Née à Yainville, belle et élégante, Denise Maréchal eut son atelier de haute-couture au 26, place Vendôme. Adresse des plus prestigieuses au monde. Là, elle y forma ma mère. Je la cherche encore ici. Dans les limbes...
Ils
étaient six orphelins, les Mainberte de Yainville.
Réfugiés un temps à
Boscherville, ils vont tous monter à Paris
à partir de 1927.
Dans la capitale, une
cousine sera leur tête de pont : Denise
Lemaréchal. Lorsqu'elle
vient au monde, en 1898 avec Jeanne pour second prénom, son
grand-père maternel, Pierre
Delphin
Chéron, vient d'arrêter de piloter le bac
d'Yainville. Il
se consacre alors à la pêche fraîche
à bord
du Pauvre
pêcheur en compagnie d'un oncle de Denise,
François Chéron. Bref, rien ne
prédestine la petite Normande à la
haute-couture...
Denise Lemaréchal au bois de Vincennes
Mais
elle a du charme, des yeux magnifiques, une voix
envoûtante... Denise dut monter tôt dans la
capitale. En
1921, elle a 23 ans et n'est plus chez ses parents qui tiennent alors
une ferme à Jumièges. Après
avoir
été, paraît-il, mannequin, cette femme
élégante tient
un salon de couture au N° 26 de la place Vendôme.
Son atelier est au dernier étage de l'hôtel de
Nocé
qu'occupe
le joallier Boucheron, à l'angle de la place et de l'amorce
de la
rue de la Paix. Ascension exceptionnelle pour cette fille de petit
paysan. A son balcon, elle surplombe
les ouvrières du couturier Paquin qui
s'égayent de l'autre
côté de
la rue en quittant les ateliers
Et voici comment l'Illustration
décrit l'ambiance de la place Vendôme, en 1925,
à l'heure de la sortie des grandes maisons de couture :
« Ce n'est
pas l'envol turbulent et bruyant des midinettes vers les Tuileries
proches pour déjeuner, sur le banc, d'un peu de charcuterie
et d'un fruit en distribuant des miettes aux moineaux. Il ne s'agit pas
de la joyeuse volière des ateliers, mais d'une aristocratie
élégante qui est celle des premières,
des mannequins, des vendeuses même. Ces jeunes femmes, qui
travaillent, rivalisent souvent en distinction et en chic parisien avec
les clientes riches qu'elles habillent. Ce sont elles qui, tout
à l'heure, empliront les restaurants en vogue, les
dancings ou les théâtres. Elles y porteront la
toilette avec une assurance et une grâce que que plus d'une
millionnaire transatlantique leur envierait. Il arrive parfois qu'une
automobile luxueuse attende l'une d'elles. Les rendez-vous sont, ici,
de la meilleure compagnie et les présentations respectent
tout le protocole mondaine. C'est cet aspect journalier d'un coin de
Paris que le crayon attentif de Georges Leroux a noté... »
En 1926, la jeune fratrie Mainberte est toujours répartie entre Yainville et Boscherville. Yainville où la cousine Lili Lemaréchal, sœur de Denise vit avec ses parents et est recensée avec la profession de modiste. C'est l'année suivante que nos Normands vont commencer à migrer vers la capitale. En 1926, l'immeuble où se situe l'atelier de Denise Lemaréchal, n'est guère habité. Le concierge est Paul Gordonnet, soixantenaire originaire du Cher entouré des siens. On ne compte autrement que deux familles d'employés de commerce : les Besseau et Vincent. On retrouvera les mêmes dix ans plus tard, deux d'entre eux travaillant pour Boucheron.
L'histoire du 26

Dès la Restauration, on observe une activité commerciale au 26 de la place Vendôme. De la librairie à la chaussure pour dame en passant par la pharmacie et l'objet d'art. Nous sommes dans l'hôtel édifié en 1717 par Charles de Nocé, un libertin attaché au Duc d'Orléans. Il aura ici pour successeurs toute une faune d'originaux : un directeur de la compagnie des Indes, un receveur des finances et son cabinet de curiosités, un député enrichi dans le raffinage du sucre. Le 26 est inséparable du 28 qui, lui, abrite l'hôtel Gaillard de la Bouëxière, une maison où le Duc de Berry a passé sa dernière soirée avant d'être assassiné. Ces deux numéros sont situés dans l'amorce de la rue de la Paix.
Boucheron

En 1898, la maison Boucheron reçut la visite de la marquise de Knuff, précédée de son valet de pied. Elle venait, disait-elle, faire l'acquisition d'un joyau pour une parente fort riche. Et par conséquent difficile. Alors elle hésita longuement devant les écrins ouverts sous ses yeux. Et finit par choisir. « Apportez-moi ce lot à l'hôtel Continental...» Mais au Continental, point de marquise de Knuff. Pas plus de Dolorès de Mantana ni de miss Wilwort, autres pseudonymes de la belle inconnue. En revanche, en rangeant les bijoux qui lui avaient eté présentés, le vendeur constata la disparition d'une bague de diamants avec saphirs. L'aventurière, trahie par son signalement, fut vite arrêtée près de la cascade du bois de Boulogne alors qu'elle se promenait en landau. Nommée plus prosaïquement Lucie Bénard, elle usait habilement d'une ombrelle pour enfouir discrètement les trésors des plus grands joailliers...
