- Par
Laurent Quevilly-Mainberte
Bien-sûr Giverny, bien-sûr les
Nymphéas... Mais Monet fut aussi jardinier à
Yainville au temps où les
Guitry résidaient au manoir des Zoaques.
Son assistant ? Paul Fidelin...
Claude Monet à Yainville...
Dès 1913, de Giverny, le peintre des Nymphéas y
viendra tous les étés passer plusieurs semaines,
souvent en compagnie d'Octave Mirbeau, son ami le plus cher.
"De l'atelier de Monet au jardin
de Sacha Guitry", titre le journal Gil Blas du 3 septembre
1913. « Claude
Monet lui a entièrement redessiné son jardin et,
déjà, çà et là,
des, piquets, des cordeaux indiquent chez Sacha les allées
du jardin futur. Louis XIV eut Le Nôtre, Sacha Guitry a
Claude Monet; Sacha Guitry n'a rien à envier à
Louis XIV. Mais cela, il le sait depuis longtemps ! »
Cette
photo, parfois attribuée à Sacha Guitry est souvent
présentée comme étant prise à Giverny en
1915. Or, elle semble bien prise aux Zoaques si l'on en juge par la
forme du fauteuil. (© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais),
Dans son numéro du 13 septembre suivant, le quotidien
friand de mondanités parisiennes, revient sur le
séjour des deux amis chez les Guitry : «
Et,
tandis que Claude Monet dessinait un jardin pour l'auteur de Nono et de
Berg-op-Zoom, celui-ci, délaissant le papier pour la toile,
faisait le portrait d'Octave Mirbeau...»
Fidelin, un fidèle assistant
Si
Claude Monet était le maître d'œuvre du
jardin, Paul
Fidelin était son
exécutant, bien plus que Charlotte Lysès, la
première épouse de Guitry qui a cependant a pris part au
projet.
" Fidelin !" Combien de fois
ai-je entendu ce nom dans la bouche de mon père. Pur en dire
quoi ? Mers souvenirs se sont émoussés. Mais ma tante
Marie-Louise Mainberte se souvenait parfaitement qu'il avait
été le jardinier de Guitry. A l'époque il vivait
dans un petit pavillon en compagnie de son
épouse,
Armandine Grisel, qui occupe alors des fonctions
ménagères au manoir et
élève ses enfants.
Comme Paul, Armandine est née de père inconnu.
Lui
a d'abord été
domestique, elle servante puis tisserande. Ils se sont
mariés en 1898 dans leur
commune natale, Daubeuf-Serville, non loin de Fécamp.
Armandine était
alors fille-mère et Paul, en l'épousant, reconnut
du même coup le fruit de leurs amours. Le 25
décembre précédent, jour de Noël,
été une divine enfant sous le nom de Marie Pauline
Armandine Grisel.
Le couple
fut
ensuite très mobile puisque deux enfants viennent encore au
monde dans différentes communes normandes. Paul naît à Graville en 1900, Suzanne à Sanvic en 1905.
Paul Fidelin est attesté à
Yainville en décembre en 1913 alors qu'il fut
porté sur les listes électorales de Villers-Ecalles en
début d'année sous le métier
de jardinier. Il y vivait depuis cinq ans...
Détail du livret militaire de Paul Fidelin
En
hiver, aux Zoaques, les Fidelin sont donc les gardiens du temple.
L'été, ils sont rejoints par le personnel
parisien des Guitry : Henri Bernard, le
chauffeur, la cuisinière, la femme de ménage, le
valet de chambre, un bel
homme de couleur.
Monet dans le paysage yainvillais

Charlotte Lysès passe souvent pour avoir été l'exécutante de Monet. C'était Fidelin...
De sa fenêtre Guitry aime à voir ses deux amis
marcher côte à côte avant de
disparaître au bout d'une allée : " je crois que je
n'oublierai jamais ces deux silhouettes, l'une
élégante et si fragile, celle de Mirbeau, l'autre
large et pesante, et souple, celle de Monet."
