Par Jean-Philippe Joly
LA CHOULE EN GENERAL
D’où
vient elle ? Nul
ne peut en donner l’origine. On en trouve des traces aussi
bien
chez les
romains que chez les vikings (jeu de knattleikr), d’autres
jeux
de balles avec
deux équipe en Chine, au Japon, mais aussi chez les mongols
et
on retrouve des
jeux de crosse chez les indiens du Canada et Chili. Les jeux ont une
histoire
et comme pour celle des hommes et des musiques, elle laisse supposer
des liens
très tôt tissés entre les civilisations
et /ou
bien un lien
« cérébral »
commun entre les peuples. Une
« mondialisation » avant
l’heure, mais conservant et enrichissant les
particularités locales.
2 en 2002, 5 en 2003, 7 en 2004, 10 en 2005, plus de 20 programmés en 2006, 40 en 2007 !
Ce jeu/sport est donc probablement lié à des particularités locales très fortes. Certains ont pu voir un lien avec les zones fortes d’implantation de la chevalerie (cf les « compétitions » de tounoiements dans le livre de G.Duby sur Guillaume Le Maréchal, un Platini ou un Zidane de l’armure…)
Région de Jumièges à Lyons (Vallée de Seine) surtout sans crosse / Région du Bocage, triangle Vire, Tinchebray Briouze (hormis la crosse)/ Haut Cotentin (crosse et sans crosse), on parle de SAVATE à Valognes / Sud Manche pour la crosse essentiellement, dont une forme se rapprochant fortement du cricket.
En
Normandie choule est synonyme
de se bousculer ou d’amusement.
Ecoutons Le Sire de Goubervillegentilhomme du Hâot Cotentin vers 1550 :
« Vêpres dites nous fûmes
jusques à la nuit à crosser près de
l’église »,
« le curé bâtonne à
la
choule tout le reste du jour ».
On peut également
par ce témoignage avoir une
autre approche de ce qu’était
A la choule on y joue
à certains moments de
l’année mais avec passion, et le peuple, le
clergé, les nobles s’y adonnent et
s’y mélangent. Si les témoignages
concernant
Les
documents iconographiques
sont rares et les
témoignages sont bien
loin des commentaires précis d’un journal sportif.
Reconstituer alors ce type
de jeu devient ardu. Y avait il seulement des
règles ? Certains auteurs
ont supposé que quand un noble participait à un
tel jeu, il faisait appliquer
un minimum de règle, une sorte de code d’honneur.
Sachant qu’il existait des
spécialistes de ce type de jeu très physique, on
peut supposer que si au départ
les règles étaient informelles et
particulières à chaque village, une certaine
harmonisation a dû avoir lieu.
Du
moyen âge à la seconde guerre
mondiale les témoignages prouvent la constance du jeu et sa
participation à la
vie sociale. L’origine peut elle être
liée à l’invasion romaine (jeu
d’Haspartum) ou à celle des vikings (jeu
de Knattleikr) ou même les deux.
Pour l’influence Viking La choule est
très présente en Normandie et dans
la zone d’invasion prioritaire mais ce n’est pas
une exclusivité.
Scientifiquement il est impossible de le dire, de même que de
savoir qui a
influancé l’autre entre le Hurling, le Shinty et
le Knattleikr (présence
scandinave forte en Ecosse et Irlande), si influence il y a
eu ! Par
contre ce dernier jeu pourrait bien avoir influencé le jeu
éminemment normand
de
Quoi
qu’il en soit l’origine n’a
que peut d’importance, ce qui compte c’est la
pérennité de la pratique au
niveau régional, sa capacité
d’évocation, de résistance à
la globalisation et
ses facultés de renaissance.
Choule
Crosse
Lors
de nos reconstitutions nous
avons choisi de privilégier le bon sens, la
liberté (jeu derrière les buts,
passer entre ou toucher les poteaux), la
spontanéité (jeux à la main) et la
sécurité (par exemple en instituant une zone
neutre devant les buts), tout en
prenant en compte l’état d’esprit des
gens d’aujourd’hui et leur pratique
sportive. Les buts étaient d’une grandeur
d’environ
Les
crosses ont été réalisées
dans un souci de compromis entre jeu long et jeu court pour
s’adapter au
terrain proposé, les premières en
« bois plein » bien
qu’épaisses n’ont pas toutes
résistées aux chocs. Les suivantes ont
été
réalisées avec des matériaux plus
modernes mais toujours totalement en bois, en
évitant les zones de faiblesses
(nœuds…), c’est alors
le collage qui a lâché pour une
d’entre elle,
ou le plat de la crosse qui a été
creusé par un coup.
Les
balles ont
été fabriquées à la fois
pour
être solides et souples, sans rebond excessif dans le respect
le plus souvent des
matériaux utilisés au moyen âge ou
à la renaissance (chanvre, tissus, cuir).