Si le 26 est surtout célèbre pour Boucheron, c'est aussi de longue date un lieu de haute-couture. Dès 1849, on a vu se succéder ici Mmes Roger, Planat, Patry. L'année même où nous arriva le joaillier, 1893, Madame Delansorne, modiste réputée, quitta le 15 de la rue Marsollier pour s'installer ici. Bien lui en prit car elle eut aussitôt les honneurs répétés du Petit Echo de la Mode. Lors de la visite du Tsar en France, en octobre 1896, la créatrice réalise chapeaux, parures, tours de cou et manchons que portent les élégantes lors des réceptions officielles. Elle ouvrit aussi une succursale à Trouville.
En 1895, Lucien Guitry, porté à la direction de la Renaissance, loue un vaste appartement au dernier étage de l'hôtel Nocé. Ses fils, Sacha et Jean, ont leur chambre séparée de celle de leur père par un grand salon. Vient ensuite un boudoir et un cabinet de toilette. Enfin la salle-à-manger donne sur la place par ses deux fenêtres. Guitry résidera ici une dizaine d'années, recevant le Tout-Paris, d'Anatole France à Edmond Rostand. Un jour, ses invités étaient si saouls qu'il fallut héler un fiacre pour leur faire simplement traverser la place.
L'année où Guitry s'installe dans l'immeuble, il y trouve au 1er un salon de couture nommé "Maison Paul Virot et Berthe". Seulement, Paul Virot a rendu l'âme après avoir pris sa retraite. Du coup, son frère Léon, qui pratique le même métier rue de la Paix, trouve un tantinet fallacieux et franchement préjudiciable que Berthe Raymond utilise toujours le nom de Virot sur ses factures, en-têtes et enseignes. Procès. Berthe Raymond est mise en demeure de faire figurer "Ancienne maison Paul Virot et Berthe (Berthe successeur)."
Quand, en juillet 1901, Palmyre Franck reprend la maison sous le nom principal de "Demoiselle Franck et Cie", elle utilise ce qualificatif voulu par la Justice. En mai 1906, Léontine Garrus rachète l'affaire à son tour. Elle baptise son atelier "Léontine Modes" mais affiche bien "Ancienne maison Paul Virot et Berthe" sur ses fenêtres donnant place Vendôme.
Frédéric Boucheron, le fondateur de la maison, disparaît en 1902 et son fils Louis reprend le flambeau. En novembre 1903 éclate la grève des ouvriers bijoutiers. Par groupes, chantant l'Internationale, ils manifestent devant les joailliers parisiens et tentent d'entraîner leurs camarades. Une trentaine se présentent devant Boucheron mais se dispersèrent à la vue des policiers. La place bruisse encore d'un drame récent. Une mannequin de 19 ans du nom de Marcelle Perrin, vient d'être égorgée par un jaloux.
Madame Henriette...
Il y aura des étoiles filantes, au 26. De ces noms de créateurs qui n'apparaissent qu'une seule fois dans la presse parisienne. Peu avant 1900, on trouvera Mina-Cécile Lebsohn, épouse Lanne, contribuable de Neuilly. En 1901 est citée une maison de confection Henriette qui a aussi pour adresse le 28. Il s'agit d'Henriette Transine, installée auparavant rue des Petits-Champs. Au 28, en 1903, son employée de 15 ans, Berthe Montanary, à la jambe broyée par l'ascenseur en voulant en descendre trop tôt. A ses cris, des ouvrières accoururent. On alerta les pompiers, l'entreprise du monte-charge et il fallut beaucoup de temps pour la dégager de là avant de la conduire à l'hôpital.
La couturière Agafonoff est attestée au 26 en 1909. Le cordonnier Mathey connut, le 20 février 1911, un début d'incendie dans son atelier. Falinski apparaît en 1912, Jack en 1913...
« On
a beau dire, assure
l'Intransigeant dans un numéro de 1912,
la robe à paniers triomphera si elle est
exécutée
avec goût, en conservant à la
femme sa ligne et
en lui donnant l’allure aristocratique qu’on
n’a
jamais pu obtenir avec les fourreaux étroits et totalement
dépourvus de style. Falinski, 26, place Vendôme,
ne craint
pas d’affirmer que ses robes à paniers se
porteront.
Qui vivra verra. » |
En avril 1926, L'Intran signale qu'une maison de la place Vendôme recherche dans un rayon de 400 m des locaux importants pour y installer des ateliers de couture ou de fourrure. La même recrute une "première d'atelier, modéliste, essayeuse aux manteaux". Il faut écrire avec référence à M. Broom, 17, rue Dautencourt qui transmettra. Discrétion... |
Fait-divers modèle
« Un chien qui mort un homme, ce n'est pas un fait divers, nous enseignaient les vieux journalistes dans nos rédactions. En revanche, un homme qui mort un chien en est un. » C'est ce qu'a appliqué à la lettre l'Humanité de Jean Jaurès en 1913. Cordonnier le plus cher de la planète établi au 26, Pietro Yantorny écope d'un procès-verbal pour avoir mordu l'oreille de son caniche. Ce dernier venait de lever la patte sur une paire de bottines garnies de plumes d'autruche et dont le prix atteignait les 25.000 F. Venu d'Italie, Yantorny occupait les mansardes à l'angle du dernier étage et donc au même niveau que le futur atelier de Denise Lemaréchal. Le magicien de l'alène et du tiers-point est décédé en 1937 dans sa propriété en vallée de Chevreuse.
