Une dynastie de libraires rouennais

Par Laurent Quevilly.


Durant plus d'un siècle, ils furent les libraires attitrés de l'archevêché. Tous nos aîeux ont forcément eu entre les mains un écrit imprimé par leurs soins. Mais qui étaient les Fleury ? Histoire de la presse diocésaine...

J'ai hérité de mes parents un Petit livre d'offices et de prière publié en 1886 à Rouen par Edmond Fleury et auquel je suis très attaché. Sur la première page est écrit "M. Chéron". Soit Marie Chéron, soit Monsieur Chéron, mon arrière-grand-père, qui fut le passeur du bac d'Yainville tandis que sa femme, Pascaline Mauger, tenait le café du Passage. C'est justement dans cet estaminet qu'est née ma mère et, sur la même page de garde, Andréa a rajouté son nom : "A. Mainberte". La couverture en celluloïd était grossièrement rattachée au reste du livre par du scotch et la tranche à nu. Du coup, on peut se demander s'il s'agit bien là de la couverture d'origine. Les réclames publiées à l'époque par l'éditeur font état d'une couverture de toile noire. Qu'importe.
Cet objet a beau paraître inerte, il a eu une vie. Mes devanciers l'ont maintes fois tenu entre les mains, feuilleté, il a matérialisé leur Foi. Alors, me suis fait un devoir de le restaurer en recherchant un ouvrage de même dimension pour en récupérer le celluloïd. Résultat : le livre a retrouvé son dos et même son petit fermoir.



Pierre Dominique Fleury 


Pierre Dominique Fleury est né à Rouen, paroisse Saint-Godard, le 26 mai 1768 de Pierre Fleury et Catherine Angélique Victoire Houël, en famille avec un peintre du même nom et un propriétaire foncier de la harelle d'Heurteauville. Brillantes études. En 1785, l 'Académie de Rouen lui décerne un prix de dessin, l'année suivante, ceux de mathématiques et de botanique fondés par la ville qui tombent dans son escarcelle. Avec un tel bagage, il se dirige vers le Génie civil. On le retrouve ingénieur au Havre en 1789 quand éclate la Révolution. Mais en 1791, il refuse de prêter serment à la Constitution, arguant de ses convictions religieuses. Classé au rang des suspects, il est alors voué à la clandestinité. Mais Pierre Dominique Fleury sait s'accommoder des idées nouvelles et mettre son mouchoir sur ses convictions.
Il se marie le 22 mai 1796 (6 mai 1798) à Marie Madeleine Françoise Biville. Mais il en divorcera. Entre temps, la page sanglante de la Terreur étant tournée, Fleury revient à Rouen et aide Dom Gourdin, l'ancien archiviste de l'abbaye de Jumièges, à organiser la bibliothèque municipale. Le goût des livres anciens et des ouvrages religieux le gagne. Pierre Dominique Fleury ouvre sa librairie en 1803, derrière l'église Saint-Ouen. Son adresse est très labile. On le retrouve d'abord 32, place de la Rougemare qui prend le nom de place des Murs-Saint-Ouen à la fin de l'Empire. Puis en 1821, il est localisé au 34, voire 26, rue de l'Hôpital dans un magasin situé "au premier, sur le devant". En fait, il s'agit sans doute du même lieu.
Le 1er janvier 1813, Fleury reçoit son brevet de libraire. Le 8 février suivant, il épouse en secondes noces Marie Constance Biville qui lui donne l'année suivante un premier enfant. Celui qui reprendra plus tard la maison.


L'abbatiale Saint-Ouen. La librairie se trouvait près d'une église aujourd'hui disparue.