Dans la plupart des parties les
buts n’ont été franchis que dans la
deuxième période (le temps de maîtriser
un
peu le jeu et que la fatigue fasse son effet) Les équipes
étaient constituées
de trois à cinq
joueurs et d’un
remplaçant. Elles sont très souvent mixtes. Des
rencontres avec des joueurs des
Iles Anglo-Normandes, du sud de l’Angleterre et
d’Italie ont eu lieu en
2003 et 2004 dans le cadre d’échanges
linguistiques et culturels
Grande
Choule
L’idée
de départ était la même
que pour la crosse : garder l’esprit festif, une
liberté très grande,
éviter les violences, marier le jeu au pied et à
la main, puisque les deux
furent pratiqués, s’inspirer des sports et jeux
cousins (y compris le jeu des
barres très pratiqué à la renaissance).
La
plupart des parties ont eu
lieu sur des
terrains de longueur
maximum
Dates
de grande
pratique : Moyen âge et Renaissance (fêtes
patronales, puis Carnaval et
enfin mariages aussi)
Date « d’extinction » officielle avec intervention de la maréchaussée : 1852 (fêtes patronales et mariages).
Dates de pratiques en France Moyen âge à 1870
mois |
janv |
Fev |
Mars |
Avril |
Mai |
Juin |
Juillet |
Aout |
Sept |
Oct |
Nov |
Dec |
choule |
9.3 |
43.7 |
6.2 |
6.2 |
|
6.2 |
|
|
|
3.1 |
6.2 |
18.7 |
paume |
1.5 |
2.5 |
3.1 |
10 |
11.3 |
14.5 |
19.2 |
14.1 |
14.5 |
3.4 |
3.1 |
1.5 |
Jours de pratique en France Moyen âge à 1870
|
Lundi |
Mardi |
Mercredi |
Jeudi |
Vendredi |
Samedi |
Dimanche |
choule |
6 |
27.2 |
9 |
|
12.1 |
6 |
39.3 |
paume |
12.9 |
12.2 |
8.3 |
9.5 |
9.1 |
10.3 |
37 |
1/ notre époque ne peut juger les mœurs d’une autre époque. Les nôtres sont elles meilleures ?
La
violence de la choule est
moins forte que celle des guerres, on a fini par interdire
plutôt que
réglementer, alors qu’en Angleterre on faisait
l’inverse. Pourquoi ?
La
rudesse du jeu canalisait en
principe les haines liées à l’esprit de
clocher. Les débordements n’ont pas pu
être contrôler suffisamment pour assurer la
pérennité du jeu. L’esprit de
clocher s’est amoindri.
2/
les récits parlent souvent de
violence, d’invectives avant de jouer (un peu comme au calcio
historico à
Florence). Rarement on parle de choule sans incidents pourtant il y eu
des
choules qui se passèrent correctement, et
c’était bien le but :
officialiser et canaliser l’agressivité. Des
règles existaient puisque des
textes rappellent que certains ne les respectent pas. Malheureusement
l’arbitrage des choules sans crosse
était difficile étant
donnée l’étendue des aires de jeux. Il
n’est venu
à personne l’idée de restreindre
celle-ci et d’organiser les
« hostilités ». Peut
être est ce justement le caractère
spontané du
jeu qui a fait cela. Le hurling et le foot gaëlique, irlandais
disposent de
règles très récentes (pouvant
évoluer d’ailleurs) initiées dans un
cadre de
conservation d’un particularisme local et national
même !
3/
Notre motivation est donc de
rendre vivant ce patrimoine particulier bien enraciné dans
la mémoire
collective en canalisant la violence et en ancrant
définitivement ce jeu dans
notre époque en lui permettant
d’évoluer avec spontanéité.
Moyen Age
Avant
1100 témoignages Londres
Anglo-Normand
1347
Neufchâtel en Braye
1387 Vexin
Normand contre Forêt de Lyons (27)
1395 Lettres
de Rémission Pays de Caux (76)
1400 Abbaye
de mortemer (fôrêt de Lyons/ 27)
1453 Harfleur
(76)
? Quevilly
/ Couronne
RENAISSANCE
1514: Miniature
d’Ango Rouen
(crosse) doc Bibli Nationale
1550: Journal
Sire Gilles Picot de Gouberville (50)
14 parties de choules
citées
6 parties de crosses
citées
1560: Mesnil de
Jumièges contre
Radepont (76)
Ancien Regime
1770 Avranches (crosses clergé
1775
Tinchebray 2 lettres (demande d’interdiction et
regret de non
interdiction du jeu
1776 Bricquebec (50) crosses (témoignage écrit)
XIXe
1827
Granville témoignage dans
une lettre (deux équipes et un but entre deux pierres)
? Valognes jeu de la Savate
1847 Condé/Noireau (14)
1850 Avranches (50)
Baptèmes/mariages
1851 2 cartes postales St Pierre
Entremont (61) près Tinchebray
1851 Bellou en Houlme région
Briouze (61) Fête patronale et Mardi Gras
témoignages concernant environ
500 joueurs et 5000 spectateurs
1852 St
Hilaire de Briouze (61) Etude
historique régionale Abbé Gourdel
1865 Yville (jeu de Pelote ou
« le divertissement ») (76)
1885 Chêne Douit
Putanges (61) Retour
de noces
(petites balles)
1887 Témoignages dans
« esquisses du bocage normand »
Jules Lecoeur (ed Lechevallier)
parties concernant 4 villages
jouant en même temps. Parties jouées sur plusieurs
jours.