En avril 1914, le 26 s'enveloppa de drapeaux tricolores et d'Union-Jacks en l'honneur des souverains anglais en visite officielle. On resortira ces étendards pour la fête de la Victoire les 13 et 14 juillet 1919.
De fil en aiguille...
Le premier étage du 26, côté rue de la Paix, abrite encore un célèbre "Institut de beauté" fondé en 1895 par Marie-Valentin Le Brun et qu'elle dirige ici avec Victor Merle, son mari. Il sera mondialement connu jusqu'en l'an 40 avec sa marque de fabrique Klytia. Toute l'aristocratie vient s'y faire traiter bajoues et pattes d'oie. L'Institut, qui fit l'objet de travaux d'agrandissement en 1912, délivre des diplômes. Cette maison engagera elle aussi un procès contre une ancienne employée, Estelle Adams, pour avoir fondé son "Salon d'hygiène et de beauté". Concurrence déloyale, voire même contrefaçon commerciale persifflera Merle en 1910. Il fut débouté. Victor Merle pouvait tenter de se consoler avec ses concessions dans les mines d'or du Gard et de l'Ardèche. Mais il n'était pas encore au bout de ses peines. En 1911, il poursuit un coiffeur-parfumeur de Vichy qui lui a chipé le terme "Poudre lactée". Merle pestera encore contre son ancien directeur qui créera un établissement similaire au sien.
Depuis 1905, le décorateur
d'intérieur Linke regroupe au second étage ses
pièces de collection exposées au faubourg
Saint-Antoine. Il y
a là encore l'agence de voyage Duchemin, la bien
nommée, omniprésente dans les journaux.
Bref, l'Institut, le décorateur et le voyagiste sont
l'économie durable de la maison tandis les
météorites continuent de pleuvoir à
cette adresse. On citera Joseph Thévent, admis en 1915
à l'Association générale du
commerce et de l'industrie des tissus et des matières
textiles, la maison "Orange" qui, en 1921, cherche des dessinateurs de
mode, la maison "Louis" qui, en 1923,
recrute premières et secondes mains. Cette année-là, l'un des propriétaires de l'immeuble, M. Drouin, meurt. La moitié de l'hôtel Nocé va à ses héritiers : Georges Drouin, sa sœur Gilberte, épouse Rufz de Lavison, son frère Pierre, époux Neville. L'autre moitié ira à Mme Desprez, née Demonjay, qui en fait aussitôt donation à ses deux enfants, Andrée Desprez, épouse Leconte et Yves Desprez. (Source Saint-Simon). |
Vendredi
5 septembre 1913
Joli
coup au 28...
Un gentleman de tenue fort correcte se présentait hier, vers quatre heures de l'après-midi, dans une bijouterie située 28, place Vendôme, et priait un des employés, M. Le Moine, de vouloir bien lui montrer des étuis à cigarettes, modèle riche. L'inconnu en choisit sept, d'une valeur globale de cinq à six mille francs. Mais, dit-il, je voudrais, avant d'acheter, montrer les objets à ma femme, qui, fatiguée, garde la chambre dans un hôtel des Champs-Elysées. M. Le Moine voulut bien accompagner son client à l'hôtel indiqué. Un taxi les y transporta en quelques minutes et tous deux montèrent dans une chambre. Là, l'acheteur se fit remettre les étuis sous prétexta de les montrer à' madame et pria l'employé de vouloir bien l'attendre un instant. M. Le Moine l'attendit longtemps et ne l'a pas encore revu. Le gentleman est un vulgaire escroc. Il était descendu le matin même à l'hôtel et ne s'était pas encore fait inscrire sur le registre. On l'a vu sortir de l'hôtel son coup fait. |
Le personnel de nos ateliers de couture défile parfois dans la rubrique faits-divers. Déjà durant la guerre, la maison Béchoff-David, surveillée pour ses origines teutones, fut trempée dans un scandale de détournements de denrées militaires. Le trafic impliquait Mme Béchoff et son amant. Mobilisé, le mari s'en remettra et ouvrira une nouvelle maison après l'Armistice.
Janvier 1924 : la bijouterie Ostertag est la cible d'un cambriolage raté. Mais un employé est abattu, au autre grièvement blessé. En septembre 24, un mannequin, Léontine Boulay, agonise dans un taxi. L'interne de garde retrouvera dans sa cuisse des piqûres de morphine. En décembre, une couturière de la place, femme mariée et mère de famille, se suicide avec son amant, un tailleur, homme marié lui aussi. Mais revenons au 26...
A Léontine, toujours créatrice de chapeaux en 1924 succèdera Mme Eliane, "marchande de modes et de frivolités" . En janvier 1926, elle demande une première main pour la couture, des premières et deuxièmes mains pour le tailleur et une apprentie présentée par ses parents. En mai, elle demande encore une première vendeuse parlant anglais ainsi qu'une première apprêteuse ayant références. Quand elle recrute une aide-vendeuse débutante, elle ajoute "pouvant faire mannequin, blonde de préférence". Ou bien "pouvant présenter robes et chapeaux".
Eliane aura aussi un salon plus bas, au 24 rue la Paix. Entre parfumeurs et bijoutiers, cette vieille rue commerçante aligne aussi nombre d'ateliers de couture : Paquin, Mulot, Camille Roger, le fourreur Grunvaldt... Sans parler de la rue Cambon où, dès 1921, une certaine Coco Chanel développe sa notoriété.
