Par Laurent
Quevilly-Mainberte
Avec
trois listes en
présence, des scissions, des trahisons, la campagne de 53
fut un petit séisme politique. J'en ai
ressenti longtemps les répliques. Joutes
électorales...
Les armes
à
feu sont de sortie
! Rassurez-vous, nous sommes à la
société de tir en avril 53, à quelques
jours des
élections. Gaston
Passerel, le maire sortant est à gauche. Trois de ses
colistiers
sont à ses côtés : Théophile
Pourhomme, Jean
Lévêque, ancien maire Rad-Soc et Henri Nouvel.
Il
y a un espion, à Yainville ! Oui, un corbeau qui informe en
secret les Renseignements généraux.
Dès septembre
1952, en vue des municipales, il adresse un
énième rapport confidentiel à Rouen :
"Comme
suite à la note précédente signalant
que M.
Breitenbach Maurice, ingénieur chimiste à l'EDF
de
Yainville
représenterait le Parti communiste dans cette
dernière
localité aux prochaines élections municipales, on
apprend
qu'il prendra le n°1 de la liste communiste.
Sa
candidature sera appuyée par M. Cayron, directeur de l'EDF
de
Yainville, mais il y a lieu de souligner que cette décision
n'est pas encore connue par les habitants Yainville.
Lorsque
le fait sera rendu officiel, les électeurs de Yainville
seront
étonnés de la position prise par M. Cayron.
Il
ne fait aucun doute que M. Cayron manifeste des opinions politiques
diamétralement opposées à celles de M.
Breitenbach, ce qui surprendra davantage encore les
électeurs de
cette commune.
Soulignons que les
motifs réels de l'intervention de M. Cayron en faveur de M.
Breithenbach sont les suivants :
M. Cayron fit, on le sait,
après la Libération, l'objet d'une
enquête de police pour faits de collaboration. C'est grâce au Parti
communiste que M. Cayron se tira d'affaire, son dossier ayant
été classé. Ce
sera donc simplement pour marquer sa reconnaissance à
l'égard du Parti communiste que M. Cayron appuiera la
candidature de M. Breitenbach aux prochaines élections
municipales.
Ces graves
accusations n'engagent que l'indic qui les profère. Et nous
verrons plus loin que son jugement n'est pas toujours fiable. Il semble
avéré que le prédécesseur
de Cayron fut taxé de colleboration. Mais lui.
Originaire de Molière-sur-Cèze, dans le Gard,
Marcel
Cayron est attesté à la centrale depuis 1930.
Avant
guerre, on le voit à plusieurs reprises tenter de sauver des
victimes d'électrocutions : à Berville, au Trait,
sur le
bac de Duclair...
Depuis la Libération, le Parti communiste a le vent en
poupe.
Les mouvements sociaux observés à la centrale, la
savonnerie ont
régulièrement
fait les choux gras L'Avenir
normand, organe du PCF dans le département.
A
l'occasion, le journal n'hésite pas à
désinformer ses lecteurs. Ainsi, le 17 février
1950, son correspondant se réjouit :
L’action des
Communistes de Yainville porte ses fruits. La municipalité
de Yainville, composée de socialistes et
d'indépendants, a voté à
l’unanimité une résolution demandant :
« De
déposer dans le plus bref délai devant les
Nations Unies une proposition de convention internationale tendant
à proclamer comme coupables d’un crime contre
l’humanité ceux qui, les premiers, en cas
d’hostilités, utiliseront la bombe atomique.
»
Cette prise de position
a été obtenue grâce à une
lettre de la cellule communiste de Yainville au conseil municipal, ce qui prouve
que l’action de nos camarades peut entraîner les
plus larges couches dans les rangs des défenseurs de la
Paix.