Avec
Guitry, Monet aime à contempler longuement la Seine et son
ciel griffé soudain par un vol de sarcelles, la campagne
yainvillaise qui dégringole jusqu'à
l'église parmi vaches et pommiers, l'ancienne
forêt royale de Jumièges et celle du
Trait-Maulévrier barrant tour un pan de l'horizon. Monet apprend
à Guitry la façon d'admirer un paysage. Surtout pas
cligner des yeux. Mais les ouvrir en grand pour le dévorer :" Quand vous avez trop regardé, quand vous voulez
mettre en place certains points... Une fois que vous avez bien
regardé votre paysage, baissez-vous, et regardez vos jambes !" A 70 ans, Monet étonnait toujours son monde en faisant cette gymnastique.
Que le printemps commence !

Monet a son bureau d'où il entretient une abondante correspondance (BnF/Gallica/Agence Meurice).
Début 1914, Sacha Guitry est en mauvaise santé.
Monet écrit de Giverny le 31 mars à sa
"chère Lysès" et son "cher malade". Il s'en
inquiète mais aussi de l'état du jardin
d'Yainville qu'il a hâte de parachever. "Vous
voudrez bien me dire si vous m'autorisez à
commander des rosiers pour vous, car le temps presse. Je ferai en sorte
que ces commandes soient livrées au plus vite. Si cela vous
va, je suis à votre disposition afin qu'il y ait un
commencement de plantations pour le Vendredi-Saint." Le
maître accompagne sa lettre d'un croquis
représentant l'accès du pavillon
entouré de capucines en caisses.
D.R.
Nous avons demandé à Monsieur André Le Nôtre de commenter cette correspondance.
«
Monsieur Monet fait montre d’une fort habile intelligence des
mouvements du jardin. Il n’ignore point que les rosiers, pour
bien prendre racine, doivent être mis en terre en leur saison
propre, d’où l’empressement qu’on lui voit.
Lorsqu’il ordonne que l’on débute les plantations
à l’approche du Vendredi Saint — jour mobile, mais
souvent lié au réveil du printemps — il suit
manifestement le cours naturel des choses. Qu’il adjoigne
à ses instructions un dessein en forme de croquis
témoigne aussi de sa haute considération pour
l’harmonie de l’ensemble : l’œil y trouve son
plaisir autant que la plante sa place. Il y ordonne même les
capucines en caisses, en vue d’un effet gracieux et prompt, tout
régi selon l’art du bel arrangement. »
Accueillir les plantes comme des invitées
6 avril, Claude Monet annonce à Fidelin sa prochaine
arrivée à Yainville pour mettre en terre les
plantes
qu'il apporte et celles envoyées par le train. "Vous
voudrez bien vous en occuper et en prendre livraison, mais ne devrez
les déballer que lorsque je serai là. Vous devrez
seulement les placer à l'abri. Je vous prie de faire en
sorte
que les plates-bandes soient labourées et en état
de
recevoir les plantes".
«
Monsieur Monet se distingue par une rigueur toute exemplaire dans
l’ordonnance des ouvrages et la prévoyance des
nécessités. Il prend grand soin d’éviter que
les plantes ne souffrent de sécheresse ou ne soient saisies par
quelque froid intempestif, en défendant qu’on les
déballe avant le moment convenable. Il veut pareillement
qu’on les tienne à couvert, sans doute pour les
préserver des rigueurs du vent, de l’ardeur du soleil ou
des morsures du gel — preuve manifeste de sa science des
périls qui suivent la transplantation. Pour ce qui est de la
disposition des plates-bandes, il prescrit que le sol soit
d’abord bien labouré : sage précaution, qui rend la
terre plus meuble, y fait couler l’eau avec mesure, et donne aux
racines meilleur établissement. C’est là une
règle qui s’accorde fort bien avec les maximes les plus
éprouvées du jardinage. »
Soigner la vie, penser le décor
 |
Les lettre de Monet à Fidelin sous aujourd'hui de précieux objets de collection (D.R) |
9 avril Monsieur Fidelin, Je
viens encore vous bien recommander de bien soigner toutes les plantes
que nous avons plantées, bien les mouiller si vous les voyez
faner, faire de même pour celles que vous avez mises en
jauge aussi et de préférence à l'ombre. Je pense
que les 4 rosiers sont plantés et que vous avez pris soin d'y
mettre un fort tuteur pour garantir du vent. Je vais voir Mme Guitry et
je compte revenir à Yainville mercredi prochain. Je vous prie de
rappeler à M. Pigache (1) de faire peindre le mur tout de suite et
prenez le menuisier pour treillage. Salutations, Claude Monet
(1)
Charles
Pigache est un entrepreneur de Saint-Pierre-de-Varengeville avec qui
les Guitry auront quelques démêlés. Il est alors
maire de sa commune. Conseiller d'arrondissement, il aurait
été reçu plusieurs sois chez Guitry où
parait-il l'on ne jouait pas que des saynètes mais des
jeux d'argent.