Shall et Will
Le Figaro revient sur le sujet le 19 avril : « Une collection de quelques modèles, c'est peu, mais c'est suffisant si tous les modèles sont adorablement jeunes, distingués, jolis et "signés" d'une personne de talent. Mme Pierre Simon, directrice Shall et Will, 26, place Vendôme, présente une collection de quelques modèles de robes du matin, d'après-midi et de dîner.» .
25 avril, du même : « Place Vendôme, au 26, dans l'appartement qu'habita jadis Lucien Guitry, une petite mais adorable collection de robes du matin, d'après-midi et de dîner... dans un cadre charmant. Shall et Will, une Maison créatrice qui naît, disait dernièrement un de nos meilleurs chroniqueurs de Modes.»
Monument historique
En 1928, escorté par douze gardes portant six coffrets d'émeraudes, le Maharadjah de Patiala entre chez Boucheron pour commander une parure de 149 pièces.
Par arrêté ministériel du 16 février 1928 façade et toiture du 28 furent classés au titre des monuments historiques. En février 29, des locaux étaient à louer au N° 28, convenant au commerce de luxe. Il fallait s'adresser à Kennerley hall, rue Sainte-Anne.
Le 17 mai 1930, ce fut au tour du 26 de se voir classé monument historique.
Juillet 1930, M. Ventre, directeur d'une maison de la place est sens dessus-dessous. Son livreur, Albert Plard, a disparu avec une fortune en robes. Une perquisition à son domicile ne donne rien. Personne ne connaît Plard à cette adresse...
Mademoiselle Jane...
En
décembre 1930, la Maison Marco Assayas propose une grande
vente
réclame au 26 :
linge maison, trousseaux, mouchoirs, robes,
déshabillés... Elle est toujours là en
novembre 32
lorsqu'elle inaugure un nouveau rayon et L'Intran la dit
dirigée par "Mme
Jane".
On y trouve robes, manteaux, ensembles très couture et linge
de
maison.
Entre temps, Jane, haute-couture, se manifeste aussi au 28 en demandant
en avril 1930 un grand mannequin de taille 42. Durant deux ans, elle
mutiplie les petites annonces pour recruter de bonnes
premières
et secondes mains, une vendeuse avec sa
clientèle, de nouveaux mannequins.
Bref, très entreprenante, cette créatrice
intervient donc aux deux numéros de la place
Vendôme. Jane, un pseudonyme qui sonne plus chic que Jeanne
et flattera la clientèle anglophone. Et puis
désigner une maison de couture par un prénom est
alors très tendance. J'ai été
tenté de voir en Jane ma Denise Jeanne
Lemaréchal. Mais la création de la
société anéantit cette
hypothèse. Les administrateurs sont Jeanne
Demollière, couturière, René Bernheim,
manufacturier et Jean Desses, modéliste. Jeanne
Demollière a un destin original. En 1891, elle avait
épousé un garçon pâtissier,
Jules Hébert, qui l'avait abandonnée
après deux ans de vie commune. Celui-ci se rendit bigame en
se remariant sans divorcer en 1912. Dénoncé par
sa nouvelle épouse, il fut condamné aux Assises
en 1922 à deux ans de prison avec sursis. Jeanne
Demollière tenait déjà sous le
pseudonyme de Jane une importante maison de couture rue de la Paix.
En
1933, les créations de Jane apparaissent dans la revue Les Modes. Jane
quitte la place Vendôme en 1934 pour s'installer 75, Foubourg
Saint-Honoré. L'entreprise Assayas, elle, sera
liquidée le 27 décembre
35. Marc Assayas est dit habiter 8, rue Lyautey, dans le 16e. Le
recensement de 36 n'en fait pas état.
En
1932, l'immeuble de Nocé, propriété de
longue date de M.
Desprez, abrite toujours
Boucheron, Eliane, Linke, Shall et Will et le
bottier Yantorny. Mais nous n'avons aucune nouvelle de son chien...
Grosse frayeur en mars 1933. Des fragments de corniche se
détachent des hauteurs du 26 et s'écrasent sur le
trottoir. Pas de blessé. Les services d'architecture
sécurisent le secteur.
D'une guerre à l'autre, les jupes ne cessent de raccourcir, les chapeaux aussi, les tailles se font plus basses.... Denise Lemaréchal est douée pour le dessin sur pied, autrement dit l'art de façonner une robe directement sur la cliente. Elle présente elle-même ses créations ainsi que sa sœur Lucienne qui travaille à ses côtés. Il y a une tradition familiale dans la couture incarnée par Marie Chéron qui exerça ce métier à Boscherville jusqu'au rachat du café de Claquevent. Martine, la sœur de Marie, fut également couturière et se maria en 1907 avec un dirigeant de Mustad, Einar Topp, puis s'installa à Oslo. Là, elle aurait transmis son savoir à sa belle-sœur, Marie Topp, avant de mourir prématurément.
Ma mère, Andréa Mainberte, avant son mariage en octobre 1937. Elles est ici aux côtés de la famille Lemaréchal : Denise, sa mère, Georgette Chéron, sa sœur Lucienne et son père, Louis Lemaréchal. Ces dames sont manifestement habillées de leurs propres créations...