Ce
texte est un modèle du genre dans l'art de travestir la
vérité. Car voici la
délibération exacte des élus
d'Yainville :
Le conseil municipal
considère que l'emploi de la bombe atomique en cas
d'hostilités serait un crime contre l'humanité
mais estime qu'il n'est pas de son ressort de s'accocier à
un vœu émis
par un quelconque parti politique.
Le 7 mars 1953,
nouvelle note d'information du
corbeau yainvillais :
"Les
bruits les plus divers sont actuellement répandus dans la
commune de Yainville à l'approche des prochaines
élections municipales quant à
l'élaboration des
listes qui seront mises en compétition.
On
se souvient qu'aux élections de 1947, deux listes seulement
étaient mises en présence, à savoir :
1°) Liste
d'Union groupant Rad. Soc., SFIO et Indépendants.
2°) Liste homogène communiste.
La
liste d'union fut entièrement élue au 1er tour de
scrutin, tandis que la liste présentée
par le PC n'eut
aucun élu.
Il
est possible, dit-on, dans les différents milieux politiques
de
Yainville, que les mêmes alliances politiques se renouvellent
aux
prochaines élections, mais cette fois, la liste
homogène
communiste changerait de tête de liste.
On
cite déjà le nom de M. Breitenbach Maurice,
ingénieur chimiste à la centrale
électrique de
Yainville, qui prendrait le premier rang sur la liste communiste.
Sa
candidature serait appuyée par le directeur de la centrale
de
Yainville, M. Cayron, qui cependant à des opinions
politiques
diamétralement opposées à celles de M.
Breitenbach.
Si
le fait se réalise, la liste présentée
par le PC
aura des chances de succès au premier tour de scrutin.
A
qui fait allusion notre mouche anonyme s'agissant des
élections
du 26 octobre 47. Retour en arrière : la liste de Gaston
Passerel réélue
comprenait Henri Beyer, Marcel Blaise, Eugène Charles, Paul
Le
Corre, Jean Lévêque, Henri Mezeray, France
Marcilloux,
Georges Piot, Raphaël Quevilly et Théophile
Pourhomme. Le
30 octobre suivant, lors de l'installation du conseil, Quevilly
défiait le maire sortant mais n'obtint qu'une voix, la
sienne.
Passerel fut reconduit. Alors, Quevilly tenta sa chance pour le poste
d'adjoint. Et là, il échoua de
très peu. 5 voix contre 6 pour Marcel
Blaise, auréolé de son statut d'ancien prisonnier
de
guerre et surtout d'une expérience
appréciée
dans la gestion communale.
Mais revenons en 1953. Coup de théâtre,
voilà qu'une troisième liste émerge :
celle de Raphaël Quevilly.
Au conseil depuis quinze ans où il est sns doute
l'élu le plus actif, tout nouvellement
nommé président du comité des
fêtes, il sent son heure venue...
Le 14 avril, une
nouvelle note confidentielle arrive à Rouen
"A l'approche
des élections municipales, la liste de la
municipalité
sortante vient d'être constituée à
Yainville par M.
Passerel, maire sortant.
Cette
liste, dénommée Liste Républicaines
d'intérêts communaux se compose de 11 membres dont
les
noms suivent avec leur étiquette politique :
1°) Passerel
Gaston, maire sortant, Ind.
2°) Blaise Marcel, conseiller sortant, SFIO.
3°) Lévêque Jean, conseiller sortant, Rad.
Soc.
4°) Piot Georges, conseiller sortant, SFIO.
5°) Le Corre Paul, conseiller sortant, SFIO.
6°) Pourhomme Théophile, conseiller sortant, Ind.
7°) Charles Eugène, conseiller sortant, Ind.
8°) Chéron Pierre, nouveau, Ind.
9°) Nouvel Henri, nouveau, Ind.
10° Berneval André, nouveau, Ind.
11°) Godard Henri, nouveau, Ind.
Observons au passage que Pierre Chéron
n'est
pas vraiment nouveau. Il avait fait son entrée
au conseil municipal d'Yainville en 1925. Mais continuons...