Si les débuts de la librairie furent modestes, l'enseigne abrita très vite un bureau d'esprit où l'on peut lire et deviser sur des journaux tels que La Gazette de France, L'Ami de la Religion et du Roi... Ainsi, le fils Fleury sera baigné dans une ambiance particulière. Viennent débattre ici le vieux vicaire général Vauquelin, parent de la famille, le chanoine de Chevannes, intarissable sur la Révolution, Vallée, vicaire de Saint-Ouen et prêtre-modèle, le doux chanoine honoraire Valentin, David, curé de Saint-Vincent, Auber, prêtre de Saint-Gervais. Et puis Eudes, l'ancien curé de Saint-Patrice, grand amateur de vieux livres et de tableaux, l'oracle de la librairie.
Le 1er août 1818, le brevet de Fleury lui est renouvelé. Et Pierre Dominique Fleury veille jalousement sur ses intérêts professionnels. En 1827, il n'hésite pas à dénoncer Gauthier, ancien militaire, ouvrier relieur, qui exerce illégalement le commerce de librairie. 1829 le voit souscrire à l'érection d'un monument à la gloire de Corneille.
Pierre Dominique Fleury passa le relais à son fils en 1837. Un an plus tard, notre bibliophile distingué est qualifié de rentier.
Pierre Dominique Fleury est mort le 7 décembre 1850 place Saint-Ouen. En 1852, on publia chez Brument le catalogue de sa bibliothèque ancienne et moderne. La vente eut lieu le 22 avril à 18h30 au 45, rue des Carmes. Le père-fondateur avait obtenu du cardinal Cambacérès le titre de libraire de son Éminence et du Clergé. Trois Archevêques vont le renouveler au  fils...

Pierre Louis Désiré Fleury


Pierre Louis Désiré Fleury est né le 12 mars 1814. Dès le lendemain, on le baptise à Saint-Ouen et, avouez que c'est original, il aura un Filleul pour parrain en la personne de Désité-François Le Filleul des Guerrots, fabuliste et poète de renom. Études au Collège et au pensionnat de l'abbé Eudes où il est externe, ce qui permet à ce premier prix en tout d'exercer ses talents après vêpres dans les réunions de paroisses. C'est aussi un ténor du chant liturgique.

Pierre Fleury exerce le métier de libraire dès 1836 mais devra attendre la mort de son père pour obtenir son brevet. N'ayant pas hérité du goût paternel pour les curiosités éditoriales, il change l'esprit de la maison en multipliant l'édition de livres de piété à bon marché. Soutenu par l'abbé Fayet, vicaire général du Prince de Croÿ, il avait publié son premier Paroissien dès 1934 au prix de 2 F. La légende veut qu'il ne disposait pas de fonds pour mener à bien ses premiers  projets éditoriaux. Un jour qu'il avait 3.000 F à honorer, il implora la divine providence à l'église Saint-Ouen. Sur le parvis, un bienfaiteur l'aborda pour lui remettre la somme. C'est du moins ce qu'il répétait à l'envi.
 Le 5 juin 1838 Pierre Fleury épouse Joséphine-Élise Dufoir, dite Delatour. Elle va lui donner le premier de ses douze enfants quand il écrit ce vœu :

« J'ai promis à Dieu :
1° de faire tous mes efforts pour lui procurer le plus de gloire possible ;
2°) d'élever notre enfant dans ces mêmes sentiments (l'enfant deviendra chanoine)...


Mais ce texte serait en réalité de la mère du nouveau-né. Il lui sera révélé le jour de son sous-diaconat.

En 1845, l'adresse est à nouveau au 4 de la rue des Murs-Saint-Ouen qui deviendra finalement le 23 de la place de l'Hôtel-de-Ville. En octobre, elle est parmi les lieux où l'on recueille des fonds pour les victimes de Monville et de Malaunay. En effet, le 19 août 1845, une tornade se développa vers midi, provoquant de nombreux dégâts : arbres et toitures arrachés, trois filatures détruites, de nombreuses victimes...

Le 12 juin 1851, ayant perdu son père, Pierre Fleury obtient enfin son brevet libraire. En 1858, le cardinal de Bonnechose, nouvel archevêque de Rouen, renouvela la confiance qu'avait accordé Louis Blanquart de Bailleul à la maison Fleury. Celle-ci participa de concert avec le clergé à un vaste chantier : le changement de liturgie. Ses quarante ouvrages lui valent du Pape Pie IX la médaille d'or Bene merenti et la croix de chevalier de l'ordre pontifical de Saint-Sylvestre.
Des collaborations...

Entre 1842 et 1844, Fleury co édite avec Lehuby des livres pour la jeunesse et exerce sous la raison "Fleury fils aîné".
Entre 1843 et 1846, il édite trois ouvrages d'Adolphe Archier en compagnie des frères Gaume.
Dès 1845, Fleury s'associe aussi à Sébastien Mégard fils, autre éditeur rouennais. Une collaboration qui va durer près de 40 ans.
En janvier 1850 le Magasin catholique illustré sort de ses presses.

L'eau stagne, place de l'Hôtel-de-Ville, alors on entreprend enfin la création d'un aqueduc en octobre 1853. Près de la librairie, l'ouverture d'une tranchée met au jour de nombreux ossements, restes de paroissiens de l'église Saint-Ouen détruite depuis bien des années. Les curieux se pressent...