Après avoir été employé à la centrale d'Yainville, le père de Denise travaillera chez l'équipementier automobile Chausson, à Asnières. L'entreprise fondée par deux frères est un sous-traitant des principales marques françaises. Durant la Grande guerre, elle a notamment équipé l'aviation alliée. En 1923, elle produit 80 000 radiateurs. Il subiste une photo de Lily avec sa mère à Asnières. Georges Lemaréchal est porté sur les listes électorales d'Asnières en 1932. Il y est qualifié de manœuvre et a pour adresse le 80, boulevard Voltaire à Asnières. Malheureusement, ce n° ne figure pas dans le recensement de 31. Il apparaît en 36 mais sans lui. En 1937, les Lemaréchal seront en tout cas présents à Saint-Mandé au mariage d'Andréa Mainberte avec Raphaël Quevilly.
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« Ces jeunes femmes, qui travaillent, rivalisent souvent en distinction et en chic parisien avec les clientes riches qu'elles habillent...» Andrea Mainberte en 1934 au bois de Vincennes et 1936 à Boscherville...
Tandis qu'elles tentaient de tutoyer la fortune, Denise et sa sœur Lily eurent à affronter plusieurs drames familiaux. Leur frère Georges, engagé volontaire, avait fait la Grande guerre. Il y perdit son index gauche, à Neuville-Saint-Vaast, et fut une seconde fois blessé, à la jambe cette fois. Croix de guerre, médaille interalliée, il fut cité en 1915 pour avoir mené ses hommes à l'assaut avec une belle crânerie et souffrait des reliquats d'une intoxication au gaz. La paix revenue, il se retira à Paris, 15 avenue de Messines, 8e arrondissement. Puis à Rouen. Mais voilà qu'en 1921, il est condamné à trois mois de prison pour escroquerie. En 1924, on le casse de son grade d'adjudant pour le ramener au rang de soldat de 2e classe. Marié, il est mort prématurément en 1928. Sans descendance.
Plus
dramatique encore fut la destinée de leur frère
Marc
Lemaréchal, mort dans l'explosion de l'usine
d'électrolytique d'Yainville en 1934. .
Chaque
25 novembre, un cortège de Catherinettes et de Nicolas
processionne place Vendôme. Vieille
tradition. Ce jour-là, les employés des maisons
de
couture restés célibataires se voient souvent
offrir des
cadeaux par leur employeur, en plus du chapeau extravagant
préparé par leurs collègues. Puis ils sont reçus à la
mairie du 1er arrondissement.
Dès 1930, le 24 novembre, veille de la fête,
Adrien Legay,
un ami d'enfance d'Andréa Mainberte, lui écrit de
Charenton: "En
l'occasion de
Ste-Catherine, je t'envoies mes meilleures amitiés et te
souhaites de trouver un époux le plus tôt possible
pour
nous faire aller à la noce. Bons baisers." Adrien
est le
frère d'un homme dont Andréa était
amoureuse
à Boscherville mais qui se maria avec une autre. Quant
à
lui, il convolera bientôt.
En 1930, Andréa a 18 ans et est encore loin de coiffer
Sainte-Catherine. Quelque cinq ans plus tard, elle sera
convoitée par un riche boucher des Halles alors qu'on la
voit
apparaître au recensement de Saint-Mandé avec la
profession de couturière. C'est en effet vers 1933
qu'Andréa aurait été l'apprentie de
Denise.
Une énigme !
Mais où diable se trouvent alors Denise et Lucienne Lemaréchal ainsi qu'Andréa dans tous ces salons cités, elles qui apparaissent fièrement au balcon du dernier étage, elles qui feront aussi appel au meilleur photographie de mode... Denise avait paraît-il un pseudonyme. Marshal, se souvenait mon père. On ne le retrouve pas parmi les noms cités. (Si vous avez une idée, cliquer ici : journal.de.duclair@laposte.net
On ne sait à quelle date Denise Lemarchéal vint s'établir au 26 de la place Vendôme. Au recensement de 1936, elle n'y figure pas. Originaire du Cher, Paul Gordonnet est le concierge et Shmitz Paris sont employeur. Seules sept personnes vivent dans l'immeuble. Comme les Besseau et Vincent dont les chefs de famille sont employés chez Boucheron. Il est possible que Denise y tienne simplement un atelier sans encore y résider en permanence, ce qu'elle fera bientôt.
« Il arrive parfois qu'une automobile luxueuse attende l'une d'elles... »
Symbole
de l'aisance de Denise Lemaréchal, cette photo place
Vendôme, devant l'hôtel de Ségur,
siège de
Van Cleef et Arpels, situé à quelques pas de
l'atelier de
couture. Gaston Darmon, son compagnon, est sans doute l'auteur de la
photo et le propriétaire de cette traction Citroën
cabriolet. Créé en 1934, l'avant ressemblant
à la
fameuse berline, le cabriolet a triomphé dans nombre de
concours
d'élégance. Mon père a
possédé le
même modèle à l'époque du
Front populaire.
En 1936, Pierre Drouin vend sa part de l'hôtel Nocé en nue-propriété à sa sœur Gilberte, épouse Rufz de Lavison, et aux deux Desprez, Mme Leconte et Léon Desprez, époux Davillier, qui revendra sa part à la Société de textiles Dreyfus. (Source Saint-Simon).