Il
y a lieu de souligner que deux listes, non encore
constituées,
seront vraisemblablement mises en compétition, à
savoir :
Une liste
homogène communiste et une liste patronnée par la
direction de l'EDF de Yainville.
M.
Quevilly Raphaël, chef de garage à la centrale
électrique de Yainville, sans appartenance
politique, sera,
affirme-t-on, tête de cette dernière liste.
Dans
ces conditions, il n'est pas possible de faire le moindre pronostic sur
le résultat probable du premier tour de scrutin dans la dite
commune, les avis étant très partagés
quant aux
chances de succès réciproques des trois listes en
compétition.
Par
contre, on peut indiquer que la liste présentée
par M.
Quevilly, et patronnée par la direction de l'EDF de
Yainville,
peut provoquer des surprises.
Si
la municipalité sortante se trouvait en minorité
au
premier tour de scrutin, on doit s'attendre à un revirement
complet de la situation politique à Yainville.
En
effet, les membres de la municipalité sortante ne voulant en
aucun prix être placés sous la tutelle de la
direction de
l'EDF, sont tous décidés à voter et
à
essayer de faire voter les électeurs au deuxième
tour
pour la liste communiste.
Dans
ces conditions, il faudrait s'attendre à un changement
d'orientation politique quand à la majorité du
futur
conseil municipal de Yainville.
Notre
gorge profonde n'est pas à une contradiction
près.
Dans un premier temps, il nous assure que Marcel Cayron patronne la
liste communiste. Et maintenant celle de Raphaël Quevilly en
prime. Beaucoup
pour un seul homme,
non ?
Reste
que les rapports entre Cayron et Quevilly sont
étroits. En Juin 40, durant la
débâcle, Guy
Cayron, le fils de l'ingénieur, est bloqué
à
Segré où il est
scolarisé. Lambert, le patron
de la Havraise charge Raphaël Quevilly de le ramener. Il part
en
gazogène, drapeau blanc déployé, en
compagnie de
Mme Cayron, assise sur le capot pour guetter l'arrivée
d'éventuels avions
allemands. Au retour, tous les ponts ont été
détruits... Pour traverser la Seine à Rouen, le
transbordeur les passe d'une rive à l'autre. Puis il est
anéanti pour freiner l'avancée
allemande. Mais Guy Cayron a retrouvé
Duclair
où réside la famille, rue de l'Eglise. Il
apprendra
à conduire avec Raphaël Quevilly qui,
après ces
élections, lui prêtera sa caravane pour une
escapade d'une
dizaine de jours en Bretagne. Je me souviens que son père,
l'année où mourut ma mère, vint
à la maison
m'offrir pour Noël une superbe maquette de Frégate.
Il est
décédé à Rouen en 1998
à 94 ans.
Le 19 avril 1953, l'association des sinistrés du Trait procède à celle de la duchesse du canton de Duclair, salle Léo-Lagrange. En l'appelant sur scène, Brétéché, maire socialiste du Trait, salue Raphaël Quevilly venu représenter le comité des fêtes : "Voici le futur maire d'Yainville". Salve d'applaudissements. De la main, l'intéressé tempère l'enthousiasme de cette prophétie. A raison...

Président du comité des fêtes d'Yainville, Raphaël Quevilly est en retrait à l'extrême-gauche sur la photo.
Les
deux listes républicaines en présence |
||
Liste Républicaine d'intérêts communaux | Liste Indépendante pour la Défense des Intérêts Communaux | |
Gaston Passerel, maire sortant, né en 1883 à Lavau, Yonne, ancien de 14-18, habite Sente aux Amoureux. | Raphaël Quevilly, conseiller sortant, mécanicien, deux garçons, habite Sente aux Gendarmes, dite la Ruelle. | |
Marcel Blaise, adjoint sortant, né en 1903, machiniste, ancien prisonnier de guerre, habite route nationale. | Henri Beyer, conseiller sortant, né en 1902, agent de maîtrise. Habite la maison de pierres blanches près de la future salle des fêtes. | |
Paul Le Corre, conseiller sortant. Contremaître électricien, né en 1902, il habite 5, rue Ampère et a deux filles dont une est mariée à Jacques Brasse. |
Jacques Chopinaud,
ingénieur, né
en 1923 à Limoges où il s'est marié.