«
Dans les lettres qu’il adresse au Sieur Fidelin,
Monsieur Monet rassemble maintes pratiques relevées du bon
jardinier. Premièrement, il recommande l’arrosement selon
le besoin des plantes, discernant celles qui sont flétries de
celles qui se portent encore bien, preuve qu’il n’agit
point à l’aveugle, mais observe et ajuste avec un
œil exercé. Puis, il revient sur l’usage du
jaugeage, artifice judicieux pour tenir les plants en attente, les
racines demeurant humides à l’abri du soleil, et ainsi
préservées de toute offense. Il prescrit aussi
l’emploi de tuteurs pour les rosiers, afin qu’ils croissent
droits et fermes, maintenant le port du massif avec ordre et mesure.
Enfin, il ne néglige point l’ornement : treillages, murs
peints, et autres agréments y sont déjà
pensés, ce qui montre assez que, pour lui, le jardin n’est
pas seulement un lieu fertile, mais encore un théâtre de
beauté, où la nature se voit conduite par l’art, en
noble harmonie. »
Composer avec la lumière et le vent
29 avril 1914. Charles Monet envoie un nouveau colis avec des graines
d'eschscholtzia "pour
semer au bord du talus où l'autre jour on manquait de
graines pour toute la longueur. [...] Dans
la boite ronde, c'est la graine de pourpier pour semer en dessous de
l'autre, à la volée et, comme elle est
très fine,
la bien mélanger avec la terre sableuse puis passer le
râteau et
aplatir [sic] un
peu. Vous
recevrez aussi des capucines naines pour semer dans les caisses que le
menuisier a dû faire pour le dessus du pavillon.
[...] J'espère
que vous avez bien placé comme je vous l'ai bien
montré
les rosiers et les soleils. J'ai oublié de vous dire qu'il
fallait bien mouiller les 2 petits arbustes que je vous avais fait
planter la précédente fois dans l'herbe, devant
la
maison. Enfin, je compte sur vous pour bien soigner et faire ce qui a
été convenu, et si vous pouviez placer en bonne
place,
soit devant chez vous ou même dans un coin de votre potager,
quelques pieds des asters que nous n'avons pu placer l'autre jour et
que je vous recommande de remettre en jauge, faites-le".

Ces lettres de Monet à Fidelin ont été estimées dans une fourchette de 3.000 à 5.000 € (D.R.)