Pays de Caux : Poème de R
Mensire sur les jours de choule
Région de Mortagne (61)
XXe
1913
Région Vire/Bény Bocage (14)
témoignages oraux
1941/43 Bricquebec (50)
témoignages oraux / crosses
fin XX eme Mortagne
(61) ? rumeurs…
XXIe
2001 St
Pierre / Dives (14)
2002 St
Lô D’Ourville Portbail (50)
crosses
2003 St
Lô D’ourville Portbail (50)/
Bricquebec crosses
Mortagne ? rumeurs…
2004 Bayeux (14) / Bricquebec/
Hemevez / Montebourg (50)
(avec et sans
crosses)
2005 Flamanville (14)/ Bayeux/
Bricquebec/ Hemevez/Montebourg/Valognes (50)
CARTE
des témoignages
Choule et Choule
Crosse à ce jour.
LES JEUX DE CHOULE TRADITIONNELS PAR EQUIPE, HORS NORMANDIE.
Knattleikr (période viking)
Le Bandy
FRANCE
(hors Normandie)
Choule Picarde (survivance
actuelle régulière)/ Choule du pays Vannetais
(survivance sporadique)
Survivance sporadique près de
Le Shinty
MONGOLIE
/ et pays d’ex
URSS
Combat de la chèvre
IRLANDE
ET PAYS DE GALLES
Le hurling et le foot Gaélique
FRANCE
NORD ET BELGIQUE
La choulette
ITALIE
Calcio historico.
CANADA
Le Lacrosse
INDIENS
D’AMERIQUE DU NORD
INDIENS
DU CHILI
Le Palin
ETUDE
COMPAREE
DES SPORTS DE LA MEME FAMILLE
CHOULE/SOULE |
FOOT US |
SOCCER/FOOT |
RUGBY XV |
RUGBY X
III |
Règles minimum |
Règles strictes |
Règles strictes |
Règles strictes mais
évolutives |
Règles strictes mais
évolutives |
Violence non contrôlée
sf rares exceptions |
Chocs 1 contre 1 le + souvent |
Violence exclue, choc
limités |
Chocs mêlés |
Chocs mêlés
limités |
Jeu au
pied
(cité/village) et surtout à
la main + crosse |
Jeu essentiellement à la
main. Au pied pour des points |
Jeu essentiellement au pied |
Jeu essentiellement à la
main/ tactique et points aux pieds |
Jeu essentiellement à la
main + qu’au XV |
Pas de Hors
jeu et pas de lignes |
Pas de Hors jeu mais jeu de lignes
essentiellement |
Hors jeu, pas de jeu de lignes |
Hors jeu et jeu de lignes le +
souvent |
Hors jeu et jeu de lignes important |
En avant possible |
En avant possible |
En avant possible |
Pas d’En avant |
Pas d’En avant |
Jeu à terre
|
Pas de jeu à terre |
Pas de jeu à terre |
Jeu à terre
fréquent réglementé |
Pas de jeu à terre |
Lien avec coutume Cycle de l’avent et de
carême. Mariage/fécondité |
Pas de coutume |
Pas de coutume |
Pas de coutume |
Pas de coutume |
Milieu social
campagnard essentiellement. Abandon par noblesse (renaissance)et par la
ville (moyen âge) |
Milieu étudiant |
Milieu populaire mais pas
exclusivement |
Milieu étudiant/
Commerçant |
Milieu non spécifique |
Entre villages
ou catégories sociales |
Equipes
constituées/Championnat |
Equipes constituées
Championnat |
Equipes constituées
Championnat |
Equipes constituées
Championnat |
DISPARITION
Officielle
milieu XIX eme. Intervention de police. Dernière rencontre
officielle sur autorisation préfectorale en 1899
à Honfleur. Rencontre clandestines en Normandie
jusqu’en 1913, à la crosse jusqu’en 43,
en Bretagne jusqu’au début XX eme, en Picardie et en Ardèche au
moins une fois par an de nos jours sur un site. Reconstitutions
historiques ou non en Normandie avec ou sans crosses 2000 à
2006 |
DIFFUSION MONDIALE LIMITEE |
DIFUSION MONDIALE MAXIMUM |
DIFFUSION MONDIALE MOYENNE |
DIFFUSION MONDIALE LIMITE |
Qualités : Force /
rapidité/ fortes individualités soutenues par un
groupe |
Force / Rapidité/adresse/
Sens du collectif |
Adresse/ Rapidité /fortes
individualités servies par le collectif ou collectif
très organisé |
Adresse / rapidité / Sens
du collectif/Force |
Rapidité/Force |
HURLING/Foot
gaelique/ Shinty écossais |
CALCIO |
LACROSSE Québecoise |
FOOT
AUSTRALIEN |
Règles variables |
Règles très
libres |
Règles strictes |
Règles stricte |
Violence
contrôlée |
Violence
contrôlée |
Violence
contrôlée |
Violence
contrôlée |
Jeu au pied et à la main
+ crosse |
Jeu au pied et à la Main |
Jeu à la crosse |
Pieds et mains. Terrain Ovale.
