Chassés
par la révolution haïtienne Les Français de Baracoa Tout
à l'est de Cuba, Alejandro Hartmann-Matos dirige de
musée Matachin. Descendant de Français, il est
l'historien des réfugiés de Saint-Domingue
à Baracoa. Rencontre.
Dès 1791, la révolution haïtienne a chassé de Saint-Domingue nombre de colons français. Ils trouvrent alors refuge qui à Santiago, qui à Baracoa après une traversée de 70 km. Là, en 1802, la ville fut visitée par le vicomte de Noailles et 700 hommes du corps d'armée de Leclerc envoyé à Haïti par Napoléon pour écraser la révolte des noirs et rétablir l'esclavage. Noaille ramena de Cuba des chiens dressés pour déchiqueter les nègres marrons. Les Français établis à Baracoa ne tardèrent pas à développer la culture du café à un niveau très élevé. On dénombra une vingtaine de plantations. Aussitôt, les nouveaux venus adoptent leur nouvelle patrie. 80 émigrés français contribuèrent, le 27 juillet 1807, à repousser une attaque de corsaires anglais. Mais en 1808, Napoléon étant en guerre contre l'Espagne, les Français de Cuba sont expulsés. Beaucoup fuient vers les Etats-Unis en l'attente de jours meilleurs. Seuls quelques-uns adoptent la nationalité espagnole. Conséquence : la production de café et de sucre s'effondre à Baracoa, ville coupée du reste de l'île et qui n'est accessible que par la mer. Mais en 1813, la paix étant revenue, les Français retrouvent leurs anciennes plantations. A Baracoa, le commerce reprend son essor si bien que l'on compte bientôt quatorze raffineries appartenant notamment aux Maché, Laborit, Brochard... Aménagé depuis 1803, le port de Baracoa se livre à l'exportation. Les Français developpent aussi la culture des indigotiers et du gingembre. Ils imprègnent tous les aspects de la vie culturelle de leur mode de vie et de leurs goûts. On leur doit une boisson appelée le pru ou encore les fricassés. A Cuba, on parle encore de "panier" et de "congri" pour désigner le mélange de riz et d'haricots noirs. Congri est la contraction de congo et de riz. Et c'est aussi un héritage des Français. Pour Alejandro Hartmann, dont la grand-mère est née Barthélémy, "la force des émigrés français fut telle à Baracoa que l'un des quartiers de la ville s'appelait la caserne française. Dès leur arrivée, ils ont laissé leur empreinte avec la première usine d'extraction d'huile de coco, la Fondatrice, mais aussi la raffinerie de pétrole Siglo XIX. On retrouve leur influence dans les plantations de bananes et de cocos ainsi que dans les cacaotières. Elle se voit enfin aux toits de bois et aux volets ornant les maisons coloniales. Les Français et leurs descendants ont été d'illustres commerçants, banquiers, agriculteurs, conseillers municipaux, médecins, tailleurs... Ils ont mené une lutte farouche pour l'indépendance de notre pays." En trente ans, Garon devint propriétaire de plusieurs entreprises : l'usine de chocolat "Les Antilles", celle du savon "La Marseillaise", la raffinerie de pétrole "XIXe siècle", une fonderie de fer, un dépôt de glace, des boulangeries, des scieries. Il est aussi entrepreneur en bâtiments, constructeur naval, agriculteur. Sur des centaines d'hectares, il cultive coco, cacaco, café, bananes... Garon est mort le 30 octobre 1891, regretté de toute la population à qui il fournissait du travail. Les noms français se sont au fil du temps hispanisés. Laborit devint Labori, Legras devint Legra et sous ce nom un boxeur de Baracoa a décroché le titre de champion du monde, catégorie poids plume. Parmi la centaine de familles françaises implantées à Baracoa, Alejandro a établi la liste qui suit : B
Barbier,
Barthélémy, Blanchard, Blet, Brocard.
C Carcase, Carnet, Caro, Court, Creme, Coutin. D Darde, Deroux, Disotuar, Dupotey, Duran, Durive. E Espalter F Ferrand, Fideaux, Fiffe, Font. G Garon, Guilarte, Guilart. L Laborit, Laffite, Lambert, Legra, Letuce. M Mache, Martin Milet, Monne, Monroig. N Nicot O Olivero. P Pajan, Paumier, Pelier, Pierre, Puig, Puron. Q Querol. R Rey, Rifat, Roche. S Semitier, Simon, Soto. T Tera, Toirac, Tomasen, Trutie, Tur. V Verniers, Vidaillet. Alejandro
Hartmann-Matos nació en Baracoa el 30 de marzo de 1946.
Investigador. Licenciado en Español y Literatura por el
Instituto superior pedagógico
Enrique-José-Varona, de La Habana; Máster en
promoción cultural por la Universidad de La Habana en 1992.
Actualmente se desempeña como Historiador de la ciudad de
Baracoa y director del museo Matachín.
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