«
Ici, Monsieur Monet se fait remarquer par la netteté de ses avis
et la finesse de son discernement. Il distingue avec soin chaque
semence selon son emploi propre : les eschscholtzia sont
destinés à garnir la longueur du talus, tandis que le
pourpier, de nature plus menue, doit être semé à la
volée, mêlé à une terre sablonneuse —
artifice fort ingénieux, digne des méthodes les plus
récentes, pour éviter que la semence, trop
légère, ne s’amalgame et ne se perde. Quant aux
capucines naines, il les veut en caisses, sans doute pour en tirer
effet plaisant dès la belle saison, et gouverner leur
développement avec aisance. Il note encore qu’on a
manqué d’arroser deux arbustes, observation qui
révèle combien il veille sur chaque plante avec
assiduité. Enfin, il conseille que les asters non encore mis en
place soient tenus en jauge, ou même transportés au
potager, montrant par là qu’il sait plier ses desseins au
besoin de l’instant, sans toutefois nuire au bon état des
végétaux. Cette manière d’allier
méthode et souplesse est le propre des maîtres de
l’art. »
Tout fleurir avant qu'ils n'arrivent
Jeudi 30 avril. "C'est
encore moi Fidelin. [...] Vous
pourrez les mêler toutes ensembles, en semer comme je crois
vous
l'avoir dit dans les caisses qui seront sur le pavillon neuf en bas,
puis semer en bordure tout le long de la plate-bande où se
trouve le gros hêtre, puis, s'il vous reste encore de la
graine
de pourpier [...] en
semer en
bordure de l'autre plate-bande, celle qui est en haut du mur. Si vous
n'aviez plus de cette graine, semez-y encore des capucines naines.
Enfin, voyez à placer quelques asters. [...] M.
et Mme Guitry doivent arriver dimanche, arrangez-vous pour que tout
soit bien. Ne manquez pas avant de semer la bordure de capucines de
bien sarcler et d'enlever le chiendent et les mauvaises herbes. Enfin
que tout ce que je vous
ai dit de faire le soit et bien pour que vos maîtres soient
satisfaits et ne trouvent rien à redire”.
«
Monsieur Monet ne se contente point de planter au hasard ; il gouverne
son jardin comme un peintre conduit son tableau. Il compose, il
ordonne, il agence chaque variété selon les hauteurs du
terrain, le retrait des murs, la présence d’un hêtre
ou l’ombre portée d’un bosquet. Il fait jouer les
espèces les unes contre les autres, alternant leurs couleurs,
leurs formes et leurs hauteurs, de façon à engendrer un
mouvement, une cadence visuelle, comme une musique pour les yeux. Sa
diligence s’étend jusqu’aux plus humbles soins : il
ordonne que l’on sarcle à la main, et que l’on
extirpe jusqu’au chiendent, herbe fort opiniâtre
qu’il ne saurait souffrir dans ses parterres. Mais c’est
que l’heure presse : l’on attend Monsieur et Madame Guitry,
personnes de goût et d’esprit. Aussi, tout doit briller de
propreté et d’élégance. Il veut que le
jardin, à leur venue, ne présente nul défaut, mais
qu’il soit, tel un salon sous les cieux, digne de ravir des
âmes sensibles à la beauté. »
Derniers gestes avant éclosion
2 mai. "Je
viens encore de vous
envoyer un paquet de graines, les mêmes que vous avez
dû
semer en bas comme je vous l'ai dit pour finir la bordure
commencée l'autre jour. Vous pouvez donc semer celles-ci,
tout
le long du talus au bord de l'allée [...] semez-en
de suite un second et même troisième rang
à environ
30 à 40 centimètres. Faites cela de suite, avant
l'arrivée de M. et Madame Guitry".
« En
ses dernières instructions, Monsieur Monet pousse encore plus
avant l’art du semis, le rendant aussi judicieux que gracieux. Il
prescrit que l’on dispose les graines en deux ou trois rangs,
lesquels doivent être tenus à bonne distance — de
trente à quarante centimètres — afin de
ménager l’air et la lumière à chaque plant.
Ce dessein, fort avisé, procure un effet de masse sans
confusion, où chaque floraison peut éclore avec
générosité, et se faire admirer depuis le chemin
d’allée, comme autant de touches éclatantes sur un
vaste canevas. L’on voit encore, ici, combien il attache de prix
à la ponctualité des ouvrages : tout doit être
achevé avant que les hôtes ne paraissent. Ce n’est
pas un simple jardin qu’il entend leur montrer, mais une
scène vivante, expressive, comme un théâtre de
fleurs dressé pour la réception d’esprits sensibles
et raffinés. »
Une confiance enracinée
« Il y a, dans les lettres que Monsieur Claude
Monet adresse à son fidèle auxiliaire, Monsieur Fidelin,
bien plus que les seuls ordres touchant les semis ou les arrosages. Ce
sont, à mes yeux, des billets pleins d’humanité,
où l’on devine une tension féconde entre deux
hommes que tout semble séparer — l’un, maître
renommé des pinceaux et de la lumière ; l’autre,
modeste et silencieux artisan de la terre — et que pourtant
unissent les saisons, la glaise et la constance.