En février 1854, Fleury expose les lots offerts par l'Empereur et l'Impératrice en faveur des pauvres de la conférence de Saint-Vincent-de-Paul à Sotteville. On peut retirer à la boutique des billets de loterie. L'année suivante, notre libraire souscrit consciencieusement pour les écoles chrétiennes. Des drapiers, les frères Dusseaux, ont leur chope dans la cour de Fleury.

En 1861, c'est le rétablissement de la liturgie romaine. On lit dans toutes les églises un mandement de l'archevêque qui déclare notamment : " Le graduel et l'amphitonaire dont nous prescrivons l'emploi sont ceux, édités avec notre approbation, par M. Fleury, libraire." Joli coup de pub.

Création d'un journal


Après avoir publié un Almanach au profit des pauvres, Fleury lance le 2 mars 1867 La Semaine Religieuse du diocèse de Rouen, placée directement sous le contrôle de l'archevêché. L'idée en revient à l'abbé Loth, Lillois de naissance, curé à Rouen depuis cinq ans. Dès 1866, il avait soumis son projet au cardinal de Bonnechose. Le diocèse était en effet à la traîne en matière de presse spécialisée.

 Dès sa fondation, l'abbé Julien Loth est donc le rédacteur principal de cette revue.
Celui qui fustigea Charles Antoine Deshayes et publia en trois tomes une nouvelle Histoire de l'abbaye de Jumièges excelle notamment dans les articles nécrologiques, les sujets d'histoire. Mais en bon journaliste catholique, il livre chaque semaine une riche chronique générale sur l'actualité. Fleury se fend de quelques articles dès la deuxième année. D'autres plumes prestigieuses collaboreront également au journal : l'abbé Tougard, auteur de la Géographie de la Seine-Inférieure, mon lointain cousin dont les racines plongent à Jumièges, l'abbé Cochet, éminent archéologue, l'abbé Delalonde, mort doyen de la faculté de théologie. Je ne suis pas spécialement porté vers les choses de la religion mais j'avoue avoir une tendresse particulière pour ce journal où j'ai puisé de précieux renseignements concernant la vie spirituelle de notre canton. On croit savoir qu'il y eut débat par la suite sur la fondation du journal et Loth fera valoir ses droits à la revendiquer.
En décembre 1870, le journal ne parut pas trois samedis de rang en raison de l'occupation prussienne. Il y eut des mouvements de troupe devant le siège du journal.

En 1872, professeur d'éloquence à la faculté de Théologie, membre de la Société des Antiquaires et de l'histoire de Normandie, de la commission départementale des Antiquités,  Loth fait son entrée à l'Académie de Rouen. Il en deviendra le président en 1884.
Devenu veuf le 10 mars de cette année-là, Pierre Louis Désiré Fleury fit de la gestion du journal l'apostolat de sa fin de vie, sans oublier ses libéralités pour le clergé. 
Ayant perdu la voix, bigot jusqu'à l'extrême, il griffonna dans son lit de mort : " N'oubliez pas les offices du saint Rosaire ". Il trépassa le lendemain en conservant la qualité de libraire aux yeux de l'état civil. Nous étions le 24 octobre 1890. Ce fut bien sûr Loth qui signa sa nécrologie.

Edmond Fleury


Edmond Fleury prit la suite de son père à la librairie dès le 1er octobre 1876, le laissant gérer jusqu'en 1890 La Semaine religieuse dans un bureau situé 8, rue des Minimes.
En janvier 1884, on le voit offrir le meilleur rabais pour pourvoir aux fournitures de toutes les écoles de Rouen. L'année suivante, c'est lui qui remporte le marché des livres de prix.
Comme son père, Edmond prendra une part active au sein du conseil de fabrique de la paroisse Saint-Ouen au point d'en devenir le secrétaire. Quant à son frère aîné, il sera chanoine.
En octobre 1890, l'abbé Loth, surchargé de travail, s'adjoint l'abbé Prudent à la rédaction de La Semaine dont il assure toujours la direction sous la gérance d'Edmond Fleury. L'une des productions de la maison est alors l'édition de faire-part de décès sous forme de petite carte avec la photo du défunt en médaillon. En mai 1893, Fleury est l'objet d'une drôle d'affaires. Des bons au porteur pour une valeur de 8.000 F lui sont volés. La gendarmerie soupçonne très vite un employé de la librairie qui s'est retiré subitement aux environs de Rouen en prétextant qu'il venait de toucher un héritage. Un mois plus tard, au tribunal, le suspect est acquitté faute de preuves...