En 1937, ma mère, Andrea Mainberte, se marie à Saint-Mandé. Sa robe a été confectionnée par Lili Lemaréchal qui, fille d'honneur, a tenu à poser en studio auprès de sa création. 1937, ce fut aussi l'année où Paul Roy ouvrit ses salons au 26. En octobre, il présentait ses collections de robes et de manteaux le matin à 11h et l'après-midi à 15h.
Un photographe prestigieux
On garde des créations de Denise une série de huit images signées d'un photographe prestigieux accrédité par le Gouvernement : Henri Manuel chez qui a travaillé Cosette Harcout, la fondatrice des studios du même nom.
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Marinière. | |
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Robe habillée. | Manteau de soirée. |
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Tenue de ville. | Robe de jour. |
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Robe du soir. | Robe gitane. |
Au coeur de Paris, 27, rue du Faubourg-Montmartre, la maison d'Henri Manuel abrite une agence de presse créée en 1910 et qui alimente les grands quotidiens. Henri Manuel travaille pour trente revues de mode comme La Femme de France, Les Grandes Modes de Paris, Les Modes de la femme de France, Le Petit Écho de la Mode. Cinq studios accueillent les mannequins des ateliers de couture. On réalise aussi ici des portraits d'artistes et de célébrités qui vont de Pétain à De Gaulle en passant par Joséphine Baker nue et qui feront la une des magazines. Cerné de meubles et de bibelots précieux, grand amateur d'art, Manuel organise par ailleurs des expositions de peinture, de sculpture...
Paul Roy et Cie...A la rentrée de 1937, Paul Roy ouvre à son tour un salon de couture au 26 et recherche aussitôt un « mannequin, 42, grande, jeune, mince, très élégante. Débutante s'abstenir. » On verra son nom associé à Rosine Paris en août 39 pour une présentation de collections aux acheteur étrangers. Le public ne devait pas compter beaucoup d'Allemands. Le 3 septembre, on leur déclarait la guerre. Rosine Paris est liée à Goupy, ces deux société étaient auparavant rue Saint-Honoré et ont transféré leur siège au 26 en 1938. Leurs créations font l'objet de photos de presse, notamment de Luigi Diaz.
21 avril, 38, 4 h du matin, au 28. Coup classique : une voiture s'arrête, deux hommes se précipitent, brisent la glace de la devanture et s'emparent des objets à l'étalage (...) Pour être cambrioleurs on n'en est pas moins connaisseurs, et ces messieurs n'ont emporté que des Kodak " Retina ", l'appareil le plus perfectionné et aussi le plus facile a dissimuler de par sa petite taille.
Le 8 mai 1938 vit toute la France honorer Jeanne d'Arc. A Paris, pour former le cortège, des rendez-vous furent fixés aux participants en différents lieux à 9 h 45. Le 26 de la place Vendôme fut le point de ralliement de l'union corporative des instituteurs.
Dans les années 40, Leyna Beauvillain présente régulièrement ses collections au 26 de la place Vendôme. C'est aussi place Vendôme, sous l'Occupation, que Pierre Cardin fera ses premières armes. En 1942, au 26, Roger's cherchait une vendeuse-bonneterie.
Jacqueline succède à Andréa
En
1946, notre famille est cette fois bien recensée au 26. La
concierge est
Gabrielle Leguay, née en 1897, entourée de ses
filles.
L'adresse compte en tout 16 habitants : les Besseau, Simone Mazet,
gérante de profession, Edmond Dreygus,
négociant,
Ange Versini, interprète, la famille Ravoir enfin Marie
Ropers,
une bonne. Denise Lemaréchal est notée sous le
nom de
Darmon, Lucienne, sa sœur, sous le prénom de
Georgette et
sans profession, enfin Jacqueline Macchi, cousine, avec le
métier de couturière. (Rencensement en ligne de 1946,
1er arrondissement, p. 27/70).
Cette photo fut
prise dans le salon de couture. Denise et sa sœur entourent
la fille
d'une
cousine Chéron venue d'Yainville, Jacqueline. Le ou la
photographe était attablé avec elles, son verre
est sur
la table.
En 47, Parhana cherchait des entrepreneuses pour travail de confection au 26.
Jean-Pierre Melville raconte comment, en
août 50, lui
est venue l'idée du cambriolage d'une bijouterie pour son
film Le Cercle
rouge : "j’ai
fait le tour par la rue de la Paix, j’ai pris
la rue Danielle-Casanova, et j’ai appuyé sur tous
les
boutons de portes cochères et à peu
près à
la septième ou huitième, une porte
s’est ouverte.
J’ai traversé une cour, puis une
deuxième cour,
j’ai vu un escalier, j’ai escaladé cet
escalier, je
suis arrivé en haut, j’ai vu une lucarne qui
donnait sur
le ciel avec une échelle pendue contre le mur,
j’ai mis
l’échelle contre l’entrée du
petit grenier
où il y avait la lucarne, je suis monté,
j’ai
soulevé la lucarne, je suis monté sur le toit, je
me suis
retrouvé sur le toit de la bijouterie Boucheron"... Melville
était sur celui de l'atelier de Denise...

Laurent QUEVILLY.
ANNEXE
Aux quatre coins de la place
N°
1 Hôtel
Bataille de Francès ou d'Affry. La maison
Aine-Montaillé, vient, en 1853, impulser la haute-couture en
ce lieu.