Un fils,
Éric, né en 1951. Habite la cité EDF
de la côte
Béchère.
|
|
Eugène Charles, conseiller sortant. Né en 1887, il est jardinier chez Mustad et père de trois enfants. | Bernard Chéron, né en 1911, capitaine de bac. Habite rue du Calvaire, une fille, Christiane. | |
Théophile Pourhomme, conseiller sortant. Né en 1899, il est chef de fabrication. Originaire de Pexiora, deux fils mariés. | Marc Stéffanut, né en 1925 à Montataire contremaître. Il habite rue du Général-Leclerc et a une fille née en 52. | |
Georges Piot, conseiller sortant, né en 1902, magasinier, trois filles dont une mariée avec Jean Havard. A un frère agriculteur, ancien élu. | Roger Greux, né en 1913 à Don, dans le Nord cuisinier, marié à Alice Pinel, décédé le 31 mai 1959.. | |
Jean Lévêque, conseiller sortant et ancien maire Rad-Soc. Né à Saint-Emilion en 1881, il vit chez Théophile Pourhomme. | François Lucas, né en 1914, conducteur de turbines, marié à une Bretonne il a deux enfants. | |
Henri Nouvel, chauffeur automobile aux chantiers du Trait. Né en 1928, il a trois fils et habite l'une des maisons Silvestre. | Maurice Oudard, né en 1923, conducteur de tableaux, habite 1, rue James-Watt, il a deux filles. | |
André Berneval, agriculteur, rue de la Forêt, né en 1923, deux filles. un domestique. Il est arrivé à Yainville en 1950. | Luc Delaporte, né en 1928, horloger de la centrale, il habite rue du Général--Leclerc et a deux filles. C'est le gendre d'un ami des Quevilly, les Prestaud. | |
Pierre Chéron, né en 1875, ancien douanier et comptable, retraité. Sans enfants. Vit dans les baraquements d'urgence Sente aux Gendarmes. | Jacques Lebourg, né 1926, conducteur mécanicien, sans enfant, habite 13, rue James-Watt. | |
Henri Godard, né en 1897, cultivateur derrière l'église, un garçon et une fille aides de culture. | Florio Buffi,
soudeur-tuyauteur, né en 1926, habite route nationale. |
On le voit, la liste Passerel avec sept sortants représente la légitimité derrière le maire et son adjoint. Celle de Quevilly en revanche, avec deux sortants, apparaît comme dissidente. La liste Passerel semble aussi plus équilibrée avec deux agriculteurs, Berneval et Godard. A l'image du comité des fêtes, la liste menée par Raphaël Quevilly est trop marquée EDF. Elle est soutenue par des ingénieurs comme Minard, Vauluisant...
On imagine l'ambiance qui règne alors entre les candidats. Amis d'hier, Nouvel et Quevilly s'affrontent. Pierre Chéron, le doyen, voit aussi son neveu, le passeur du bac, se dresser contre lui. Raphaël Quevilly a aussi pour opposant un membre de sa famille par alliance : Théophile Pourhomme. Oui, ambiance il y a...
Jacques Chopinaud est ingénieur à la centrale. il s'est marié à Limoges à Jacqueline Lafarge en 1950 et c'est là qu'elle a accouché d'un premier garçon, Éric, en 51. Luc Delaporte est le responsable des horloges à la centrale. Il est aussi le gendre du couple Prestaud avec qui les Quevilly sont amis et ont passé des vacances à Ploubalay en 48.