Et soudain un concurrent

Mais voilà que le 19 octobre 1901 naît un concurrent : Le Bulletin religieux, lancé par Mgr Fuzet, organe officiel de l'archevêché. Comme la Semaine, il est imprimé par Magard qui en sera le gérant.
Du coup, Fleury va changer de prestataire. On voit désormais apparaître pour mention "Imprimerie de la Semaine religieuse". A la une, le Journal de Rouen s'interroge sur l'affaire. Car l'on a beau chercher dans l'éditorial du n°1 ce qui justifie l'apparition de ce nouveau journal, les raisons en restent obscures. Aucune allusion n'est faite à la Semaine.  C'est en tout cas Ernest Prudent, l'adjoint de Loth, qui est bombardé directeur de cette publication dissidente. Et Loth le suit ! Loth qui, pourtant, publiera encore chez Fleury. Mais Loth qui part...



Alors, oui, difficile à suivre. Le nouveau bulletin débauche les rédacteurs de la Semaine. Elle a donc toute confiance dans leur ligne éditoriale. S'agirait-il donc d'un conflit de personne avec le gérant ? Le même jour, dans sa feuille ainsi désavouée, Fleury se fend d'un édito : "La Semainc Religieuse de Rouen fondée libre il y a trente-cinq ans par M. Fleury, mon vénéré père, avec le concours de M. l'abbé Loth, se retrouve aujourd'hui libre comme aux premières années de sa fondation. Elle continuera la ligne de conduite qu'elle a toujours suivie : la propagation du bien et la diffusion des droites et saines idées religieuses..." Nulle allusion non plus à la naissance du Bulletin, on saisit simplement que la Semaine n'est plus sous le contrôle de l'archevêché qui a désormais son propre organe.
Bref, on baigne dans le non-dit. Le Journal de Rouen ne comprend pas non plus...

Un successeur

En 1904, une annonce es passée dans le Journal de Rouen. On cherche un jardiner pour château. Ce doit être un très bon fleuriste. Et il faut s'adresser à la librairie Fleury la bien nommée. Cossue, la famille a manifestement fait l'acquisition d'une belle propriété.
Mais la séparation des Églises et de l'État approche. En 1905, Edmond Fleury, éditeur-gérant du journal, finit par se retirer des affaires au profit d'Hippolyte Honoré Barbé, un employé de commerce, ancien élève des Frères au pensionnat Jean-Baptiste de la Salle. L'homme est né à Rouen en 1867 de parents habitant 84, rue du Gros-Horloge et s'engagea quelque temps dans l'armée en 1885. Puis épousa Isabelle Lecocq.
Alors, changement de propriétaire ! On solde après inventaire missels d'occasion et cartes postales à bas prix. Barbé reprend et le journal et la librairie où il vend notamment l'alamanach Vermot comme celui du Pèlerin.
Comme elle se plaint de la montée de l'immoralité en 1906, la Semaine a cette phrase malheureuse : « Le régime actuel est donc bien le régime de la gangrène. Ce qui lui vaut d'être taxée de feuille royaliste par le Travailleur normand. Une polémique s'engage entre les deux organes de presse. Celui de gauche reprochant à celui de droite des sympathies pour les candidats monarchistes ou encore le baron Christiani, auteur d'un attentat contre le président de la République à Auteuil.

Ite misa est

Mais très vite, en 1907
, La Semaine jette le gant après 34 années de parution. Son dernier numéro paraît le 27 juillet 1907. Les abonnés des deux revues fusionnent. triste fin pour un périodique qui aura atteint les 10.000 exemplaires avec une moyenne de 5.000 abonnés. Au fil des causes humanitaires, certaines souscriptions recueilleront jusqu'à 100.000 F. Énorme pour l'époque. La Semaine était attendue chaque samedi au format de 24 voire 32 pages. Le bulletin religieux se fait écho de la nouvelle et salue la décision de Barbé.

Épilogue


Barbé poursuivit son activité de libraire et publia notamment en 1908 un guide de Rouen rédigé par Georges Dubosc. On lui doit aussi de nombreuses cartes postales. Mais il fut déclaré en faillite le 23 septembre 1910. On le retrouvera comme publiciste 4, rue de la République.