Beaucoup de jeu au pied. But de rugby. Zones de jeu au milieu du
terrain et devant chaque but |
Pas de Hors jeu ni de lignes |
Pas de Hors jeu ni de lignes |
|
Pas de hors jeu |
Pas d’En avant |
Pas d’En avant |
Jeu en avant possible |
Jeu en avant possible |
Pas de jeu à terre |
Pas de jeu à
terre ? |
Pas de jeu à terre |
Pas de jeu à terre |
Lien avec coutume |
Coutume |
Coutume.Origine France de
l’Ouest, Hurling et indienne ou mixte ? |
Entrainement des joueurs de cricket
l’hiver fin XIX eme. Une similitude certaine avec le foot
gaélique.. |
? |
Milieu populaire urbain |
|
Plus populaire que le rugby en
Australie |
Equipes constituées
Championnat (M et F) Sud de l’Eire |
Equipes de Quartier. Rencontre rituelle |
Equipe de villes/ Championnat Canada
et USA |
championnat |
DIFFUSION TRES LIMITE E |
DIFFUSION TRES LOCALE RENCONTRE ANNUELLE |
DIFFUSION LIMITEE |
DIFFUSION TRES LIMITEE |
Rapidité/ Force |
Rapidité/ Force |
Rapidité/ Sens du
collectif |
Adresse/rapidité |
« J’estoy
tant las de la choule de Sct
Mor que je ne pouvoys aider »,
« Vêpres
dites nous fûmes
jusques à la nuit à crosser près de
l’église »,
« le
curé bâtonne à la
choule tout le reste du jour ».
EXTRAITS
DU JOURNAL DU SIRE DE GOUBERVILLE,
GENTILHOMME DU COTENTIN
(1550)
Libre
adaptation d’un texte évoquant
une partie de choule paru dans « Aux chiottes
l’arbitre, ces
footballeurs qui nous gouvernent », de Daniel Denis
(Politique
aujourd’hui n° 5, non daté). A la base,
l’auteur a extrait le texte des
Archives départementales de l’Orne.
Le Lieu : entre Condé/Noireau et Tinchebray dans l’Orne
Les belligérants : St Pierre d’Entremont altitude 146 m contre Montsecret altitude 202 m.
1,5 km entre les deux. La Bazoque est à 4,5 km et Cerisy Belle Etoile à 3 km est au milieu des trois. Le Mont Cerisy est à 280 m au milieu de tout cela. Voir photos et vielle carte à la fin.
La brigade de gendarmerie vient probablement de Tinchebray, chef lieu de Canton, mais cela peut être aussi de Flers qui se trouve au Sud Est à 7.5 km de Cerisy.
Ch’était-i à l’Assemblaée és Roués ou és Jouors grâs, no sait paé oû juste anhyi cha qu’i ’n est...
Toujous est-i qu’eun jou d’arryire biâo et sé, eun miot freid, i fallait byin se recâoffaer parai ! Je vous prêche d’eun temps d’âotefeis yoù qu’i yavait brin de midures en Normaundie, et paé mais biâocoup de bouones gens à tergi la goule sous le naez espéraunt que cha leus tumbe touot tchut du cyil dauns leus bé.
Etait-ce à la Fête des Rois ou à Mardi-gras, on ne sait plus de nos jours…
Toujours est-il qu’un jour d’hiver, beau et sec, un peu froid, il fallait bien se réchauffer, n’est-ce pas ? Je vous parle d’une époque ancienne où il n’y avait pas de trouillards en Normandie, et peu de personnes à attendre que ça leur tombe tout cuit dans la bouche !