Il y eut bien une liste du Parti communiste. Contrairement à ce que pensait notre corbeau, elle n'est pas menée par Breitembach mais par l'institutrice, Suzanne Lafosse. Son équipe :

Suzanne Lafosse, célibataire, le recensement de 1954 a la délicatesse de ne pas donner son âge. Elle est qualifiée de Chargée d'école et vit à la mairie aux côtés des Marcilloux. |
Jean Louis, né en 1921, à Neuville-Lès-Dieppe, demeurant 3, rue James-Watt, tableautiste, marié avec Georgette Prinée, un fils. |
Maurice Breitenbach, ingénieur chimiste à la centrale, né en 1926 à Elbeuf, époux de Jacqueline Sénard qui attend un enfant rue d'Arsonval. |
Emile Bellet, né à Duclair en 1911, demeurant 11 rue du Général-Leclerc, conducteur de chaudière, époux d'Alice Lucas, quatre enfants |
Roland Hamel, né à Rouen en 1924, chargé de l'entretien des appareils de contrôle. |
Germaine Amghar, née Beyer en 1895 à Yainville. |
Christian Saint-Paul, né en 1928, conducteur chaudière, route nationale, marié à Jeanine Bille, un fils, une fille. |
Alexis Cabin, né en 1927 à Vatteville-la-Rue, chauffeur chaudière, marié avec Henriette Honoré, c'est le voisin de Bellet, 9, rue du Général-Leclerc. Deux fils. C'est lui qui succédera plus tard à Raphaël Quevilly comme chef de garage. |
Fernand Dubois, manœuvre, né à Elbeuf en 1909, marié à Camélia Bruneau, deux filles, deux fils. |
Daniel Decaux, né à Jumièges en 1922, chauffeur chaudière, 28, rue du Général-Leclerc, marié à Henriette Dupin, trois fils, deux filles, Mme Decaux attend un nouvel enfant. |
André Langanay. conducteur tableaux, né à Duclair en 1917, 5, rue du Général-Leclerc, marié à Andrée Routier qui disparaîtra jeune, deux enfants. |
En revanche, celui des élections sera une claque retentissante. Au soir du 1er tour qui voit un taux de participation de 90%, cinq candidats de la liste Passerel sont réélus. Théophile Pourhomme arrive en tête et devance le maire sortant. Suivent Le Corre, Lévêque et Charles.
Cette équipe distance la liste communiste avec une moyenne de 140 voix, soit deux fois plus que celle du PC. Celle de Raphaël Quevilly arrive dernière avec 65 voix.
Au second tour, avec un taux de participation en hausse, le reste de la liste Passerel est porté à la mairie. Marcel Blaise, adjoint sortant, arrive en tête à égalité avec Georges Piot, conseiller sortant lui aussi. Suivent quatre nouveaux élus : Henri Nouvel, Pierre Chéron, oncle d'Andréa Mainberte et du capitaine du bac, André Berneval et Henri Godard, les deux agriculteurs.
Ce soir du dimanche 3 mai, Andréa Mainberte, inquiète, surveille la barrière de la maison neuve, de crainte qu'une veste n'y soit accrochée. Car veste il y a. Avec gilet et pantalon assortis. Fâché avec les deux-tiers du village, mon père entra alors dans un hiver affectif. J'allais en ressentir longtemps des engelures.
Archives de Raphaël Quevilly : dossier conseil municipal., collection photographique.
Délibérations du conseil municipal d'Yainville, numérisation : Édith Lebourgeois, transcription : Laurent Quevilly.
Notes des RG, archives départementales, Jean-Claude Quevilly.
Paris-Normandie, samedi 25 et dimanche 26 avril 1953, consulté par Jean-Claude Quevilly.
Recensements de la population d'Yainville.
Gilbert Fromager, Le canton de Duclair 1950-2000, p. 57.