainberte étaient très proches. Puis la Grande-Guerre a distendu ces liens mais mes tantes maternelles m'ont souvent parlé de ces personnages. Si les descendants de Mauger ont de vieilles photos, des anecdotes, je suis bien sûr preneur...

Laurent QUEVILLY.

Sources


Les détails sur le bail de la veuve Mauger proviennent des archives du port de Rouen et nous ont été communiqués par Jean-Pierre Derouard.

Les états de service des Mauger proviennent des archives de l'Inscription maritime.

Commentaires


Stéphane Boivin. En effectuant des recherches du côté de ma mère, j'ai trouvé sur votre généalogie des ancêtres communs..En effet, ma mère est une descendante directe de la famille Mauger, via Désirée Adoline Mauger/Adolphe Pascal Cavoret ses arrières grands-parents et Clémence Cavoret (une de leurs filles) qui était sa grand-mère..  Votre généalogie m'a permis de me conforter dans mes résultats mais elle est aussi une source incroyable de renseignements. Votre document "Sur chaque bac un Mauger" m'a beaucoup touché car j'ignorais complètement tout ce pan familial. Encore merci pour la mise en ligne de ce document.



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