Par Laurent Quevilly
et Didier Bidaux.
et Didier Bidaux.
Chez
Bidaux
C'est en 1956 que fut servi le premier verre chez Bidaux. Le café venait compléter une épicerie ouverte dix ans plus tôt dans une maison particulière. Histoire d'une institution locale...
La famille Bidaux puise ses lointaines racines dans le Pays de Caux, du côté d'Auzouville-L'Esneval. Puis est s'est fixée chez nous en 1850 avec le mariage de Jean Bidaux et Rose Angélique Mainberte, à Jumièges. Ainsi ai-je des ancêtres communs avec Didier qui fut un ami d'enfance. Tout comme son père fut ami avec le mien. Tous deux fondèrent du reste le comité des fêtes d'Yainville.
Généalogie des Bidaux

Né
à Jumièges en 1885, Augustin Bidaux, le
patriarche, fut tour à
tour charretier à Hauville, employé de l'octroi
à
Sotteville, chauffeur à la centrale électrique
d'Yainville. Entre temps, comme tant d'hommes, il aura fait la guerre
de 14.
Trois garçons sont nés de ses amours : Bernard, André et Emile. la famille habitait en bord de Seine dans ce que l'on appelait "la maison Passerel". Le benjamin des fils Bidaux, Emile, sera le dernier à quitter la maison familiale dans ce quartier appelé les Roches.
Photo ci-contre : André et Emile Bidaux en compagnie de leurs parents dans la maison des bords de Seine.
Trois garçons sont nés de ses amours : Bernard, André et Emile. la famille habitait en bord de Seine dans ce que l'on appelait "la maison Passerel". Le benjamin des fils Bidaux, Emile, sera le dernier à quitter la maison familiale dans ce quartier appelé les Roches.
Photo ci-contre : André et Emile Bidaux en compagnie de leurs parents dans la maison des bords de Seine.
Alors qu'André travaille à la centrale, c'est en 1947 que Geneviève ouvre une épicerie dans sa salle à manger. Didier raconte : " Lors de la création de son épicerie, les tickets de rationnement étaient toujours d'actualité. Or, pour acheter de la marchandise, il fallait donner des tickets aux grossistes. Mauvaise époque pour commencer... Alors ma mère est allée faire le tour des voisins et des gens qu'elle connaissait pour qu'ils lui avancent des tickets. Certains lui faisaient cadeau de leurs bons pour des marchandises qu'ils n'utilisaient pas. D'autres avançaient même l'argent pour payer ! Petit à petit, les grossistes donnaient toujours un peu plus de marchandise que ce qu'elle pouvait avoir. Elle a mis plusieurs mois à rembourser ces fameux tickets..."
Facteur SNCF, époux lui aussi d'une fille Delèque, Emile Bidaux est toujours recensé en 1954 en bord de Seine, le couple a sous son toit Jean-Marie et Marie-José. Puis il fera bâtir maison non loin de l'épicerie familiale.
Emile Bidaux et Rolande Delesque
dans une maison qui n'est plus...
"Geneviève, un rouge !"
En 1956, Geneviève Bidaux allait adjoindre un débit de boisson à son alimentation. " Avant la construction du café, ma mère faisait parfois, dans la cuisine, office de café clandestin pour quelques personnes. Un jour, elle a été dénoncée au fisc par des gens bien intentionnés et plusieurs inspecteurs fouillaient partout lorsque le garde-champêtre de l'époque (M. Duffet sans doute) entre dans l'épicerie et puis directement dans la cuisine en disant : "Geneviève, un rouge !". Ma mère a alors repoussé l'homme dans l'épicerie et lui a mis un litre de rouge non ouvert dans les mains. Il a mis un certain temps à comprendre que les hommes qui étaient là étaient des inspecteurs. Et il est reparti avec son litre..."

Vers 1965, une station essence complète l'épicerie et le bar. Elle arbore la marque Caltex avec son étoile rouge à cinq branches. En 1967, elle prend les couleurs d'Elf. Et voilà mai 68. " Plus d'essence nulle part, se souvient encore Didier Bidaux, pas plus à Yainville qu'ailleurs. Alors, mon père, qui était déjà retraité EDF mais resté syndiqué CGT, est allé, en compagnie des syndicalistes d'EDF négocier avec ceux de la raffinerie le retour de l'essence à Yainville. L'essence est donc ensuite revenue, mais uniquement pour les gens de l'EDF ! Il y avait alors une file d'attente incroyable, débutant presque dans la cité EDF jusqu'à la station essence. Certains poussaient leur voiture (ça descendait, c'était plus facile)..."
M. et Mme Bidaux dans la cuisine...
Une fois la porte de l'épicerie poussée, le temps d'attente était parfois fort long, Mme Bidaux étant occupée à servir au bar. Du coup, nombre de galopins en ont profité pour voler une friandise. Deux ? Bon, de toute façon, il y a prescription. On trouvait là des Malabars avec une petite image "le saviez-vous" à l'intérieur, des Carambars dont on collectionnait les DH et les blagues à deux balles, des boules de gomme rouges entourées de réglisse, des Roudoudous, bonbons à sucer engoncés dans une coquille, des Aspire-frais, bonbons en poudre que l'on aspirait avec une paille, de grands chewing-gums rectangulaires avec la photo d'un coureur cycliste. Anquetil de préférence. Le bonheur, quoi...
Du Brotonne à l'Orée du Bois


Le commerce fut repris par Lionel Lebret en juillet 1985. Puis vint Gérard Gondot en 1988. La supérette est salors upprimée. En 90, voici Sophie Gautier qui fait du café une brasserie. Mais les temps sont difficiles. Après un arrêt du café quelques mois, elle revend à James Richard en 2001 tandis. Puis l'établissement mettra définitivement la clef sous la porte...
Un peu plus loin, rue Pasteur, une librairie fut fondée par Nadine Bidaux, épouse de Jean-Marie, vers 1972. Elle devait éditer une carte-postale représentant plusieurs vues d'Yainville. Suivront Mlle Gaillon vers 1980, M Dodelande vers 1985, Didier Bidaux en 1990, la Jumiégeoise Corinne Lugon en l'an 2000. D'autres propriétaires se sont succédé jusqu'à la fermeture.
Jean-Marie et Didier Bidaux sont des cousins au 4e degré de Laurent Quevilly.
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En
1990, André et Geneviève Bidaux
fêtèrent leurs noces d'or devant Jean-Louis
Claudet qui rappellera les 37 ans d'André à la
centrale, la création de l'épicerie en 47, du
café en 56. On ajoutera son rôle aux
côtés de Raphaël Quevilly dans la
création du comité des fêtes... Né le 8 mars 1915 à Sotteville, André est décédé le 11 février 1992 à Bois-Guillaume, à l'âge de 76 ans. Née le 27 septembre 1919 à Betteville, Geneviève est décédée le 11 décembre 2011 à Yvetot à l'âge de 92 ans |