Monsieur Monet donne ses instructions, c’est vrai, mais ce sont
là des ordres confiés, et non point
assénés. Chaque recommandation suppose chez son
correspondant plus que l’habileté du geste : une
intelligence du végétal, une sensibilité au
moment, à l’intention du maître, voire à son
humeur du jour. Ce n’est pas tant planter qu’il faut, mais
comprendre ce qui va naître ; non seulement arroser, mais
protéger ; non point obéir, mais interpréter.
J’ose
dire que Monsieur Fidelin, dans cette relation, devient les
mains invisibles du peintre-jardinier, son prolongement au jardin
lorsque l’artiste ne peut y être. Il n’est point
simple exécutant, mais dépositaire d’une vision. Il
doit suivre l’idée, et parfois improviser, selon ce que la
terre permet, ou refuse. C’est là le propre des vrais
jardiniers : ils ne créent rien qu’avec l’accord du
temps.
Quant à moi, qui ai longtemps ordonné
les parterres du Roy Très-Chrétien à Versailles,
j’ai vu bien des mains obéir, mais fort peu comprendre. Le
jardinage, en mon temps, était l’art de contraindre la
nature à la mesure du palais. Aujourd’hui, il semble
qu’on cherche à l’écouter. Et c’est
tant mieux.
Je me réjouis que le jardinier ne soit plus
tenu pour simple valet de bêche, mais reconnu, dans le silence de
ses gestes, comme co-créateur du lieu. Le jardin ne se fait
jamais seul ; il exige dialogue entre l’homme et la plante,
patience, et attention sans relâche.
Ce que je lis entre ces lignes de Monsieur Monet,
c’est une alliance noble : celle d’un homme de l’art
et d’un homme de terre. Et s’il faut un mot pour cela,
qu’on le nomme respect. »
— André Le Nôtre, Jardinier du Roy
Et c'est la guerre !
Nous allons vite cesser de rêver ! La maladie épargna à Guitry une incorporation en
août 14. Mais pas une suspicion à ce sujet. Quant
à Fidelin, il ne peut y échapper. Le 1er août,
dès que l'ordre de mobilisation fut placardé sur la
mairie d'Yainville, dès que la cloche de l'église
Saint-André se mit à sonner, Paul embrassa les siens, se
rendit à la gare et rejoignit le 1er août le Groupe
territorial du 1er bataillon d'artillerie à pied. Durant la
guerre, il changera deux fois de régiment avant d'être
détaché en qualité d'agriculteur. Ainsi il
put regagner Yainville en octobre 17 et descendit de la gare
d'Yainville sous l'uniforme du 9e Rap. Armandine tombe dans ses bras.
Autour d'eux, le paysage s'est métamorphosé sous l'effet
de l'effort de guerre. Près du bac, une usine électrique
sort de terre, plus loin un chantier naval, là une goudronnerie.
Mais surtout, surtout, Guitry n'est plus là. Il est dans les
bras d'Yvonne Printemps. Déprimée, Charlotte conserve
encore la propriété. L'inamobile maire d'Yainville,
Athanase Leroy, est toujours là, lui. Et manifestement, il ne
lit pas le courrier du cœur. En août 1918, on
réquisitionne du foin dans les fermes. Parmi liste des
agriculteurs, taxé d'un quintal Athanase fait figurer... Sacha
Guitry !
