La famille Lesain domina Yainville durant le XIXe siècle. Outre le manoir de l'église, elle possédait deux autres fermes sur la commune ainsi que d'innombrables parcelles. Aussi peut-on affirmer ici que plus de la moitié d'Yainville lui appartenait. Tentative d'inventaire.Le manoir de l'église


150 ans plus tard, on voit toujours figurer les bâtiments C, D et B qui a été rallongé. Une aile du manoir a disparu mais le corps subsistant conserve la même proportion et orientation. Il a été remanié sur la base des anciennes caves. En bas à gauche sur la photo, un nouveau bâtiment a été édifié.
Possessions Lesain section A
Voici maintenant comment le domaine sera démantelé. A son décès en 1826, François Lesain transmit par héritage son bien à Charles Lesain, son cousin. A son tour, il rendit l'âme en 1863, laissant deux héritiers, François Victor et Adélaïde. L'année suivante, ils louent le manoir à Sénateur Lefebvre.
1) En 1875, la fille Lesain vend à la famille Sabatier, entrepreneurs de travaux publics, la plupart des parcelles situées au bord de la Seine. Les Sabatier vont exploiter les carrières sises sur la parcelle 235. Près de là est une habitation et des bâtiments ruraux au milieu d'arbres fruitiers.
2) En 1887, Victor Lesain, le frère resté cultivateur, vend à Henri Dupasseur, membre de la famille Lepel-Cointet, les parcelles 199 à 229 (manoir et dépendances) ainsi que les parcelles 233, 260, 155 et 186. Bref, le gros de l'exploitation agricole. Dès l'année suivante, Dupasseur loue la ferme à Emile Carpentier.
3) Dupasseur étant décédé, sa femme hérite et se remarie avec le peintre Maurice Ray. En 1891, ces derniers vendent à Armantine Ouin, veuve Denomaison, les parcelles 201 à 213, 216 à 221, 155 et 186, autrement dit une grande partie du domaine primitif.
4) Les Ray conservent cependant pour leur usage la Broche aux Bouleaux. Il s'agit de la parcelle 233. Cette même année 1891, pour élargir leur propriété, les Ray achètent les parcelles 228, 230, 231 et 232... au père de Maurice Leblanc, l'auteur d'Arsène Lupin ! L'explication ? Maire de Jumièges, Achille Grandchamp avait acquis quatre parcelles aux Sabatier pour y construire une résidence. Quand il meurt sans descendant c'est son beau-frère, M. Leblanc, qui en hérite et les revend très vite aux Ray. C'est là que Roger Martin du Gard, ami de la famille, vint rédiger sa thèse sur l'abbaye de Jumièges et ses premiers romans. Les parcelles en question constitueront bientôt la propriété de Sacha Guitry connue aujourd'hui sous le nom des Zoaques.
Possessions Lesain section B
En 1887, Victor Lesain vend à Dupasseur les parcelles 19 à 22, 25 à 30, 39 à 42, 246, 249 et 250. Sur ces trois dernières s'élève alors une ferme.
En 1891, le couple Ray vend à la veuve Denomaison les parcelles 246, 249 et 250.
La ferme Grain
J'ignore quand cette ferme enclose a été rasée. Son terrain accueillit dans les années 1960 la poste et le terrain de pétanque. On voit figurer sur ce plan l'ancien presbytère sous le n° 122. Là s'édifia la première mairie. La maison fut occupée plus tard par le capitaine Chéron. Le calvaire est implanté aujourd'hui à la bifurcation de la route.
La seconde ferme
26 octobre 1879 : François Victor Lesain vend 15 ha de terres à cheval sur Yainville et Jumièges à Grandchamp qui vient toujours de perdre sa femme.