Eune
choule était doun à gangni dauns
eun pais de Normaundie…
Une choule était
donc
à gagner dans un coin de
Normandie…
Va yavaer du câtu ente les *hale
à tchu
de Sant Pyire et les graunds sicots de Mountsecret, cheus-chin
s’étaunt co eune
feis liguis d’accaunt les cache-pouques de la Bazoque. Ch’té
choule
feut l’annaée passaée dauns la
pouquette
des gâs de Sant-Pyire et cha faisait déeus coups
s’ente-suusaunt co !
Mais les syins dé La Bazoque et de Mountsecret l’avaient gâolaée avaunt cha déeus feis itou pou leus coumpte, i l’avaient trachie jusqu’oû mitaun de la maisoun de Moussieu noute Maire de Mountsecret pou la gangni.
Va y avoir de la bagarre entre les fortes têtes de St Pierre et les grandes échasses de Montsecret, ces derniers s’étant à nouveau associés avec les commis de meunier de la Bazoque. Cette choule avait été remportée l’an dernier par les gars de Montsecret et cela faisait deux fois de suite en plus !
Mais ceux de la Bazoque et de Montsecret l’avait prise aussi deux fois avant cela et l’avaient ramenée gagnante dans la maison de notre Maire à Montsecret.
No-z-était
prêt à s’écrigni vos pensaez
byin pouor racachi tcheu sei la choule de
l’annaée. Les goulâfres de Sant Pyire co
pus qué l’s aôtes !
On était prêt à se déchirer pour rapporter la choule de l’année vous pensez ! Les affamés de St Pierre encore plus que les autres.
Tchu
coup-lo, cha yétait co pus de
counséquenche rapport à ch’que les
déeus chevalyis de Sant- Pyire et de
Mountsecret (qui devaient nier ou muchi la choule) pouvaient
paé s’faire genti
ente yeus rapport à la Mathilde.
Cette
fois là, c’était encore plus
important à cause des deux champions de St-Pierre et de
Montsecret qui devaient
noyer ou cacher la choule et qui ne pouvaient pas se supporter
à cause de la
Mathilde.
Ch’ti-chin
restait à Mountsecret mais s’n
ouvrage était à Sant-Pyire. Cha fait que belle et
fène coume ol ’tait, o se
faisait armerqui pa les gâs des déeus
villâches. Les pus roguus et les pus
biâos, cha yétait Lexis de Sant-Pyire
et Guustin de Mountsecret et coume dé
juste ch’était doun les
chevalyis de la choule achteu !
Celle-ci
vivait à Montsecret mais son
travail se trouvait à St Pierre. Ce qui fait que belle et
intelligente comme
elle l’était, les garçons des deux
villages la courtisaient. Les plus courageux
et les plus beaux c’était Alexis de St Pierre et
Gustin de Montsecret et bien
entendu c’étaient les deux champions de la choule
présente !
Elle
n’avait pas choisi entre les deux
hommes, on avait le temps pour voir cela, et peut être
qu’il y en avait un
autre…à vrai dire ! Mais les deux
champions, eux, pensaient être les seuls
à pouvoir rivaliser pour le cœur de Mathilde et
pour en finir une fois pour
toutes avec cette querelle, ils firent savoir que celui qui
remporterait la
choule aurait le cœur de Mathilde par la même
occasion !
Et
comme ce n’est pas tout, pour St Pierre une belle fille comme
Mathilde cela
valait le coup de s’éreinter, quant à
Montsecret pas question de perdre une
fille de plus et encore moins la choule !
Ainchin y avait itou la
couaée de
Aux alentours ceux de
Ainsi on avait la
« couvée » de
D’aveu
qui qu’o se capuch’chait à çu
coup-lo ?
Héreusement vyint
eune aide pour
yête point accouennyie
avaunt d’avei veu la
choule dauns le
village de Cherizy (en terran neute et oû mitaun des treis
*hammiâos les pus
counséquents) coume
cha yétait d’acco ente les
parties qui sount achteu à s’acachi pour
déouinceler les syins de
Sant-Pyire !
Avec
qui se mesurait elle donc
cette fois là ?
Heureusement arriva une aide lui évitant
d’être coincée avant d’avoir
vu la
choule portée à Cerizy (c’est
à dire en
terrain neutre et au milieu des trois villages les plus importants)
ainsi que cela avait
été convenu avec tous ceux qui
s’étaient rassemblés pour pourfendre
ceux de St Pierre !
Et les pitous de Cherisy Belle éteile,
qui qu’i se démentraient co
d’inventaer ? Ch’est qu’il
avaient de la
tuche, ches galfessyis-lo ! V’lo doun les syins de
Cherisy Belle éteile et
les épatous de Mountsecret dé par ensemblle qui
se foutent bas du *hâot d’eune
*hougue sus les pouores *hale à tchu de Sant-Pyire
d’Entremount. Les bégâods de
Quant aux garnements de Cerisy Belle
étoile, que n’allaient-ils pas imaginer ?