Conseiller municipal
Derrière cette récolte, il faut sans doute voir encore
Paul Fidelin, qualifié d'agriculteur. Fin 1919, lors des
municipales, il entre à la mairie aux côtés
d'Athanase Leroy, arboriculteur en bord de Seine et dont Guitry
évoqua la figure. En 1921, Paul et son épouse sont
recensés en compagnie de leur fils Paul,
mécanicien de 21 ans et leur fille Suzanne, 16 ans. Mais
Charlotte met le domaine en vente. La famille Bloch-Levallois en prend
possession en juillet 1921. L'acte notarié final est
signé à Duclair en janvier suivant. Charlotte laisse
derrière elle le mobilier de son ménage avec Guitry.
Le 7 mai 1922, Paul Fidelin fait encore partie de la nouvelle
équipe municipale menée par Emile Carpentier, les fermier
du manoir de la Lieue, derrière l'église. Un
acharné de dominos qui cume ses fonctions avec celles de chantre
de l'église. Paul Fidelin
siège pour la dernière fois le 12 mars 1925. Il ne fera
pas partie du conseil présidé par Fessard
Dans les années 30, les nouveau propriétaire des Zoaques,
Leclercq-Mazurier, fit procéder à un
rafraîchissement de la demeure. La salle à manger se veut
la réplique de celle de Monet. Mon père, Raphaël
Quevilly, y a posé les parquets.
Le garage Fidelin...
Paul Fidelin fils se maria à Lucile Carpentier, née au
manoir de la Lieue
et fille du maire d'Yainville de 1922 à 1925. Lucile, c'est
cette jeune bergère qu'apercevait mou cousin Louis Acron, "
Elle gardait les moutons en brodant. Le soir, on parquait le troupeau
avec des clôtures en bois et l'on changeait
régulièrement d'emplacement pour nourrir la terre
d'un engrais naturel. Les Carpentier avaient aussi un fils
prénommé Daniel. Enfin la ferme accueillait un neveu,
Georges Lépagnol. Carpentier parti de la ferme de
l'église, c'est Brunet qui lui succéda. Puis Gouard....
Paul
Fidelin fils est recensé dans le chef-lieu de canton, route de
Rouen, dès 1926, comme mécanicien. Il a Paul. Roberdeau pour employeur.
Originaire de Sotteville, celui-ci tient un garage quai de Rouen. Paul
fils prendra sa suite. Hélas, il est
décédé
prématurément après-guerre à 47 ans
et fut inhumé à Jumièges. Mais Lucile veuve, continua l'activité. Olivier Bruisson se souvent : " Dans les années 50, au rez-de-chaussée côté rue, il y avait le bureau et l’accueil. Une grande porte cochère donnait accès au garage derrière." Et puis Monsieur Dutrait prit la suite et supprima ce rez-de-chaussée
pour en faire une piste de pompes à essence" Et tandis que nous
faisons le plein, quelqu'un peut nous dire ce que sont devenus les
Fidelin ?
Laurent QUEVILLY
SOURCES
• Sacha Guitry en Normandie,
Laurent Quevilly, BoD. (retrouvez l'intégralité :
)
• Citations
de Guitry, Communication
de Charles Floquet à Laurent Quevilly.
• Lettres de Monet à Paul Fidelin :
Archives.org/Sotheby's
• Instructions de Monsieur Monet au Sieur Fidelin, sur l’art de conduire un jardin avec ordre et beauté. Où
il est traité des semis, des plantations, de la disposition des
fleurs, et de la mise en scène du parterre, à la
manière d’un tableau vivant. (Imprimerie royale, 1700)
Ouvrage apocryphe.
• Dédé Le Nôtre, gérant du Magasin vert, rue du château, 78646 Versailles.
• Jean-Pierre Hervieux : anecdote sur Pigache..
• Olivier Buisson, Journal de Duclair, Facebook.
N.D.L.R.
Cette page partage des
contenus éducatifs sur les rapports de Guitry avec Yainville.Son seul but : inciter à mieux connaître
l'œuvre des personnages cités et éclairer les
liens qui les unissent à notre région. Les photos sont
utilisées avec mention des sources. Pour toute
question, contactez-nous.
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