Sa vie fut triste. Sa fin horrible. Le 4 septembre 1843, sur le halage du Mesnil, Marie Rose Duparc, veuve Dossemont, fut assassinée ...

Par Laurent Quevilly
et Jean-Yves Marchand


Marie-Rose Duparc n'avait pas eu une vie des plus heureuses. Elle avait épousé Pierre-Louis Dossemont en 1803 et en avait eu quatre enfants. L'aînée était frappée d'idiotie, comme on disait alors, et les deux derniers étaient morts en bas-âge. Après quoi, son mari était décédé au Landin en 1817. Son ménage n'avait duré que 14 ans. 

Sa seule consolation fut de marier sa fille Caroline à Dominique Virvaux, en 1831. C'était un paysan aisé, propriétaire du manoir d'Agnès Sorel où il avait la malice de montrer aux curieux les meubles ayant appartenu à la Belle des Belles. Qui en réalité étaient ceux de Barbe de Quevilly, une dame venue habiter là bien des années après la mort de la maîtresse de Charles VII..


Le chemin de halage vu par Malet.

L'inquiétude des voisin

A 69 ans, la veuve Dossemont, vivait maintenant seule avec sa fille Amélie, muette et handicapée mentale, dans une maison proche du chemin de halage. 
Le lundi 4 septembre 1843, on s'étonne de voir la demeure rester fermée contrairement aux habitudes. Les voisins s'inquiètent. Au milieu de la journée, l'un d'eux se saisit d'une échelle pour grimper jusqu'à la fenêtre du premier étage. Et là, stupéfaction : Mme Dosmont git sur le sol au milieu du désordre le plus complet.

Jean-François Duparc, le maire, est bientôt sur place en compagnie d'Adrien Despeaux, le juge de Paix du canton de Duclair. On enfonce la porte puis on pénètre dans la chambre où un spectacle affreux s'offre alors aux regards. 

Scène d'horreur

Etendue à terre, la veuve Dossemont a les mains liées derrière le dos. Une corde est passée à triple-tour autour de son cou et le tient fortement serré

Tous les meubles ont été ouverts et le linge qu'ils contenaient aété jeté épars au mileu de la pièce. Et parmi tout ce désorde, Amélie, la pauvre fille Dossemont, est couchée dans son lit et semble totalement étrangère au drame qui s'est déroulé sous ses yeux.

Pour Despeaux, l'état du mobilier ne laisse aucun doute. Ce meutre a été commis pour faciliter le vol. Cependant, des objets de quelque valeur ont été dédaignés. Sans doute que leur possession aurait éveillé les soupçons et servi de preuve contre le ou les coupables. Ce sont d'anciennes pièces de 6F laissées dans un tiroir ouvert, deux gobelets d'argent retrouvés sur une chaise...

Despeaux entreprend des recherches plus minutieuses et découvre sur le lit de la victime un épissoir en fer et un ciseau de calfat. Sans doute appartenaient-ils à l'assassin qui s'en sera servi pour pénétrer par effraction dans la maison. C'est par la fenêtre de la cuisine qu'il s'est introduit, en forçant l'auvent dont le verrou a été arraché. Il ne lui restait plus qu'à casser un carreau...

Le mardi 5 septembre, Milot, juge d'instruction et Prévost, substitut du procureur du Roi, se transportent au Mesnil en compagnie du Dr Béchet. Hélas, les recherches de la Justice resteront vaines. huit mois plus tard, un autre crime était commis à Sainte-Marguerite dans des circonstances analogues.

Le sort s'acharne


Quelques jours après le drame, Dominique Virvaux, le gendre de la victime, fut nommé maire du Mesnil-sous-Jumièges. 

Hélas, le sort va s'acharner sur la famille de la veuve assassinée. Sa fille Amélie, témoin du drame, décède deux ans plus tard. A peine deux années s'écoulent encore que c'est Caroline, l'épouse du maire, qui la suit dans la tombe. Elle avait 38 ans. Quant à Virvaux, il meurt en fonction le 25 août 1864 à 51 ans. 

Pierre Philbert Bucquet assura l'intérim durant dix mois. Puis ce fut le propre fils de Virvaux, Emile Honoré, qui succéda à son père pour un long, un très long mandat allant de 1865 à 1889.

Sources

Le Constitutionnel, Le Journal de Rouen.