C’est qu’ils ne manquaient pas
d’idées ces vauriens coureurs de jupons !
Voilà donc que les garnements de
Cerisy et les crâneurs de Montsecret dégringolent
ensemble d’une colline sur
les malheureux entêtés de St Pierre. Les
freluquets de
No veit à la partie de lo eune
vlopaée
d’alipauns s’en v’nin de touos les
côtaés, à fait ryin que pouor queri la
choule, et maême des criyatures se démentent
d’en faire oûtaunt et, Noum dé Zo,
no sait byin cha que peut bailli de chatouornes eune fème
erganne !!!
A
partir de ce moment-là on voit une multitude de coups venir
de partout, dans le
seul but de prendre la choule et même des femmes sont de la
partie et, sacré
nom, on sait parfaitement ce que peut donner comme claques une femme
hargneuse !!!
Les garnements et les grandes gigues
veulent chasser les autres, les jambes ressemblent à des
crochets. Par ici une
multitude de vauriens s’excitent les uns contre les autres et
par là ça va
bouillir. On est cul par-dessus tête, on s’attrape
par les gosiers. En dessous
on est comme cuit à l’eau bouillante !
Mais iyoù qu’est la choule ?
No la
veit pus ! Qui qu’i l’a muchie ?
Ah ! Cha yest ! Des gâs se
bouolinguent dauns
eune fllaquyire, no-z-y va, no
cllapaôde et no se pile dessus ! Cha
déguérotte en touot sens, cha
daunche, no-z-ôque, touot est à la valdrague
achteu maisi. Cha s’ pourrait byin
que no veie du « pur jus » de
bouonhoume souorcinaer dé d’ lo !
Mais où est donc la choule ? On ne la
voit plus ! Qui l’aurait cachée ?
Ah ! La voilà ! Des gars se
bousculent dans une grande mare d’eau, tout le monde
s’y retrouve, on patauge
là dedans et on se marche dessus ! Cela part dans
tous les sens, on se
piétine, on s’entaille, tout est dans un
désordre indescriptible à présent. Il
se pourrait bien qu’on voie couler du
« pur jus » d’homme de
là-dedans !
No
veit
le Lexis de
Sant-Pyire s’ripaer
d’aveu la choule engataée sus sen quoeu en
soungeant *haôt à Mathilde,
dreit devers sen cllochi, mais le
Guustin de
Mountsecret est paé louen de
li et d’eun alipaun de
l’épâole i l’envie
valdinguaer dauns le creus, cha s’adoune
à li faire eun ratou, taundi
cha que treis aôtes s’évolent sus li pou
li arrachi la choule et la bailli à
Guustin.
On voit l’Alexis de St Pierre sortir de
là
avec la choule calée sur son cœur en pensant
très fort à Mathilde, allant droit
vers son clocher, mais Gustin de Montsecret n’est pas loin de
lui et d’un grand
coup d’épaule il l’envoie valser dans le
fossé, ce qui lui fait faire un tour sur lui même,
pendant lequel trois autres
lui tombent dessus pour lui arracher la choule et la donner
à Gustin.
Ah…
Ce dernier sans
faire attention, embrasse la
choule à pleine goulée et il se la fait prendre
par un gars de St Pierre,
aussitôt écrasé par une
quantité de gens de tous les villages !
Ch’est alo qu’eun ébrai corrompt la
mélaée : « les gens
d’armes ! Sâove qui
l’peut !». La brigade veisène
s’en vyint à
la galope des quevâos !
Le
soir venu, aucun parti ne
faiblit, il y a le feu
dans la mêlée, on voit des loques partout.
C’est alors qu’un cri interrompt la
mélée :
« les gens d’armes ! Sauve qui
peut ! ». La brigade voisine
à cheval arrive au galop !
Du
coup… Ils
redeviennent tous copains, celui-ci qui
est mal en point on l’aide à
déguerpir ; les fils des voisins, la belle
mère de l’autre village, tout le monde se
réconcilie et on a du regain dans la
fuite ; tous, je vous le dis tout net (seuls Alexis et Auguste
se
regardent d’un œil sombre et partent chacun de leur
côté), oui tous se sont
rassemblés sous la bannière du cri de
Haro ! Tout ça pour faire la nique aux
gens d’armes.
Quand
ceux-ci
arrivèrent, le terrain était vide.
Cependant, la force publique ramassa au beau milieu (ô
vanité de la condition
humaine !), la choule…
écrabouillée, la choule
déchiquetée. Ses rubans de
fête dans la boue ! Réduite à
un simple bout de chiffon. Heureusement le
coeur de Mathilde, lui, battait comme il faut, mais ne me demandez pas
pour
qui.