En 1912 s'éteignit Frédéric Othon, un employé de la libraire qui, fort de 50 ans de service, avait connu les trois générations de Fleury. Il était père du curé d'Autretot.

Mgr Loth mourut en 1913 et l'on ne manqua pas de mettre en exergue son apport à la presse diocésaine autant que sa production littéraire.

Les fils Fleury...

En janvier 1914, Edmond Fleury a la douleur de perdre son épouse, Marie-Blanche Doucerain, figure de la librairie. Elle meurt à 60 ans dans la propriété familiale d'Elbeuf, rue Romelot. Puis la guerre lui arrache ses deux fils. L'un est au front, l'autre en captivité quand trépasse à son tour Edmond Fleury. Nous sommes en 1918.

Gaston Fleury est ici à droite dans la nacelle (Agence Roll).

Gaston et Georges Fleury sont tous deux aéronautes dès avant la Grande-Guerre. Peu de temps avant les hostilités, Gaston fut même arrêtés en territoire allemand où il s'était malencontreusement posé. Les frères ont à leur actif de multiples ascensions. Du 15 au 16 août 1923, ils battent même  le record du monde de durée en ballon de 1ère catégorie avec un vol de 19 heures et 43 minutes. Le 10 août 1924, on les voit encore disputer une coupe à bord du Guillaume-Longue-Epée. Georges est secrétaire général honoraire de l'aéroclub de Rouen.

Mort tragique

Le 10 mars 1925, avec un bûcheron, Georges abat un arbre dans le parc familial. Quand un des énormes tronçons se détache et lui roule sur le corps. Il avait 40 ans. Le Bulletin religieux commettera une navrante méprise en annonçant la mort de Gaston et non de Georges. Elle précise qu'il avait dirigé la Semaine religieuse quelques années après son père. Douteux.

Que devint le 23 de la place de l'Hôtel-de-Ville, siège du journal et propriété familiale ? On a vu Barbé s'installer à librairie. Le chanoine Fleury s'y retira en 1908. Il fit don à la bibliothèque du Chapitre de quelques livres rares. Impotent, il fut recueilli par une sœur à Boiguillaume où il mourut en décembre 1926.
Après Barbé, la maison de Rouen devint l'annexe de la librairie Langlois à qui succédera Van Moé. Inventeur d'accessoires de bureau, Paul Van Moé est attesté au 23 en 1925. Ce sera aussi le siège de la revue estudiantine Rouen qui rit dans les années 30.



"Ne pleurons pas la Semaine religieuse comme une chose morte", écrivait son concurrent à sa disparition. Elle donna encore signe de vie. Ses exemplaires étaient recherchés. En 1927 furent rassemblés dans un livre des portraits et études de l'abbé Prudent parus dans le journal de 1891 à 1896.

Et le Bulletin ?

En novembre 1932, Ernest Prudent, ancien rédacteur de la Semaine puis directeur du Bulletin décède à son tour. Il avait présidé l'Académie de Rouen et, prélat du pape, vicaire général, on lui donnait du Monseigneur. Son second, le chanoine Jouen, lui succéda et disparut à son tour en mai 1933, revenant du congrès national de la presse périodique au Maroc. Il fut remplacé jusqu'au dernier numéro par le chanoine Tamigi. Entre temps, après Mégard, imprimeur de l'archevêché, Picard fut le gérant du journal de janvier 1907 à juillet 1930 puis Viain jusqu'en juin 40 enfin Tamigi.  Le Bulletin ne parut pas de juin à août 40 et disparut après son numéro du 2 octobre 42. Un article antisémite y avait été inséréré par les services de la censure sans mention d'origine. Dès lors, Mgr de Julleville, malgré les pressions, abandonna la publication et se contenta de diffuser à son clergé des notes multigraphiées. Le Bulletin renaîtra à la Libération, sous le titre de Vie diocésaine jusqu'en 1966 puis d'Eglise de Rouen.



SOURCE
La semaine religieuse, collection complère à l'exception de 1867.
Le bulletin religieux.
Vie de Mgr Julien Loth, protonotaire apostolique, curé de Saint-Maclou / par M. Georges Loth.
Etat civil de Rouen.
Matricule militaire de Barbé.
Le Journal de Rouen
Le Travailleur normand

Choisissez un pseudo :
0/150 caractère(s) utilisée.
Recopiez ce code :
Chargement de l'image en cours...