Durant la Grande guerre, Eugène Aine, petit-fils du
fondateur,
présidait le syndicat de la couture et la grève
des
"midinettes" provoqua sa démission. Il gagnait en revanche
un
procès contre la maison Drecoll Ltd, place de
l'Opéra,
dont il contesta l'origine anglaise en démontrant ses liens
avec
l'Allemagne. Au 1 prit place l'hôtel
Vendôme.
Voici quelques numéros de la place et leurs occupants...
2 Hôtel
Marquet de Bourgade. Pharmacie
française et anglaise. Pharmacie Gallois (1866), Papeterie
Jeanbin. Agence
des théâtres. Gaucherand, joallier. Monquignon et
fils,
bottiers. Kelikian Dikran, antiquaire. Lhuillier, fleurs naturelles.
Sœber frères, lingerie et mouchoirs. Guerlain,
parfumeur.
3 Hôtel Giraud ou de
Coëtlogon. Union
des industries et commerces de luxe.
4 Hôtel
Heuzé de Vologer ou de Lambertye.
Devint l'hôtel du Rhin avec entrée au 6. Parfums Ciro. Chaussures Elie Fila. Hôtel
du Rhin. Eastman Kodak. A la place Vendôme, porcelaine. Bardon,
ouvrages de dames (au 4-6 en 1907). Berthe Maury, modes.
5 L'Hôtel
Durfort ou d'Orsigny
6 Hotel
Thibert des Martrais ou Paulze.
Hôtel
du Rhin.
7 Hôtel de
Créqui ou Le Bas-Montargis. Gustave
Beer, attesté en 1909. Maison qui deviendra Torrente en
2006. Atalante, complément de la couture.
Davis-Lennie, tableaux
anciens. Lespiaut, fleuriste. Parfums Houbigant (1969).
8
Hôtel Delpech de Chonot ou de Chimay.
Maison Badin (1909). Tissus Colcoubet. Premet,
couturier, maison dirigée en 1924 par Mme Charlotte et
liquidée en
1931. Chemisier Charvet. Maria Guy, modes. Ragon et Delostal,
chemisier. Avagli, tableaux (1907). Trotti et Cie, tableaux. Bijoux J.
Lacloche. SEICAM (DDT). Hammond et Cie, tailleur (1905).
9 Hôtel de
Villamaré : Bréant,
bijoutier (1907). L'Union, assurances. Boutique Rolex.
10
Hôtel de Latour-Maubourg ou Maleteste. Martial
& Armand (1909). Parfums Caron. Chapeau de Cora Marson en 1929.
Edouard et Butler, chemisiers (1932).
11 Hôtel de Simiane ou de
la Grande-Chancellerie. Dépendance du 13. Mme
Robert, modes. Charles Tavernier, robes en manteaux. Wagner
et Cie, joaillier.
12 Hôtel Baudard de Saint-James. Tailleur
O'Rossen.
Localisé un temps au
10, ses salons occupent plusieurs étages. Chopin est
mort là en 1849. Chapelier Gélot. Joaillier
Chaumet
(1905, 30). Société
générale pour la
fabrication de la dynamite (1891). Mme Dupré,
corsets
sur-mesure. Muhlenkamp brothers, chemisier.
13 Hôtel de Bourvallais.
Ministère de la Justice.
14
Hôtel de la Fare. Helltern,
bottier.
15 Hôtel de Gramont.
Hôtel
Ritz, fondé en 1898.
16 Hôtel
Moufle. Marthe
Régnier. Joaillier Ostertag. Société
d'épargne des retraites. Aldebert Joaillier. Gerline,
couturier.
Davies et Son, tailleurs. Lyolène, couture. Marie
Antoinette,
couture. M. Stuart, produits de beauté.
17 Hôtel Crozat.
Parfums
Renoir. Knœdler, marchand de tablaux.
18 Hôtel Duché
des Tournelles ou Milon d'Inval. Robes, manteaux,
fourrures Dœuillet
(1909). Kloz, parfums. Ed. Pinaud, à la corbeille fleurie
(parfumerie).
19 L'Hôtel
d'Evreux : Joaillerie
Chaumet, successeur de Morel.
20 Hôtel Fitz-James.
Béchoff-David,
fourrures. Mauboussin,
Joaillier. Duveen brothers, antiquaires.
21 Hôtel
de Fontpertuis ou Darnais.
Chéruit, avec Mme Wormser
pour créatrice et où Elsa
Schiaparelli s'installe en 1935.
22
Hôtel de Ségur : Thylda, corsets et maison
Ney sœurs en 1909.
En 1922, on remarque les chapeaux
de Juliette
Bretagne. Bruyère
couture (1939). Van Cleef et
Arpels.
23 Hôtel
de Boullogne ou de Montbreton : Czakek, horloger du prince
Napoléon.
Coty, parfums. Hellstern
& sons, bottiers. Jean A. Arnold Seligman et fils, antiquaires
(1932).
24 Hôtel
Boffrand ou Chaban. Agnès-Drecoll,
Mme Havet est directrice
générale, liquidé en 1932, En 1906 et
32, la
maison Cardeilhac orfèvrerie, coutellerie, est
à cette adresse. Lingerie de Mme Gruignon-Hennequin. Verrerie
Lalique. Banque de la Seine (24-28), Dœuillet,
salon de couture (1932).
25 Hôtel Peurenc de Moras.
Joaillier Lemonnier (1853), Confection
Bodin (1870).
Chemisier Edouard Charvet (1877), au 8 en 1921, au 28 en 1982.