La
v’lo doun.
Faut il parler braves gens d’une morale
à
partir de cette histoire ?
La
voilà si vous voulez.
Ou
byin dauns eun syiclle, ch’est pouorqui !
Je pense bien que ceux qu’on a vu il
n’y
pas si longtemps s’étriper, les voilà
à présent qui se retrouvent ensemble à
boire de bonnes bouteilles de cidre et bien sûr que la partie
de choule, elle
sera remise certainement à un autre jour… Dans un
an, ou encore pour le mariage
de Mathilde, mais avec qui ?
Ou dans un siècle, allez savoir !
Règles
pour la
choule à la main et aux pieds (grande choule)
L’enjeu est de trouver une règle qui se rapproche de l’esprit initial des parties connues tout en évitant les risques liés à une pratique anarchique. Le jeux en équipe sera choisi plutôt que le gain individuel de l’eteuf. Les jeux au pied et à la main seront mixés. Ce jeu ne doit ressembler ni au rugby, ni au foot-ball gaellique, soccer , ni au foot-ball américain ou australien, même s’il n’en sera jamais très éloigné. A la base ne pas oublier qu’il s’agit d’un jeu de gagne terrain et de poursuite, c’est également un jeu guerrier. C’est une sorte de préparation militaire et un moyen de règlement des rivalités latentes entre deux villages, deux régions (la ville contre les alentours par exemple – cf le journal du sire de Gouberville : choule entre Cherbourg et en deçà), les hommes mariés établis et les non mariés en quête d’un statut social…)
La taille du terrain dépendra du nombre de joueurs (compter 150 m / 75 m pour 25 joueurs par équipe, ce qui fait 15 m / 15 m de champ pour chaque joueur. Outre la zone centrale carrée on peut prévoir une zone humide au milieu du terrain de chaque côté du carré ou devant chaque ligne de marque, afin de figurer un cours d’eau et d’agrémenter la partie….
La Balle : elle est en mousse entourée de cuir et avec une poignée en cuir. Eventuellement une ouverture avec le gain symbolique à l’intérieur.
Les Marques ou buts pour un grand terrain: une zone de 5 mètres de large sur toute la largeur du terrain où l’éteuf devra être portée à la main, un carré de 5 sur 5 où l’éteuf pourra être déposée à la main ou envoyée au pied ( une planche de rebond sera posée juste derrière), cette dernière est une zone où l’on ne peut pénétrer sans l’éteuf (notion de hors jeu). L’arrivée sur cet endroit, outre un point, pourra donner un avantage à l’équipe gagnante, soit en point bonus, soit en gain de terrain pour la partie suivante (par exemple le gain de l’engagement suivant).
Engagement : l’éteuf est
lancée symboliquement en l’air au
milieu de la zone d’engagement. Au moment où elle
tombe à terre les équipes
positionnées en dehors du carré (ce
carré représente le village de
départ),
s’élancent pour jouer celle ci au pied tant
qu’elle demeure dans le carré. Le
non respect de cette règle donne
l’éteuf à l’autre
équipe qui se positionne
avec elle sur le côté jaune ou
rouge du carré suivant qui a fait la
faute (jaune si ce sont les jaunes) . L’autre
équipe est reléguée à une
distance correspondant à la longueur de l’envoi au
pied ou à la main d’un des
attaquants. Elle ne pourra pas bouger de cet endroit tant que
l’équipe adverse
n’aura pas progresser jusqu’à son
niveau. La zone d’engagement est une donnée
tactique à prendre en compte, en repassant par elle on doit
jouer au pied.
Remise en jeu touche : au pied dans son terrain, au choix dans le terrain adverse
Fautes : celles ci sont sanctionnées comme il est dit pour l’engagement. Elles correspondent au non respect des règles de progression ou à des comportements dangereux. Pour ces derniers une exclusion est requise allant d’un engagement à la partie toute entière.
Bataille : c’est l’essence originelle du jeu semble t-il, mais il est à noter qu’il avait pour mission, en principe, de canaliser les rivalités et de les focaliser le jour de la choule.
C’est aussi le point le plus difficile à « réglementer », on le voit bien au rugby où les règles tentent d’être moins « fixantes » qu’au jeu à XIII où au foot-ball américain, encore que ce dernier grâce à la passe en avant qui a fini par triompher (contre l’interdiction du jeu en avant) permet d’ouvrir les possibilités. La contre partie étant qu’au rugby l’interprétation des règles est souvent laissée à la libre appréciation de l’arbitre…
Il convient d’éviter les débordements en tout état de cause. Si l’on se réfère au jeu de Hurling ancien (à ne pas confondre avec le jeu de crosse ou sans, irlandais) au Pays de Galles, il n’était possible d’avoir de contact qu’entre deux joueurs déterminés par paire avant la partie, et le joueur à terre ou le « joueur agressé » devait crier un mot pour se mettre en dehors du jeu . Au Hurling irlandais il n’y a pas de placage et la balle au sol ne peut être jouée à la main.. Sans aller jusque là on peut envisager que tous peuvent être adversaires, mais en effet obliger le joueur à terre ou bloqué à demander « un arrêt » et à jeter l’éteuf dans (vers) le camp adverse, les « bloqueurs » du moment faisant un rempart de leurs bras pour éviter que l’éteuf aille trop loin ! on arrive ainsi à un système plus clair que celui du rugby à 15, et plus souple aussi. Il est également plus souple que celui du jeu à XIII et du foot ball américain. On peut aussi déterminer que le joueur bloqué lâche l’éteuf sur place au profit de l’autre équipe…
On peut considérer que la défense consiste à bloquer la progression et la mise à terre ne doit pas être intentionnelle.
Gain : Pour déposer la balle sur le camp adverse les joueurs peuvent progresser au pied sur tout le terrain et à la main uniquement en dehors de la zone d’engagement réservée au jeu au pied (1/5 de la surface de jeu) ou inversement. Les passes peuvent se faire en avant, mais aucune passe ne peut se faire à un équipier qui serait positionné en zone de but adverse. Une éteuf arrivée en zone de but à la main sans être portée devra être ressortie pour être reportée (balle captée suite à une passe au pied ou à la main d’un partenaire)!
Tactique :
les différentes
zones de but ou de terrain, les possibilités de progression
(pieds, mains, en
avant en arrière) impliquent des choix, de positionnement
comme sur un champ de
bataille. Le renoncement au jeu à terre apporte plus de
fluidité, et moins de
risques de blessures sans renier les contacts physiques.
Matériel : une crosse par joueur (faite dans une branche de frêne ou à commander à Te Ch Nor)
Idéal à partir de 4 joueurs. Peut se jouer sur la plage sur sable sec ou sur sable mouillé très dur.
Un
terrain rectangulaire avec un
but ( viquet) signalé par deux poteaux verticaux et un
horizontal posé dessus,
de
Les
joueurs, pour gagner, doivent
avec la crosse faire passer la choule dans le viquet de
n’importe quel côté ou
faire tomber la barre transversale, soit directement (ce qui peut
valoir un
point en plus), ou en touchant simplement les poteaux.
La progression de la balle se
fait à la crosse ou au pied, mais on ne peut jouer au pied
que si le coup
précédent avait été fait
avec la crosse. Pour faciliter le jeu on peut
déterminer au départ la possibilité de
jouer un peu plus au pied. On ne peut
pas jouer la balle dans la zone devant le but (
Quand
la balle sort derrière le
but ou si elle reste dans la zone, alors la balle est à la
défense qui réengage
depuis sa zone de viquet.
Le gain de la partie est à déterminer entre les joueurs
Matériel: une balle de mousse ou en plastique, éventuellement deux poteaux avec un fanion dessus pour marquer le but à atteindre.
Idéal à partir de 8 joueurs.
Un
terrain rectangulaire avec un
but (la mare ou le douet) signalé par un carré
d’environ
Première
phase :
Engagement : jeu au pied seul.
Les
joueurs désignés (un ou deux)
pour l’engagement s’élancent au signal
de l’arbitre pour ramener la balle au
pied dans leur camp (derrière la ligne
pointillée) par tous moyens y compris en
empêchant celui qui n’a pas le ballon de
s’en approcher.
Deuxième phase :
Aller noyer la pelote dans
la mare : jeu
au pied et la main.
L’équipe
qui a gagné l’engagement
peut se déployer sur le terrain et faire progresser la balle
par
tout moyen
(passent au pied, à la main, de tous
côtés),
l’autre équipe peut s’élancer
dès
que la balle a dépassé la ligne de camp adverse
(pointillé). Chaque équipe peut
empêcher l’autre de progresser en bloquant les
autres
joueurs même s’ils n’ont
pas la balle. Un joueur qui est bloqué avec la balle (deux
secondes, pas de
passage en force sauf si les joueurs le décident
à
l’avance) doit la lancer ou
la lâcher, sinon la balle est donnée à
l’autre équipe, et l’équipe
bloquée
doit
reculer derrière la ligne la plus proche en
arrière
d’elle.
Troisième
phase :
Le but est valide quand la choule est envoyée dans la mare au pied ou à la main et qu’elle y reste, les défenseur ne pouvant pas l’interceptée quand elle passe dedans.
La partie est gagnée au bout d’un certain nombre de noyade de choule déterminé à l’avance par les joueurs, ou pour l’équipe qui a pratiqué le plus de noyades en un certain temps.