Stohwasser et Winter, tailleurs (1907). Soirie Wilmart (1932,
1952). Emporio Armani.
26
Hôtel de
Nocé : Lenormand, agent d'affaires (1802),
Dépôt de l'essence de Salsepareille chez M. Cognac
(1833). Pharmacie anglaise Peter Pariss (1842), Mme
Berger, Modes, (1849), Lemoine,
libraire-éditeur et Léon
Lecointe, sculpteur, joaillier (1850), maison
créée pr Lecointe père en 1816, Mme Planat, modes (1851), Prosper Roussel,
bronzes et divers et Mme Patry, modes (1856), Droguerie du Barry et Cie
(1863). La même année, Napoléon
III rend visite à A Normant, successeur de Roussel.
Chaussures
Meier (1882), décédé à 46
ans en 1885,
objets d'art Lombard
(1889). On connaît la suite...
28 Hôtel Gaillard de la
Bouëxière : Hôtel garni, Mme
Souin (1839). Pharmacie anglaise Walsh (1854). On le dit successeur de
Peter Pariss, mais on retrouvera la dénomination Pharmacie
Pariss dans les années 1860. Pharmacie
Hébrad
(1869), Pharmacie Swift (dissoute en 1882). Mme Denoix et
Cie, lingerie fine et robes (1882). Chapelier Heitz-Boyer (1890), se formera en
société en 1909 avec l'industriel Lamberjack, le
propriétaire Lucas et le banquier Emile Rousseau pour
administrateurs. Compte en 1910 Denise Ferrero comme
créatrice. Parfumerie Piver, A la reine des fleurs (1888).
Maison Lecoutour (1891), Toilettes Denoix (1896), Manicure Carmichael
(1898). Jacques Lacloche, bijoutier (1900). Maison Henriette Transine,
articles enfants, modes, rue des Petits-Champs, transfert son
siège au 26-28. Gompers,
joaillier, occupe le rez-de-chaussée (1901) il
annonça sa cession d'activité en 1907 mais
exerçait toujours en 19.
Mme Henriette,
robes, manteaux. Commercialise aussi les parfums Coty (1902). Pharmacie
Clerfont (failli en 1903). E. Marchand, bijoutier (1906),
dononcé par l'Huma
pour non respect du repos hebdomadaire. Société Reichenbach, modes
(1908). Auguste Petit et
Louise Carrière (articles
de coiffure féminine) rachètent le fonds de
Heitz-Boyer. Galerie John Levy (1921). Banque
de la Seine (1922). Parfumerie
Bourjois
(1923). Porcelaines Rosenthal "A
la
place Vendôme" (1925). Magasin Kodak (1927)
Wilmart, couture (1929), Jane,
haute-couture (1930), Horloger
Breguet (déc. 1932). Labrot, commerce de luxe, 5e ét.
(1933). Laboratoire ELCF, parfums (1938). Charvet (1982).
26,
place Vendôme est le titre d'un film
documentaire de Guillaume Lévis, texte de Laurence
Bénaïm dit par Robert Hossein. Présentation : « Certainement
l’une des adresses les plus prestigieuses au monde. Ils sont
nombreux, clients fortunés ou simples curieux, à
se
presser devant les vitrines de la célèbre place.
Pourtant, bien peu soupçonnent que, derrière ces
murs, se
sont croisés de fabuleux destins.
Pour la
première fois, un film
nous invite à découvrir l’envers du
décor,
en poussant la porte du numéro 26. La Comtesse de
Castiglione,
maîtresse de Napoléon III, vécut
là son
déclin. Avant elle, il y eut un
célèbre libertin,
un directeur de la Compagnie des Indes, et un zoologue amateur.
Après elle, ce furent Lucien et Sacha Guitry.
Aujourd’hui,
les lieux, tout empreints de leurs âmes, abritent la Maison
Assouline et le joaillier Boucheron.
Le texte de Laurence
Benaïm
s’amuse des coïncidences mêlant grande et
petite
histoire, dans cet immeuble qui « vibre au croisement de tous
les
univers ».
Place Vendôme est un film de Nicole Garcia, 1998, avec Catherine Deneuve, Jacques Dutronc, Jean-Pierre Bacri, Emmanuelle Seigner... Après le suicide de son mari, bijoutier de renom, Marianne noie son ennui et un drame de jeunesse dans l'alcool. Elle est confrontée à des difficultés financières et cherche, comme lorsqu'elle était courtière, à vendre la collection de pierres qu'elle trouve dans le coffre secret de son appartement. L'origine douteuse des diamants et ses retrouvailles avec celui qu'elle forma jadis au travail de courtier en pierres précieuses vont l'obliger à se confronter à un passé douloureux.
NotesPalmyre Franck, épouse séparée de biens de Camille Hischmann, habitait 34, rue Baudin.
Léontine Garrus habitait 8, rue de la Paix lorsqu'elle s'installa au 26 sous le nom de Léontine Modes.
En 1982, l'hôtel de Nocé était toujours propriété des héritiers Desprez et de la Société Dreyfus lorsque Charvet, haute-couture, s'installa au rez-de-chaussée de l'hôtel Gaillard de la Bouëxière, N° 28, côté rue de la Paix.
SOURCES
La presse parisienne de l'époque. Mais il me manque beaucoup de choses sur Denise Lemaréchal. Alors, si vous rencontrez ce nom...
Recensements de la ville de Paris.
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